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de fiche & de gond est d’usage pour les grosses portes d’allées, auxquelles on ne met point de penture.

La fiche à nœuds, qui est une espece de fiche faite comme une charniere, à-travers des nœuds de laquelle passe une broche ; ou, en termes propres de l’art, un mammelon, qui fait la fonction d’une goupille dans la charniere. Voyez nos Planches de Serrurerie, en X & K.

* Fiche, (Jeux de cartes & autres.) ce sont des petites lames d’ivoire, de bois, ou d’autres matieres colorées, dont les joüeurs se servent lorsqu’ils n’ont plus de jettons, pour s’acquiter commodément les uns envers les autres dans le cours de certains jeux, tels que le médiateur, l’ombre, le piquet à écrire, &c. ainsi les jettons & les fiches sont au jeu des représentations de l’argent. On leur donne la valeur qu’on veut ; & à la fin du jeu on retire ses fiches & ses jettons ; on évalue la perte, & on se rembourse en argent. La raison pour laquelle les fiches sont de diverses couleurs à tous les jeux où il y a un certain nombre de joüeurs dont les intérêts sont séparés, est évidente. Ces couleurs qu’on tire au sort, désignent chaque joüeur, & les fiches marquent son gain ou sa perte. Quant aux jettons, ils se donnent au compte ; & à la fin de la partie du jeu, on en paye autant qu’on en a de moins qu’on n’en a reçu. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient distingués par des couleurs. Si on prenoit aussi les fiches au compte, il seroit inutile qu’elles fussent de différentes couleurs ; le nombre que chaque joüeur en auroit pris en commençant le jeu, suffiroit pour déterminer sa perte ou son gain en le finissant.

FICHÉ, adj. en termes de Blason, se dit de ce qui a une pointe qui le rend propre à être fiché dans quelque chose. Les croix fichées, ou au pié fiché, y sont fort communes. On le dit encore des croisettes qui ont le pié aiguisé. Voyez Croisette.

De Bueil, d’azur au croissant montant d’argent, accompagné de six croisettes au pié fiché d’or, trois en chef & trois en pointe.

FICHEAU, s. m. terme de riviere, est un morceau de bois dont les mariniers de trains se servent pour le composer. Voyez Train.

FICHENARD, s. m. (Cloutier.) espece de clou dont on se sert pour tenir les plats-bords d’un bateau foncet.

FICHER, v. act. (Art méch.) il désigne en général l’action de faire entrer un corps ordinairement pointu, dans un autre. Ainsi on fiche un clou dans une muraille, un pieu dans la terre, &c.

Ficher, terme de Maçonnerie, c’est faire entrer du mortier, avec une latte, dans les joints du lit des pierres lorsqu’ils sont calés, & remplir les joints montans d’un coulis de mortier clair, après avoir bouché les bords des uns & des autres avec de l’étoupe. On fiche aussi quelquefois les pierres avec moitié de mortier & moitié de plâtre clair. On appelle ficheur, l’ouvrier qui sert à couler le mortier entre les pierres, & à les jointoyer & refaire les joints. (P)

Ficher, en termes de Cardier, c’est l’action d’insérer les pointes dans les petits trous du feuillet. Voy. Feuillet.

Ficher, (Jard.) se dit de l’opération de mettre les échalas en terre ; soit le long des espaliers, pour soûtenir les seps de vigne, de verjus ; soit dans la vigne même. (K)

FICHERON, s. m. (Taillandier.) cheville de fer quarrée & endentée, dont la tête est percée d’un trou, & qui se termine quelquefois en pointe. On s’en sert aux affuts.

FICHET, s. m. morceau de papier dont on traversoit une lettre à l’endroit où on la cachete à présent : au lieu de cacheter la lettre, comme est notre usage, on cachetoit les deux extrémités du fichet.

Fichet a Trictrac, en termes d’Aiguilletier, sont des fers d’environ un pouce de longueur, ayant une petite touffe de soie à chacune de leurs extrémités. Ils servent à désigner le commencement, les progrès, & la fin de la partie, en un mot le nombre des trous qu’on a pris, par celui qu’ils occupent sur les bords du trictrac, où l’on en a percé douze ; parce que la partie du trictrac est de douze trous.

FICHOIR, s. m. (Imager.) c’est un petit morceau de bois, applati & fendu par un des bouts en forme de pince. Les Imagers qui étalent le long des murs sur des cordes, arrêtent leurs images sur ces cordes, en en saisissant le bord supérieur avec la corde, entre les mâchoires élastiques de cette espece de pince.

* FICHU, s. m. (Mode.) c’est une partie du vêtement des femmes en deshabillé. C’est un morceau quarré ou oblong de mousseline, d’autre toile blanche ou peinte, ou même de soie, qui se plie en deux par les angles, & dont on se couvre le cou. La pointe du fichu tombe sur le milieu du dos, & couvre les épaules ; ses cornes viennent se croiser par-devant & couvrir la gorge : mais quand on a une peau blanche, de l’embonpoint, des chairs fermes, & de la gorge, la paysanne même la plus innocente sait ménager des jours à-travers les plis de son fichu.

* FICHURE, s. f. (Econ. rustiq. & Pêche.) espece de trident avec lequel on darde le poisson dans l’eau.

FICOIDES, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante dont les fleurs sont des cloches évasées, découpées ordinairement fort menu, & percées dans le fond, par où elles s’articulent avec le pistil. Lorsque les fleurs sont passées, le pistil & le calice deviennent tous les deux ensemble un fruit divisé en plusieurs loges, remplies de semences. Tournefort, mémoires de l’acad. roy. des Sciences, ann. 1705. Voy. Plante. (I)

Ficoïdes, (Bot. exot.) genre de plante exotique, qui n’est connue que des Botanistes & des curieux, & beaucoup plus en Hollande & en Angleterre, qu’en France & en Allemagne. Voici ses caracteres.

Toute cette plante est succulente ; elle ressemble à la joubarbe. Ses feuilles sont conjuguées, & croissent deux à deux. Le calice environne l’extrémité des bords de l’ovaire : c’est une substance charnue ; il est à cinq pieces, ou pentaphylloïdal ; sa fleur est polypétale, très-finement découpée, & sortant de la partie supérieure d’une capsule. L’ovaire pousse cinq tuyaux courbés, se remplit d’abord de suc, mais devient dans la suite un fruit fongueux ; il est divisé en cinq cellules, ou plus ; ces cellules ressemblent à de petites gousses, & sont pleines d’une grande quantité de semences très-menues. Le fruit du ficoïde se mange, & il fait la plus grande partie de la nourriture des Hottentots.

Boerhaave distingue cinquante-trois especes de ficoïdes ; & Miller en nomme quarante-un, qui sont aujourd’hui cultivées dans les jardins d’Angleterre. C’est mal-à-propos que quelques botanistes ont confondu le ficoïdes avec le bananier, & d’autres avec l’opuntia, ou figuier d’Inde, pour me servir du terme vulgaire. Le ficoïdes a pourtant cette ressemblance avec cette derniere plante, que son fruit est toujours formé avant que sa fleur s’épanoüisse, & qu’il a à-peu-près la figure d’une figue ; ce qui a engagé Bradley à le nommer soucy-figue.

Les feuilles du ficoïdes sont toûjours pleines de suc, & il est rare de trouver dans sa classe nombreuse des especes qui n’ayent pas les feuilles conjuguées, c’est-à-dire dont les feuilles ne naissent pas par paires à chaque jointure. Presque tous les ficoïdes sont originaires d’Afrique, sur-tout des environs du cap de Bonne-Espérance dont nous les tirons.

Ils croissent communément dans les pierres & les rocailles, aux endroits où il n’y a pas trop d’humi-