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pond que ce second cas est impossible, parce qu’on ne pourroit former ce dernier escadron de la gauche de l’aile droite sans s’appercevoir qu’il seroit tout-à-fait hors de l’alignement de l’infanterie, du moins conviendra-t-on que pour remédier à ce défaut dès qu’il sera

apperçû, il faudra que l’aile toute entiere se remette en mouvement, afin de se dresser de nouveau ; opération qui fera perdre beaucoup de tems, sans qu’on

puisse encore espérer d’y réussir.


Des escadrons qui auront deux étendards ne seront pas susceptibles de pareils inconvéniens, puisqu’ils auront deux points fixes : condition nécessaire pour avoir la position de toute ligne droite.

Si les escadrons de dragons n’ont qu’un étendard, c’est qu’ils sont moins dans le cas de servir en ligne, que d’être employés en corps détachés, & plûtôt en pelotons qu’en escadrons.

D’ailleurs s’il n’y avoit qu’un étendard dans un escadron de cavalerie, il seroit placé entre les deux compagnies du centre ; & ne se trouvant pas appartenir à ces compagnies, elles n’auroient pas le même intérêt de le conserver : c’est une prérogative qui appartient aux premieres compagnies, qui se font un honneur de le défendre. Cet article est de M. Dauthville.

Etendards, (Jard.) s’appellent encore voiles : ce sont les trois feuilles supérieures qui s’élevent pour former la fleur de l’iris. Voyez Iris. (K)

* ETENDOIR, s. m. c’est en général l’endroit où l’on expose, soit à l’action de l’air, soit à celle du feu, des corps qu’il faut sécher. Il se dit aussi quelquefois de l’instrument qui sert à placer les corps convenablement dans le lieu appellé l’étendoir.

L’étendoir des Cartonniers est un endroit où on étend les feuilles de carton sur des cordes pour les faire sécher, après qu’elles sont fabriquées & après qu’elles sont collées.

Celui des Chamoiseurs est l’endroit où l’on a posé des cordes pour étendre les peaux, afin qu’elles y soient séchées & essorées.

L’étendoir des Mégissiers est un endroit garni de perches, sur lesquels ces ouvriers étendent les peaux de moutons passées en mégie, pour les faire sécher. Voy. les fig. Planche du Mégissier, vignette.

L’étendoir des Papeteries est une salle où on met sécher le papier sur des cordes. Cet endroit est pratiqué de maniere qu’on peut y faire entrer plus ou moins d’air, selon qu’on le juge à-propos, au moyen de plusieurs ouvertures ou fenêtres qu’on ferme & ouvre quand on veut avec des persiennes. Voyez Persiennes & la Planche de Papeterie, dans laquelle l’ouvrier C met une feuille de papier sur la corde, au moyen d’un T ou petite croix de bois, sur le travers de laquelle on plie la feuille en deux. L’ouvriere B apporte du papier pour le ranger par terre en piles comme des tuiles, & l’ouvriere D ôte le papier de dessus les cordes. Au bas de cette planche on voit le plan de l’étendoir.

* ETENDRE, v. act. terme relatif à l’espace, & quelquefois au tems. Etendre, c’est faire occuper plus d’espace, ou embrasser plus de tems : on dit les métaux s’étendent sous le marteau ; l’heure d’un rendez-

vous s’étend. Il se prend au simple & au figuré, comme

on le voit dans ces exemples ; étendre une nappe, étendre ses idées.

Etendre, en terme de Cornetier, s’entend de l’action d’applatir aux pinces, & d’allonger le plus qu’il est possible les galins qui n’ont été qu’ouverts imparfaitement après la fente.

ETENDUE, s. f. (Ordre encyclopédique, Sens, Entendement, Philosophie, Métaphysique.) On peut considérer l’étendue comme sensation, ou comme idée abstraite ; comme sensation, elle est l’effet d’une certaine action des corps sur quelques-uns de nos organes ; comme idée abstraite, elle est l’ouvrage de l’entendement qui a généralisé cette sensation, & qui en a fait un être métaphysique, en écartant toutes les qualités sensibles & actives qui accompagnent l’étendue dans les êtres matériels.

La sensation de l’étendue ne peut être définie par cela même qu’elle est sensation ; car il est de l’essence des notions particulieres immédiatement acquises par les sens, ainsi que des notions intellectuelles les plus générales formées par l’entendement, d’être les dernieres limites des définitions, & les derniers élémens dans lesquels elles doivent se résoudre. Il suffira donc de rechercher auxquels de nos sens on doit rapporter cette sensation, & quelles sont les conditions requises pour que nous puissions la recevoir.

Supposons un homme qui ait l’usage de tous ses sens, mais privé de tout mouvement, & qui n’ait jamais exercé l’organe du toucher que par l’application immobile de cet organe sur une même portion de matiere ; je dis que cet homme n’auroit aucune notion de l’étendue, & qu’il ne pourroit l’acquérir que lorsqu’il auroit commencé à se mouvoir. En effet il n’est qu’un seul moyen de connoître l’étendue d’un corps ; c’est l’application successive & continue de l’organe du toucher sur la surface de ce corps : ce ne seroit point assez que ce corps fût en mouvement tandis que l’organe seroit en repos, il faut que l’organe lui-même se meuve ; car pour connoître le mouvement il faut avoir été en mouvement, & c’est par le mouvement seul que nous sortons pour ainsi dire de nous-mêmes, que nous reconnoissons l’existence des objets extérieurs, que nous mesurons leurs dimensions, leurs distances respectives, & que nous prenons possession de l’étendue. La sensation de l’étendue n’est donc que la trace des impressions successives que nous éprouvons lorsque nous sommes en mouvement : ce n’est point une sensation simple, mais une sensation composée de plusieurs sensations de même genre ; & comme c’est par les seuls organes du toucher que nous nous mettons en mouvement, & que nous sentons que nous sommes en mou-