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Cette société pour comble d’extravagance, fut instituée au nom de la sainte Trinité & de saint Michel, & elle eut le succès qu’elle méritoit. Le duc de Bourbon alla véritablement en Angleterre, à-peu-près dans le tems qu’il avoit marqué ; mais il y alla en qualité de prisonnier de guerre, & il y mourut au bout de 19 ans sans avoir pu obtenir sa liberté. Voy. si vous êtes curieux de plus grands détails, l’histoire des ordres de chevalerie du P. Héliot, tom. VIII. ch. v. c’est-à-dire le recueil des folies de l’esprit humain en ce genre bisarre, depuis l’origine du Christianisme jusqu’au commencement de notre siecle. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fer, en termes de Blason, se dit de plusieurs sortes de fers dont on charge les écus, tels que sont les fers de lame, de javelot, de pique, de fleche, & de cheval : ces derniers sont ordinairement représentés la pince en-haut ; & lorsque les places des clous sont d’une couleur ou d’un métal différens, on les blasonne cloüés. Voyez Cloué. Ménétr. & Trév.

Fer de fourchette, Croix à fer de fourchette, (Blason.) est une croix qui a à chacune de ses extrémités un fer recourbé, tel que celui dont les soldats se servent ordinairement pour attacher leurs mousquets. Elle differe de la croix fourchée, en ce que les extrémités de celle-ci sont recourbées en tournant ; au lieu que dans la premiere, la fourchette est placée au quarré de l’extrémité. Voyez-en la figure dans les Planches hérald. ou du Blason, fig. 20.

Fer de moulin, est une piece qui entre dans le Blason, & qu’on suppose représenter l’ancre de fer qui soûtient la meule d’un moulin ; il est représenté dans les Planc. hérald.

Fer (L’île de) Géog. L’île de Fer, autrement Ferro, ou comme les Espagnols à qui elle appartient la nomment, la isla de Hierro, est une île d’Afrique la plus occidentale des Canaries, d’environ sept lieues de long, six de large, & vingt-deux de tour. Elle n’est guere remarquable que parce que les géographes françois placent leur premier méridien à l’extrémité occidentale de cette île, par ordonnance de. Louis XIII. Les Hollandois placent le leur d’ordinaire au pié de l’île Ténériffe, l’une des Canaries. Le P. Riccioli met le sien à l’île de Palma : il est fâcheux qu’on ne soit pas généralement convenu de prendre le même méridien, quoiqu’on remédie à cette diversité par une conciliation des divers méridiens. Voyez Méridien. L’île de Fer est à environ dix-huit lieues de Ténériffe. Sa différence du méridien de Paris, est, suivant M. Cassini, 1 heu. 19′ 26″. Sa latitude 27d 47′ 51″.

Fer à cheval, (Architect.) terrasse circulaire à deux rampes en pente douce, comme celles du bout du jardin du palais des Tuileries, & du parterre de Latone à Versailles : toutes deux du dessein de M. le Nôtre. (P)

Fer à cheval, (Fortific.) c’est dans la Fortification un ouvrage de figure à-peu-près ronde ou ovale, formé d’un rempart & d’un parapet, qu’on construit quelquefois dans les environs d’une place de guerre, pour en empêcher l’accès à l’ennemi.

La figure de ces sortes d’ouvrages n’est point déterminée. On en construit aussi dans les places maritimes, à l’extrémité des jettées, ou dans les lieux où ils peuvent servir à défendre l’entrée du port aux vaisseaux ennemis. (Q)

Fer, (Marine.) on se sert de ce mot pour signifier grapin ou érisson. Il n’est guere en usage que sur les galeres, où l’on dit être sur le fer, pour dire être à l’ancre. (Z)

Fers d’arc-boutans, ou Boute dehors, (Marine.) ce sont des fers à trois pointes, qu’on met au bout d’un arc boutant avec un piton à grille. (Z)

Fer de chandelier de pierrier, (Marine.)

c’est une bande de fer qui est troüée par le haut, & que l’on applique sur un chandelier de bois, par où passe le pivot du chandelier de fer, sur lequel le pierrier tourne. (Z)

Fer de pirouette, (Marine.) c’est une verge de fer qu’on met au bout du plus haut mât, où la giroüette est passée. (Z)

Fer, (Maréch.) on appelle de ce nom en général l’espece de semelle que l’on fixe par clous sous le pié du cheval, du mulet, &c. à l’effet d’en défendre l’ongle de l’usure & de la destruction, à laquelle il seroit exposé sans cette précaution.

Communément cette semelle est formée par une bande de ce métal. Cette bande applatie & plus ou moins large, est courbée sur son épaisseur, de maniere qu’elle représente un croissant alongé.

On peut y considérer deux faces & plusieurs parties. La face inférieure porte & repose directement sur le terrein. La face supérieure touche immediatement le dessous du fabot, dont le fer suit exactement le contour. La voûte est le champ compris entre la rive extérieure & la rive intérieure, à l’endroit où la courbure du fer est le plus sensible. On nomme ainsi cette partie, parce qu’ordinairement le fer est dans ce même lieu relevé plus ou moins en bateau. La pince répond précisément à la pince du pié ; les branches aux mammelles ou aux quartiers, elles regnent depuis la voûte jusqu’aux éponges ; les éponges répondent aux talons, & sont proprement les extrémités de chaque branche : enfin les trous dont le fer est percé pour livrer passage aux clous, & pour en noyer en partie la tête, sont ce que nous appellons étampures. Ces trous nous indiquent le pié auquel le fer est destiné ; les étampures d’un fer de devant étant placées en pince, & celles d’un fer de derriere en talon, & ces mêmes étampures étant toûjours plus maigres ou plus rapprochées du bord extérieur du fer, dans la branche qui doit garantir & couvrir le quartier de dedans.

Il seroit inutile de fixer & d’assigner ici des proportions, relativement à la construction de chacune des parties que je viens de désigner ; elles varient & doivent varier dans leur longueur, dans leur épaisseur, & dans leur contour, selon la disposition & la forme des différens piés auxquels le fer doit être adapté : j’observerai donc simplement & en général, qu’il doit être façonné de telle sorte, que la largeur des branches décroisse toûjours insensiblement jusqu’aux éponges ; que la face intérieure d’épaisseur diminue imperceptiblement de hauteur, depuis une éponge jusqu’à l’autre ; que la face extérieure s’accorde en hauteur avec elle à ces mêmes éponges, & dans tout le contour du fer, excepté la pince, où on lui on donne communément un peu plus ; que la face supérieure soit legerement concave, à commencer depuis la premiere étampure jusqu’à celle qui dans l’autre branche répond à celle-ci ; que la face inférieure de chaque branche reste dans le même plan ; que la partie antérieure du fer soit foiblement relevée en bateau ; que les éponges soient proportionnées au pié par leur longueur, &c.

Quant aux différentes especes de fer, il en est une multitude, & on peut les multiplier encore relativement aux différens besoins des piés des chevaux, & même des défectuosités de leurs membres ; mais je me contenterai de décrire ici celles qui sont les plus connues, & dont l’usage est le plus familier.

Fer ordinaire de devant, de derriere, du pié gauche & du pié droit. Le fer ordinaire n’est autre chose que celui dont l’ajusture est telle que je l’ai prescrit ci-dessus ; & ce que j’ai dit plus haut de l’étampure, suffit pour déterminer le pié pour lequel il a été forgé.

Fer couvert. On entend par couvert, celui qui par