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lettres du 18 Juillet 1326, où il dit qu’en levant le droit d’amortissement sur les gens d’église, il suit les vestiges de S. Louis son bisayeul ; ce qui se rapporte évidemment au chapitre cxxv du premier livre des établissemens.

Toutes ces considérations ont déterminé M. de Lauriere à donner place à ces établissemens parmi les ordonnances de la troisieme race.

Ces établissemens sont divisés en deux livres. Le premier contient 168 chapitres, & le second en contient 42. Quoique les mœurs soient bien changées depuis cette ancienne ordonnance, elle sert cependant à éclaircir plusieurs points de notre Droit françois. Voyez les notes de M. Ducange, & celles de M. de Lauriere sur cette ordonnance. (A)

ETABLURE, (Marine.) Voyez Etrave.

ETAGE, s. m. (Jurispr.) estagium seu stagium, signifioit maison, demeure, résidence.

Le devoir de lige étage étoit l’obligation des vassaux de résider dans la terre de leur seigneur, pour garder son château en tems de guerre.

Cet étage devoit se faire en personne par le vassal, huit jours après qu’il en avoit été sommé. Il devoit amener sa femme & sa famille ; & faute par lui de venir, le seigneur pouvoit saisir son fief.

Le vassal ne pouvoit retourner chez lui pendant la ligence, c’est-à-dire pendant le tems qu’il devoit l’étage ; & s’il le devoit à plusieurs seigneurs dans le même tems, il le faisoit successivement ; ou bien pendant qu’il étoit à l’étage d’un côté, de l’autre il fournissoit des hommes au seigneur.

Quand les vassaux n’avoient point de maison dans le lieu, le seigneur devoit leur en fournir. Voy. l’article 195 de la coûtume d’Anjou, & le 145 de celle du Maine, & le glossaire de Lauriere au mot Etage. (A)

Etage, terme d’Architecture ; on entend par ce mot toutes les pieces d’un ou de plusieurs appartemens, qui sont d’un même plain-pié.

Etage soûterrain, celui qui est voûté & plus bas que le rez-de-chaussée. Les anciens appelloient généralement tous les lieux voûtés sous terre, criptoporticus & hypogea.

Etage au rez-de-chaussée, celui qui est presqu’au niveau d’une rue, d’une cour, ou d’un jardin.

Etage quarré, celui où il ne paroît aucune pente du comble, comme un attique.

Etage en galetas, celui qui est pratiqué dans le comble, & où l’on voit des forces, des fermes, & autres pieces, quoique lambrissé. (P)

Etage, (Jard.) se dit d’un rang de branches, ainsi que d’un rang de racines placées horisontalement & sur la même ligne.

ETAGER, s. m. (Jurisprud.) ou ESTAGIER, ou MANSIONNIER, c’est-à-dire celui qui demeure dans le fief ou terre qu’il tient du seigneur, ou qui est obligé d’y venir résider pendant un certain tems, en tems de guerre.

Il est parlé des étagers dans les coûtumes de Tours, Lodunois, Anjou, Maine, Perche, & Bretagne. Voyez ci-devant Etage. (A)

Etager les Cheveux, terme de Perruquier, c’est tailler les cheveux de maniere que les plus hauts soient les plus courts, & les plus bas soient les plus longs, afin que quand ils sont frisés, les boucles soient arrangées sans se gêner les unes les autres.

ETAGUE, ITAQUE, ETAQUE, ITACLE, voyez Itaque.

ETAI, (Marine.) Voyez Etay.

ETAIN, s. m. (Hist. nat. Minéralog. & Métallurg.) stannum, plumbum album, Jupiter, &c. c’est un métal blanc comme l’argent, très-flexible & très-mou, qui, quand on le plie, fait un bruit ou cri (stridor) qui le caractérise, & auquel il est aisé de le distinguer :

c’est le plus leger de tous les métaux ; il n’est presque point sonore quand il est sans alliage, mais il le devient quand il est uni avec d’autres substances métalliques. C’est donc une erreur de croire, comme font quelques auteurs, que plus l’étain est sonore, plus il est pur. La pesanteur spécifique de l’étain est à celle de l’or comme 3 est à 8.

Les mines d’étain ne sont pas si communes que celles des autres métaux ; il s’en trouve cependant en plusieurs pays, tels que la Chine, le Japon, les In des orientales. Celui qui nous vient de ces derniers pays est connu sous le nom d’étain de Malaque ; on lui donne la forme de petits pains ou de pyramides tronquées ; ce qui fait que les ouvriers le nomment étain en chapeau. Il s’en trouve aussi en Europe ; il y en a des mines en Bohème : celle de Schlakenwald en fournit une assez petite quantité, & passe pour contenir aussi de l’argent. Mais de tous les pays de l’Europe, il n’y en a point qui ait des mines d’étain aussi abondantes & d’une aussi bonne qualité, que la Grande-Bretagne ; elle étoit fameuse pour ses mines d’étain dans l’antiquité la plus reculée : on prétend que les Phéniciens en connoissoient la route, & y venoient chercher ce métal ; le savant Bochart croit même que le nom de Bretagne est dérivé du nom syrien Varatanac, qui signifie pays d’étain. Voyez le dict. de Chambers. Ce sont les provinces de Cornoüailles & de Devonshire qui en fournissent sur-tout une très-grande quantité.

Les mines d’étain, comme celles des autres métaux, se trouvent ou par filons, ou par masses, ou par morceaux détachés. Voyez l’article Filon & Mine. Dans la province de Cornoüailles, les filons de mines d’étain sont environnés d’une terre rougeâtre ferrugineuse, qui n’est vraissemblablement que de l’ochre. Ces filons ne sont quelquefois que légerement couverts de terre, & viennent même souvent aboutir & se montrer à nud à la surface ; mais quand ils sont caches dans le sein des montagnes, les mineurs cherchent aux environs de l’endroit où ils soupçonnent une mine d’étain, s’ils ne trouveront point ce qu’ils appellent en anglois shoads : ce sont des fragmens du filon métallique, qu’ils supposent en avoir été détachés, soit par la violence des eaux du déluge universel, soit par les pluies, les torrens, ou d’autres révolutions particulieres. On distingue ces fragmens de mine des autres pierres, par leur pesanteur : on dit qu’ils sont quelquefois poreux & semblables à des os calcinés. Quand ils en trouvent, ils ont lieu de croire qu’ils ne sont point éloignés du filon. Ils ont encore plusieurs manieres de s’assûrer de la présence d’une mine d’étain ; mais comme elles sont communes à toutes les mines en général, nous en parierons aux mots Mine, Filon, &c.

La direction des filons de mine d’étain de Cornoüailles & de Devonshire, est ordinairement de l’occident à l’orient, quoique dans d’autres parties d’Angleterre les filons aillent ordinairement du nord au sud ; pour lors constamment ces filons s’enfoncent vers le nord perpendiculairement de trois piés sur huit de cours. Les mineurs ont remarqué que les côtés latéraux de ces filons qui vont de l’occident à l’orient, ne sont jamais perpendiculaires, mais toûjours un peu inclinés. Voyez les Transactions philosophiques, n°. 69.

Quand on a découvert une mine d’étain, on en fait l’exploitation de même qu’aux mines des autres métaux, c’est-à-dire qu’on y pratique des puits, des galeries, des percemens, &c. Voyez ces différens articles. On trouve dans les mines d’étain de Cornoüailles des crystaux polygones, que les mineurs appellent Cornish diamonds, diamans de Cornoüailles. Il paroît qu’on peut les regarder comme une espece de grenats : en effet on dit qu’ils sont d’un rouge transparent comme le rubis ; d’ailleurs ils ont assez de dureté