Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FACE, s. f. en Géomét. désigne en général un dès plans qui composent la surface d’un polyhedre : ainsi on dit que l’hexahedre a six faces. V. Polyhedre.

La face ou le plan sur lequel le corps est appuyé, ou supposé appuyé, est appellée proprement sa base, & les autres plans gardent le nom de face. Chacune des faces peut servir de base, ou être supposée servir de base. Cependant lorsqu’un corps est long & étroit, comme un obélisque, on prend pour base la face la moins étendue. (O)

* Face, (Astrol. jud. & Divinat.) c’est la troisieme partie de chaque signe du zodiaque, que les Astrologues ont regardé comme composé de 30 degrés. Ils ont divisé ces 30 degrés en trois. Les dix premiers degrés composent la premiere face ; les dix suivans, la seconde ; & les dix autres, la troisieme face. Ils ont ensuite rapporté ces faces aux planetes, & ils ont dit que Vénus correspondoit dans telle circonstance à la troisieme face du Taureau, c’est-à-dire qu’elle étoit dans les dix derniers degrés de ce signe. On voit bien que toutes ces idées sont arbitraires, & que si l’Astrologie fonde ses prédictions sur ces divisions, il ne faut que les connoître un peu pour être desabusés. Quand on conviendroit qu’en conséquence de la liaison, qui est nécessairement entre tous les êtres de l’Univers, il ne seroit pas impossible qu’un effet relatif au bonheur ou au malheur de l’homme, dût absolument co-exister avec quelque phénomene céleste, ensorte que l’un étant donné, l’autre résultât ou suivît toûjours infailliblement ; peut-on jamais avoir un assez grand nombre d’observations pour fonder en pareil cas quelque certitude ? Ce qui doit ajoûter beaucoup de force à cette considération, c’est que toute la durée de nos observations en ce genre ne sera jamais qu’un point, relativement à la durée du monde, antérieure & postérieure à ces observations. Celui qui craindroit, lorsque le Soleil descend sous l’horison, que la nuit qui approche ne fût sans fin, seroit regardé comme un fou : cependant je voudrois bien que l’on entreprît de déterminer le nombre des expériences suffisant pour ériger un évenement en loi uniforme & invariable de l’Univers, lorsqu’on n’a de la constance de l’évenement aucune démonstration tirée de la nature du méchanisme, & qu’il ne reste, pour s’en assûrer, que des observations réitérées.

Face d’une Place, (Fortificat.) c’est la même chose que le front d’une place : c’est un de ses côtés, composé d’une courtine & de deux demi bastions. Voyez Front.

Lorsqu’on veut attaquer une place, il est très-important d’en bien connoître les différentes faces, ou les différens fronts, afin d’attaquer le plus foible ou celui qui donne le plus de facilité pour les approches, & pour y faire arriver les munitions commodément. Voyez Attaque. (Q)

Faces (les) d’un ouvrage de Fortification, sont en général les deux côtés de l’ouvrage les plus avancés vers la campagne, ou le dehors de la place.

Ainsi les faces du bastion sont les deux côtés qui forment un angle saillant du côté de la campagne ; elles sont par leur position les plus exposées de toutes les parties de l’enceinte, au feu de l’ennemi ; & comme elles ne sont d’ailleurs défendues que par le flanc du bastion opposé, elles sont les parties les plus foibles du bastion, ou de l’enceinte des places fortifiées : c’est par cette raison que l’attaque du bastion se fait par les faces ; on y fait breche ordinairement vers le milieu ou le tiers, à compter de l’angle flanqué ; on se trouve par-là en état, lorsqu’on s’est établi sur la breche, d’occuper plus promptement tout l’intérieur du bastion. Voy. Attaque du Bastion.

Les faces du bastion doivent avoir au moins 35 ou 40 toises, afin que le bastion ne soit pas trop pe-

tit. On les trouve bien proportionnées à 50 ; parce

qu’elles donnent alors le bastion d’une grandeur raisonnable. Lorsqu’elles doivent défendre quelqu’ouvrage au-delà du fossé, il faut qu’elles ayent la longueur nécessaire pour les bien flanquer ; elles ne doivent point être trop inclinées vers la courtine, afin de défendre plus avantageusement ou moins obliquement l’approche du bastion.

Les faces de la demi-lune, des contre-gardes, des tenaillons ou grandes lunettes, &c. sont de même les deux côtés de ces ouvrages qui forment un angle vers la campagne ; ainsi que celles des places d’armes du chemin couvert. Ces dernieres devroient avoir toûjours 15 ou 20 toises, afin de rendre les places d’armes plus grandes, & de pouvoir flanquer plus avantageusement les branches ou les côtés du chemin couvert, qui en sont flanqués ou défendus. Voyez Chemin couvert & Place d’armes du Chemin couvert. (Q)

Face, (Arts, Dessein, Sculpture, Peinture.) nom donné par les Dessinateurs à une dimension du corps humain, pour fixer les justes proportions que ces parties doivent avoir ensemble.

Pour cet effet, les Dessinateurs divisent ordinairement la hauteur du corps en dix parties égales, qu’ils appellent faces en terme d’art ; parce que la face de l’homme a été le premier modele de ces mesures. On distingue trois parties égales dans chaque face, c’est-à dire dans chaque dixieme partie de la hauteur du corps : cette seconde division vient de celle que l’on a faite de la face humaine en trois parties égales. La premiere commence au-dessus du front, à la naissance des cheveux, & finit à la racine du nez ; le nez fait la deuxieme partie de la face ; & la troisieme, en commençant au-dessous du nez, va jusqu’au-dessous du menton. Dans les mesures du reste du corps, on désigne quelquefois la troisieme partie d’une face, ou une trentieme partie de toute la hauteur, par le mot de nez, ou de longueur du nez.

La premiere face dont nous venons de parler, qui est toute la face de l’homme, ne commence qu’à la naissance des cheveux, qui est au-dessus du front ; depuis ce point jusqu’au sommet de la tête, il y a encore un tiers de face de hauteur, ou, ce qui est la même chose, une hauteur égale à celle du nez : ainsi depuis le sommet de la tête jusqu’au-bas du menton, c’est-à-dire dans la hauteur de la tête, il y a une face & un tiers de face ; entre le bas du menton & la fossette des clavicules, qui est au-dessus de la poitrine, il y a deux tiers de face : ainsi la hauteur depuis le dessus de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, fait deux fois la longueur de la face ; ce qui est la cinquieme partie de toute la hauteur du corps. Depuis la fossette des clavicules jusqu’au-bas des mammelles, on compte une face : au-dessous des mammelles commence la quatrieme face, qui finit au nombril ; & la cinquieme va à l’endroit où se trouve la bifurcation du tronc ; ce qui fait en tout la moitié de la hauteur du corps. On compte 2 faces dans la longueur de la cuisse jusqu’au genou ; le genou fait une demi face. Il y a 2 faces dans la longueur de la jambe, depuis le bas du genou jusqu’au coup-de-pié, ce qui fait en tout neuf faces & demie ; & depuis le coup-de-pié jusqu’à la plante du pié, il y a une demi-face, qui complete les dix faces, dans lesquelles on a divisé toute la hauteur du corps.

Cette division a été faite pour le commun des hommes ; mais pour ceux qui sont d’une taille haute & fort au-dessus du commun, il se trouve environ une demi-face de plus dans la partie du corps, qui est entre les mammelles & la bifurcation du tronc : c’est donc cette hauteur de surplus dans cet endroit du corps qui fait la belle taille. Alors la naissance de la bifurcation du tronc ne se rencontre pas précisément