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tie, l’esprit sage & délicat, qui avoit fait tous ces beaux arrangemens.

Ces jeux legers, qu’une imagination aussi réglée que riante répandoit sur les pas de la Reine la plus respectable, n’étoient que les prémices de ce que M. le duc de Saint-Aignan devoit faire un jour pour servir l’état & pour plaire à son Roi.

M. de Blamont, chevalier de l’ordre de S. Michel, & surintendant de la musique de S. M. composa toutes les symphonies & les chants de cette fête. Il étoit déjà depuis long-tems en possession de la bienveillance de la cour, que sa conduite & ses talens lui ont toûjours conservée. (B)

Fête, est le nom à l’opéra de presque tous les divertissemens. La fête que Neptune donne à Thétis ; dans le premier acte, est infiniment plus agréable que celle que Jupiter lui donne dans le second. Un des grands défauts de l’opéra de Thétis, est d’avoir deux actes de suite sans fêtes ; il étoit peut-être moins sensible autrefois, mais il a paru très frappant de nos jours, parce que le goût du public est décidé pour les fêtes.

L’art d’amener les fêtes, de les animer, de les faire servir à l’action principale, est fort rare : cependant, sans cet art, les plus belles fêtes ne sont qu’un ornement postiche. Voyez Ballet, Coupe, Couper, Divertissement.

Il semble qu’on se serve plus communément du terme de fête pour les divertissemens des tragédies en musique, que pour ceux des ballets. C’est un plus grand mot consacré au genre, que l’opinion, l’habitude & le préjugé paroissent avoir décidé le plus grand. Voyez Opéra. (B)

FÉTEUR, s. f. (Medecine.) se dit de la mauvaise odeur, de la puanteur qu’exhalent certaines parties du corps humain, par un vice qui leur est particulier, ou par celui des matieres qu’elles contiennent, des humeurs qui y sont séparées, qui s’évacuent actuellement.

Il n’est produit aucune mauvaise odeur dans aucun endroit du corps d’un homme qui se porte bien, excepté dans les gros intestins, & sur-tout dans l’intestin rectum, par l’amas & le séjour qui s’y font des matieres fécales : l’odeur de l’urine, dans le moment qu’elle est rendue, est sans puanteur ; il s’en répand tout-au-plus une odeur un peu forte lixiviele.

Ce sont des matieres ou humeurs odorantes, contenues dans le bas-ventre, qui sont cause qu’il s’exhale de cette cavité, lors de l’ouverture des corps des animaux les plus sains, une certaine odeur desagréable, que la transpiration de toutes les parties contenues emporte avec elle : une odeur de semblable nature, cependant beaucoup moins sensible, se fait sentir à l’ouverture de la poitrine ; mais on ne sent presque rien du tout à l’ouverture du crane.

Ainsi, lorsqu’il est produit quelque mauvaise odeur dans quelque partie du corps, qui n’en rend point dans l’état de santé, c’est un signe qu’il y a des humeurs dans cette partie qui se corrompent, que les sels s’y alkalisent, que les huiles s’y rancissent.

La puanteur de la bouche, par exemple, provient le plus ordinairement ou des ordures qu’on laisse se ramasser entre les dents, & par conséquent de ce qu’on n’a pas attention de se laver cette cavité, ou des exhalaisons des poumons remplis de matieres muqueuses corrompues ; ou des poumons ulcérés, ou des exhalaisons de l’estomac, dans lequel les digestions se font habituellement mal, les alimens séjournent trop long-tems & se corrompent différemment, soit par acescence, par alkalescence, soit par tendance à la rancidité.

On peut corriger ce vice, lorsqu’il dépend de la mal-propreté de la bouche, en se lavant souvent

avec de l’eau, dans laquelle on a ajoûté une dixieme partie de vin, & dissous une huitieme partie de sel marin : lorsque la mauvaise odeur, rendue par la bouche, vient des poumons, l’exercice à cheval est un moyen très-propre à en dissiper la cause ; lorsque l’odeur forte vient de l’estomac, rien n’est plus propre à la faire cesser, que l’usage des eaux minérales.

Les animaux qui ne vivent que de végétaux, rendent leurs excrémens presque sans féteur : l’homme rendroit les siens de même, s’il ne se nourrissoit que de pain & d’eau ; mais tous les animaux qui font leur principale nourriture de viandes, de poissons, d’œufs, ont leurs matieres fécales très-puantes.

Il est des personnes qui sont incommodées par la mauvaise odeur de leur déjection : elles peuvent corriger ce vice, en faisant usage d’alimens aqueux, acides, salés ; on peut conseiller avec succès ce régime, toutes les fois que les excrémens sont plus jaunes que la couleur naturelle de la paille.

Lorsque les déjections sont fort puantes dans la phthisie, il est de la plus grande importance de s’abstenir de l’usage des viandes, & d’employer beaucoup le suc de limon : on doit observer la même chose, quand les urines récentes sont de mauvaise odeur : on peut regarder comme une regle, pour les hydropiques, qu’ils ne se trouvent pas mal de faire usage de viande pour leur nourriture, tant que les excrémens ne sont pas extraordinairement puans ; il faut renoncer bien-tôt à ce genre d’aliment, & recourir aux acides, dès que les déjections deviennent d’une odeur plus fétide. Extrait de Boerhaave, comment. institut. pathol. symptomatolog. §. 970.

Galien, dans son commentaire sur le troisieme livre des épidémies, regarde la féteur extraordinaire de toute sorte d’excrémens, comme un signe certain de pourriture : la mauvaise odeur dans les ulceres annonce qu’ils sont de mauvais caractere.

Pour la cause physique des mauvaises odeurs en général, voyez Odeur, Puanteur. Quant au détail concernant les parties du corps, où il s’établit des causes de puanteur, voyez les articles de ces parties même, telles que le Nez, les Oreilles, les Aisselles, les Aînes, les Piés ; & pour les humeurs, voyez Déjection, Urine, Transpiration, Sueur, Crachat, Ulcere, Ozène &c. (d)

FETFA, s. m. (Hist. mod.) nom que les Turcs donnent aux jugemens ou décisions que le muphti rend par écrit. Ce mot, en langage turc, signifie sentence, & en arabe, la réponse ou le jugement d’un homme sage ; & ils appellent ainsi, par excellence, les jugemens du muphti. (G)

FÉTICHE, s. f. (Hist. mod.) nom que les peuples de Guinée en Afrique donnent à leurs divinités. Ils ont une fétiche pour toute une province, & des fétiches particulieres pour chaque famille. Cette idole est un arbre, une tête de singe, un oiseau, ou quelque chose de semblable, suivant leur fantaisie. Dapper, description de l’Afrique. (G)

FÉTIDE, adj. (Medecine.) Voyez Féteur.

Fétides, (Pilules) Pharm. & Matiere médicale. On trouve dans les dispensaires deux sortes de pilules, qui portent le nom de fétides ; savoir, les pilules fétides majeures, & les pilules fétides mineures. Elles sont l’une & l’autre de Mesué.

Pilules fétides majeures de Mesué. Prenez du sagapenum, de la gomme ammoniac, opopanax, bdellium, de la coloquinte, de l’aloès succotrin, de la semence de rue, de l’épithyme, de chacun cinq dragmes ; de la scammonée, trois dragmes ; de l’ésule préparée dans le vinaigre, & des hermodactes, de chacun deux dragmes ; du meilleur turbith, demi-once ;