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Nous allons rassembler ici la plus grande partie de ce que le peintre doit connoître de l’Ostéologie & de la Myologie ; & nous joindrons à cette énumération le secours des Planches, auxquelles se rapporteront les signes que nous serons obligés d’employer.

Ensuite nous donnerons au mot Proportion, les différentes mesures sur lesquelles on a établi, par une convention à-peu-près générale, la beauté des figures.

Le squelette de l’homme est l’assemblage des parties solides du corps, que l’on nomme les os.

Cet assemblage est la charpente de la figure, & l’on peut en diviser les parties principales en trois, qui sont la tête, le tronc, & les extrémités.

La tête qui a à-peu-près la figure d’un oval applati des deux côtés, est composée d’os, qui presque tous font appercevoir leurs formes au-travers de la peau & des parties charnues qui les couvrent. Je fais cette remarque & j’y insiste, parce que rien ne donne un air de vérité aux têtes que l’on peint, comme la juste indication des os qui forment des plans différens, qui indiquent le trait des parties, & qui déterminent les effets des ombres & des jours.

Voyez, pour l’explication suivante, la figure prem. & sec. de Peinture, qui représentent une tête vûe de face, & la même vûe de profil.

Parmi les os qui se font appercevoir extérieurement dans la tête, il faut remarquer l’os du front A appellé l’os coronal. Sa surface lisse & polie, qui n’est presque couverte que par la peau, rend cette partie plus propre à refléchir sa lumiere : ainsi dans les figures éclairées d’en-haut, elle est toûjours la plus lumineuse. Cet os qui fait une partie de l’enchâssement des yeux, trace encore le contour de la partie du sourcil ; & cet enchâssement grand & ouvert, donne un caractere très-majestueux & très-noble aux figures.

a est la suture du coronal ; je n’insiste pas sur ces jointures des os du crane que l’on nomme sutures, parce qu’elles sont inutiles aux Peintres. Je me contenterai de les indiquer.

b la suture sagittale.

B indique la cavité des yeux qu’on nomme orbite. Cette cavité destinée à contenir le globe de l’œil, est formée en partie par le coronal, & on partie par le zigoma ; elle influe, comme je l’ai dit, sur la beauté de l’ensemble. La noblesse de la tête dépend beaucoup de cette partie ; elle est extérieurement couronnée par le sourcil, & renferme les six muscles de l’œil, la membrane conjonctive qui forme le blanc de l’œil, l’iris ou l’arc-en-ciel, au milieu duquel est la pupille ou prunelle.

C marque les os du nez. Ces os peu éminens forment en se joignant une voûte, & finissent par deux cartilages adhérens aux extrémités inférieures des os du nez ; ils se joignent aussi dans leur côté supérieur comme les os du nez ; ils sont assez larges, mais ils s’étrécissent & s’amollissent à mesure qu’ils approchent du bout du nez. Deux autres cartilages, attachés aux extrémités inférieures de ceux-ci, forment les aîles du nez.

Les formes du nez pourroient trouver ici leur place ; mais pour ne point interrompre la description des os, nous renvoyons au mot Proportion, ainsi que pour toutes les regles ou les observations qui peuvent avoir rapport aux formes accidentelles des parties.

D les os des joues.

E la mâchoire supérieure.

F la mâchoire inférieure. Celle-ci fait le trait du menton & de tout le bas de la tête : elle a un mouvement qui lui est particulier, car la mâchoire supérieure est immobile.

G les dents : elles varient dans leur nombre, &

même dans leur forme ; mais il est peu d’usage dans la Peinture de les faire paroître, à moins que ce ne soit dans la représentation de quelques passions, dans les mouvemens desquelles elles sont quelquefois apparentes, comme dans la joie, le rire, la douleur, la colere, le desespoir, ainsi que nous le dirons au mot Passion.

Figure 2. A os du sinciput, nommé le pariétal : il y en a deux ; ils sont minces, presque quarrés, & tant-soit-peu longs ; ils se joignent à l’os du front, par le moyen de la suture coronale.

B l’os temporal : cet os est double, ainsi que le pariétal ; il est situé dans la partie inférieure des côtés du crane.

C le zigoma, sous lequel passe le muscle temporal ; cet os est triangulaire, sa partie supérieure contribue à former la circonférence de l’orbite, comme je l’ai déjà dit. Il se joint à l’os du front par le petit angle de l’œil : il s’avance un peu en-dehors, pour former la partie la plus élevée de la joue.

a suture coronale.

b suture sagittale.

c suture qui joint l’os des temples avec l’os coronal & le sinciput.

d dents de devant, appellées incisives.

e dents latérales, appellées canines.

f dents postérieures, appellées molaires.

Je n’ai point parlé de l’os occipital qui forme le derriere de la tête ; parce qu’excepté dans l’enfance & dans la vieillesse, il est ordinairement orné & couvert par la chevelure, qui commence au haut du front & qui s’étend le long des oreilles, jusqu’à la premiere vertebre du cou.

La seconde partie du squelette de l’homme est le tronc ; il est composé de l’épine du dos, des côtes, des clavicules, du sternum, de l’omoplate, & du bassin ou des os innominés.

Deux figures de squelette, l’une vûe de face, & l’autre par derriere, sont suffisantes pour donner une idée de la forme & de la place de ces os. Les lettres sont communes aux deux figures.

Fig. 1 & 2 du squelette. A est ce qu’on appelle l’épine du dos ; c’est une colonne d’os différens qui sont articulés les uns avec les autres, & attachés mutuellement par des cartilages, dont les uns sont flexibles, les autres immobiles ; cette chaîne ou colonne d’os s’étend depuis la premiere vertebre du cou jusqu’au coccyx, & les charnieres de chaque vertebre procurent le mouvement du dos en différens sens. Il y a 24 vertebres, dont les noms seroient hors d’œuvre ici-Pour la forme de l’épine du dos, comme elle intéresse le peintre, puisqu’elle forme les pieces principales de la charpente du corps, je remarquerai que la partie des vertebres du cou avance en-dedans, c’est-à-dire vers le devant de la tête ; celle du dos au contraire se courbe en-dehors pour élargir la cavité de la poitrine ; celle des lombes rentre, & la derniere qui est celle de l’os sacrum, se rejette encore en-dehors. Deux parties de ces os sont sur-tout apparentes au-travers de la peau, celle du dos & celle des lombes. Ce qui oblige, en dessinant le nud, d’en faire sentir la forme, sur-tout dans les attitudes où l’homme se courbe en avant, comme on le voit dans la figure 2 du squelette.

B, les deux clavicules, sont deux os qui se découvrent sensiblement dans les hommes, sur-tout dans certains mouvemens, comme d’étendre les bras, de se courber en arriere, &c. Ils ont à-peu-près la forme de la lettre S ; ils sont placés du côté de la face à la base du cou. Chacune des clavicules s’articule avec le sternum par devant, & du côté des bras avec l’omoplate.

C, le sternum, est situé au milieu de la poitrine : cet os est toûjours immédiatement vers la peau ; il n’est