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parallelement à l’horison, & un peu au-dessus ; ou bien c’est celui qui est tiré parallelement aux parties de la fortification que l’on défend.

Ainsi lorsque les lignes de défenses sont rasantes, le feu du flanc est rasant ; celui du chemin-couvert & des autres dehors dont le terre-plein est au niveau de la campagne, est aussi un feu rasant. (Q)

Feu, (Marine.) Donner le feu aux bâtimens, c’est-à-dire mettre le vaisseau en état d’être braié : cela se fait par les calfateurs, qui après avoir rempli d’étoupes les jointures du bordage, allument de petits fagots faits de branches de sapin, & emmanchés au bout d’un bâton ; ils les portent tous flambans sur la partie du bordage qui a besoin d’être carénée ; & quand elle est bien chaude par le feu qu’on y a mis, ils appliquent le brai dessus. Voyez Chauffer un Vaisseau.

Donner le feu à une planche, c’est la mettre sur le feu & la chauffer pour la courber. Voyez Chauffer un Bordage. (Z)

Feu, (Marine.) On donne ce nom au fanal ou lanterne que l’on allume de nuit sur la poupe des vaisseaux, lorsque l’on marche en flotte. Quand il fait un gros tems & nuit obscure, & que l’on craint que les vaisseaux ne s’abordent les uns les autres, ils mettent tous des feux à l’arriere, on se sert des feux ou fanaux pour signaux des différentes manœuvres dont on veut avertir l’escadre, ou pour indiquer les besoins qu’on peut avoir.

La situation & le nombre des feux de chaque vaisseau de guerre se regle sur le rang des commandans : le roi de France, par son ordonnance de 1670, veut que l’amiral porte quatre fanaux ; que le vice-amiral, le contre-amiral, & le chef d’escadre, en portent chacun trois en poupe ; les autres vaisseaux n’en doivent porter qu’un.

On porte des feux de diverses manieres, soit à la grande hune, soit à celle d’artimon, soit aux haubans, selon que le commandant l’a reglé pour indiquer certains signaux dont on est convenu. (Z)

Feu, (Marine.) terme de commandement sur un vaisseau pour dire aux canonniers de tirer.

Faire feu des deux bords, c’est tirer le canon des deux côtés du vaisseau en même tems. (Z)

Feu, Cautere, (Manége & Maréchal.) termes synonymes. Le premier est particulierement usité parmi les Maréchaux dans le sens des cauteres actuels : quelques-uns de nos auteurs l’ont aussi employé dans le sens des cauteres potentiels qu’ils ont appellés féux morts, & quelquefois rétoires, du mot italien retorio, cautere. Voyez Cautere.

Le feu actuel ou le cautere actuel n’est à proprement parler que le feu même uni & communiqué à tels corps ou à telles matiere, solides capables de le retenir en plus ou moins grande quantité, & pendant un espace de tems plus ou moins long.

Ses effets sur le corps de l’animal varient selon la différence de ses degrés.

1°. L’irritation des solides, la raréfaction des humeurs, sont le résultat d’une legere brûlure.

2°. Cette brûlure est-elle moins foible ? La sérosité s’extravase ; les liens qui unissoient l’épiderme à la peau sont détruits ; & cette cuticule soûlevée, nous appercevons des phlictenes.

3°. Une impression plus violente altere & consume le tissu des solides : par elle les fluides sont absorbés ; leurs particules les plus subtiles s’exaltent & s’évaporent ; de maniere que dans le lieu qui a subi le contact du feu, on n’entrevoit qu’une masse noirâtre que nous nommons escarre, & qui n’est autre chose qu’un débris informe des solides brûlés & des liquides dessechés ou concrets.

C’est cette escarre que nous nous proposons toûjours de solliciter dans l’usage & dans l’emploi que

nous faisons du cautere. On doit l’envisager comme une portion qui privée de la vie est devenue totalement étrangere : elle est de plus nuisible en ce qu’elle s’oppose à la circulation ; mais bientôt la nature elle-même fait ses efforts pour s’en délivrer. Les liqueurs contenues dans les tuyaux dont les extrémités ont cédé à l’action du fer brûlant, arrivent jusqu’à l’obstacle que leur présente ce corps dur & pour ainsi dire isolé ; elles le heurtent conséquemment a chaque pulsation, soit du cœur, soit des arteres ; elles s’y accumulent, elles produisent dans les canaux voisins un engorgement tel que leurs fibres distendues & irritées donnent lieu à un gonflement, à une douleur pulsative ; & les oscillations redoublées des vaisseaux operent enfin un déchirement. Un suintement des sucs que renfermoient ces mêmes vaisseaux oblitérés annonce cette rupture ; & ce suintement est insensiblement suivi d’une dissolution véritable des liqueurs mêlées avec une portion des canaux qui ont souffert ; dissolution qui anéantissant toute communication, & détruisant absolument tous points d’union entre le vif & le mort, provoque la chûte entiere du sequestre, & ne nous montre dans la partie cautérisée qu’un ulcere dans lequel la suppuration est plus ou moins abondante, selon le nombre des canaux ouverts.

De la nature des sucs qui s’écoulent & qui forment la matiere suppurée, dépendent une heureuse réunion & une prompte cicatrice : des liqueurs qui sont le fruit d’une fermentation tumultueuse, & dont l’acreté, ainsi que l’exaltation de leurs principes, démontrent plûtôt en elles une faculté destructive qu’une faculté régénérante, ne nous prouvent que le retardement de l’accroissement que nous desirons ; elles le favorisent, il est vrai, mais indirectement, c’est-à-dire en dissipant les engorgemens qui s’opposent à l’épanchement de cette lymphe douce & balsamique, qui, parfaitement analogue à toutes les parties du corps de l’animal, & répandue sur les chairs, en hâte la reproduction par une assimilation inévitable. Tant que ces matieres qui ont leur source dans les humeurs qui gorgent les cavités & les interstices des vaisseaux, subsistent & fluent : toute régénération est donc impossible. Dès qu’elles font place à ce suc, dont toutes les qualités extérieures nous attestent l’étroite affinité qui regne entre ses molécules & les parties qui constituent le fond même sur lequel il doit être versé, & que ce même suc peut suinter des tuyaux lymphatiques dans la plaie, sans aucune contrainte & sans aucun mélange d’un fluide étranger capable de le vicier & de combattre ses effets, la réunion que nous attendons est prochaine.

Elle sera dûe non-seulement à la juxta-position & à l’exsication de la seve nourriciere charriée vers les extrémités des capillaires dégagés, conséquemment aux mêmes mouvemens des solides & des fluides, qui dans la substance engorgée formoient le pus, mais encore à un leger prolongement des canaux. J’observe d’une part que le jour que les liquides se sont frayés n’est pas tel que le diametre des vaisseaux dilacérés soit dans un état naturel : l’issue des liqueurs n’est donc pas absolument libre. Or la résistance qu’elles éprouvent, quelque foible qu’elle puisse être, les oblige de heurter contre les parois de ces mêmes vaisseaux, qui, vû la déperdition de substance, ont cessé d’être gênés, comprimés, & soûtenus par les parties qui les avoisinoient : ainsi leurs fibres cédant aux chocs & aux coups multipliés & réitérés qu’elles essuient, se trouvent nécessairement & facilement distendues dans le vuide : cette augmentation de longueur ne peut être telle néanmoins qu’elle procure l’entiere réunion ; aussi je remarque d’un autre côté que les liquides consomment l’ouvra-