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nir ; mais le relâchement qui en résulte, quand il a été extrèmement violent, est un mal incurable. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Extension, terme de Chirurgie, action par laquelle on étend, en tirant à soi, une partie luxée ou fracturée, pour remettre les os dans leur situation naturelle. Elle se fait avec les mains, les lacqs ou autres instrumens convenables. Elle suppose toujours la contre-extension par laquelle on retient le corps, pour l’empêcher de suivre la partie qu’on tire.

Pour bien faire l’extension & la contre-extension, il faut que les parties soient tirées & retenues avec égale force ; & que les forces qui tirent & qui retiennent, soient, autant qu’il est possible, appliquées aux parties mêmes qui ont besoin de l’extension & de la contre-extension. Les extensions doivent se faire par degrés, & on les proportionne à l’éloignement des parties, & à la force des muscles qui résistent à l’extension. Si l’on tiroit tout-à-coup avec violence, on courroit risque de déchirer & de rompre les muscles, parce que leurs fibres n’auroient point eu le tems de ceder à la force qui les alonge. Si les mains ne suffisent pas, on employe les lacqs. Voyez Lacqs. (Y)

Extension, en Musique, est, selon Aristoxene, une des quatre parties de la mélopée, qui consiste à soûtenir long-tems le même son : nous l’appellons aujourd’hui tenue. Voyez Tenue. (S)

EXTENUATION, s. f. (Belles-Lettres) figure de Rhétorique, par laquelle on diminue une chose à dessein. Par exemple, si un adversaire qualifie une action de crime énorme, de méchanceté exécrable, on l’appelle simplement une faute, une fragilité pardonnable. Cette figure est opposée à l’hyperbole. Voyez Hyperbole. (G)

Exténuation, sub. f. (Medecine.) en latin extenuatio : c’est une sorte de maigreur qui arrive en peu de tems, par l’affaissement des vaisseaux de tout le corps en général, après de grandes évacuations, de fortes dissipations d’humeurs quelconques. Voyez Maigreur, Affaissement. (d)

EXTERNE, ou EXTÉRIEUR, adj. (Phys.) est un terme relatif qui se dit de tout ce qui est au-dehors d’un corps. La surface d’un corps, c’est-à-dire cette partie qui paroît & se présente aux yeux ou au toucher, est la partie externe du corps.

Dans ce sens, externe est opposé à interne ou intérieur. Voyez Interne.

Externes, (angles) en Géométrie, sont les angles de toute figure rectiligne, qui n’entrent point dans sa formation, mais qui sont formés par ses côtés prolongés au-dehors. Voyez Angle, & Interne.

Les angles externes d’un poligone quelconque pris ensemble sont égaux à quatre angles droits. Dans un triangle, l’angle externe DOA (Planch. Géom. fig. 76.) est égal à la somme des angles intérieurs opposés y, z. Voyez Triangle. Ces propositions sont démontrées par-tout. (E)

Externe, adj. (Anat.) terme relatif, qu’on prend dans le sens connu de tout le monde, quand on dit par exemple tégumens externes : M. Winslow appelle externe ce qui est le plus éloigné d’un plan qu’on imagine partager également tout le corps en partie droite, & en partie gauche, & interne, ce qui en est le plus proche ; c’est ainsi qu’on oppose les muscles externes, & internes. Hippocrate donne le nom d’externes aux parties les plus éloignées du cœur. (g)

EXTINCTION, s. f. (Phys.) est l’action d’éteindre, c’est-à-dire d’anéantir ou de détruire le feu, la flamme ou la lumiere. Voyez Lumiere, Flamme, &c.

Boerhaave nie qu’il y ait proprement rien qui soit capable d’éteindre le feu : c’est, dit-il, un corps sui

generis, d’une nature immuable, & nous ne pouvons pas plus le détruire que nous ne pouvons le créer. Voyez Feu.

Cela peut être ; mais il n’en est pas moins vrai qu’on arrête l’action de cette matiere qui forme ce que nous appellons le feu. Ainsi dire que l’eau n’éteint pas le feu, parce qu’elle ne détruit pas la matiere du feu, c’est éluder la difficulté au lieu de la résoudre.

Les sectateurs d’Aristote expliquent l’extinction du feu par le principe d’antipéristase ou de contrariété ; ainsi, disent-ils, l’eau chasse le feu, parce que les qualités de l’eau sont contraires à celles du feu ; l’une étant froide & humide, & l’autre chaud & sec. Mais outre que ce n’est pas là une explication, puisqu’elle ne rend point raison de cette contrariété, elle ne paroît pas même satisfaisante pour ceux qui se contentent de mots vuides de sens ; car le feu est éteint avec l’eau chaude aussi-bien qu’avec l’eau froide, &c. Voyez Antiperistase.

Quelques modernes apportent deux causes plus plausibles de l’extinction du feu ; savoir la dissipation, comme quand les matieres qui lui servent d’aliment sont dispersées par un vent trop violent ; & la suffocation, quand il est tellement comprimé qu’il ne peut plus conserver son mouvement libre, comme il arrive quand on jette de l’eau-dessus.

On sent bien que cette explication est encore très-legere & très vague. Avoüons franchement que nous ignorons pourquoi l’eau éteint le feu, comme nous ignorons pourquoi une pierre tombe, pourquoi nous remuons nos doigts, & la cause de cent autres phénomenes aussi communs, & aussi inexplicables pour nous. (O)

Extinction, (Jurisprud.) s’applique en cette matiere à différens objets, savoir :

Extinction de la chandelle : c’est lorsqu’on fait une adjudication à l’extinction de petites bougies ou chandelles, comme cela se pratique dans les fermes du Roi. Voyez Chandelle éteinte.

Extinction d’une charge fonciere, réelle, ou hypothéquaire ; c’est lorsqu’on amortit quelque charge qui étoit imposée sur un fonds.

Extinction du doüaire ; c’est lorsque la femme & les enfans qui avoient droit de joüir du doüaire, sont décédés, ou que l’on a composé avec eux, & racheté le doüaire.

Extinction d’une famille ; c’est lorsqu’il n’en reste plus personne.

Extinction d’un fidei-commis, ou d’une substitution ; c’est lorsque le fidei-commis ou substitution est fini, soit parce tous les degrés sont remplis, & que les biens deviennent libres, soit parce qu’il ne se trouve plus personne habile à recueillir les biens en vertu de la disposition.

Extinction de ligne directe, ou collatérale ; c’est lorsque dans une famille une ligne se trouve entierement défaillante, c’est-à-dire qu’il n’en reste plus personne.

Extinction de nom ; c’est lorsqu’il ne se trouve plus personne de ce nom.

Extinction d’une rente ; c’est lorsqu’une rente est amortie ou remboursée.

Extinction d’une servitude ; c’est quand un héritage est déchargé de quelque servitude qui y étoit imposée.

Extinction d’une substitution, voyez ci-dessus Extinction d’un fidei-commis. (A)

EXTIRPATION, s. f. est un terme de Chirurgie, qui signifie couper entierement une partie, comme une loupe, un polype, un cancer, &c.

L’amputation du bras dans l’article, est une extirpation de l’extrémité supérieure. V. Amputation.

EXTISPICE, s. m. (Antiquité.) inspection des