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VII. L’évangile de S. André n’est connu que par le decret du pape Gélase, qui l’a relegué parmi les livres apocryphes.

VIII. L’évangile de S. Barthelemi fut aussi condamné par le pape Gélase. Saint Jérôme & Bede en font mention. D. Calmet pense que ce n’étoit autre chose que l’évangile de S. Matthieu, qui, selon Eusebe & quelques autres, avoit été porté dans les Indes par S. Barthelemi, ou Pantoenus le trouva & le rapporta à Alexandrie. Mais si c’eut été l’évangile pur & non altéré de S. Matthieu, le pape Gélase l’auroit-il condamné ?

IX. L’évangile d’Apellés est connu dans Saint Jérôme & dans Bede, non comme un évangile nouveau, composé exprès par cet hérésiarque, mais, comme quelqu’un des anciens évangiles qu’il avoit corrompu à sa fantaisie, pour soûtenir & accréditer ses erreurs.

X. L’évangile de Basilide étoit en effet un ouvrage composé par ce chef de secte, & intitule de la sorte par un homme qui proposoit sans détour ses visions & ses erreurs, sans vouloir les mettre à l’abri de quelque grand nom, comme faisoient les autres hérétiques, qui supposoient des évangiles sous le nom des apôtres M. Fabricius conjecture que cet évangile de Basilide n’étoit autre chose qu’une espece de commentaire fait par cet hérésiarque sur les quatre évangiles, & distribué en vingt-quatre livres, dont on a quelques fragmens dans le spicilége de M. Grabe. Basilide se vantoit d’avoir appris sa doctrine de Glaucias interprete de S. Pierre, & la donnoit par conséquent avec confiance comme la doctrine même du chef des apôtres.

XI. L’évangile de Cérinthe est, selon S. Epiphane, hæres. 51. un de ceux qui avoient été écrits par les premiers chretiens avant que Saint Luc écrivît le sien. Le même pere semble dire ailleurs, que Cérinthe se servoit de l’évangile de S. Matthieu, altéré sans doute relativement à ses erreurs. Et dans un autre endroit, il rapporte que les Alogiens attribuoient à ce novateur l’évangile de S. Jean. Mais l’erreur étoit grossiere, puisque S. Jean n’écrivit son évangile que pour combattre l’hérésie de Cérinthe. Il ne nous reste plus rien de l’évangile de ce dernier. Voyez Alogiens.

XII. L’évangile des Ebionites étoit l’évangile de S. Matthieu, aussi altéré en plusieurs enaroits, pour favoriser leur dogme contraire à la divinité de J. C. par exemple celui-ci, qu’après avoir été baptisé par Jean-Baptiste, Jesus-Christ étant sorti de l’eau, le saint-Esprit parut sur lui & entra en lui sous la forme d’une colombe ; alors on oüit une voix du ciel qui disoit : Vous êtes mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance : & encore, je vous ai engendré aujourd’hui. Il nous reste encore quelques autres fragmens peu considérables de cet évangile, cités par S. Epiphane, hæres. 30. chap. xv. n°. 16 & 21. Voyez Ebionites.

XIII. L’évangile des Encratites n’étoit que les quatre évangiles fondus en un seul par Tatien ; & selon Théodoret, hæretic. fabul. lib. I. cap. xx. les catholiques des provinces de Syrie & de Cilicie s’en servoient aussi bien que les Encratites. Au reste il n’étoit pas reconnu par l’Eglise pour authentique. Voyez Encratites.

XIV. L’évangile d’Eve étoit en usage parmi les Gnostiques, & contenoit beaucoup d’obscénités, dont on peut voir le détail dans S. Epiphane, hæres. 26. n. 2. 3. 5. 8. & 11. Voyez Gnostiques.

XV. L’évangile des Gnostiques étoit moins un livre particulier, qu’une collection de tous les évangiles faux & erronnés, composés avant eux ou par eux-mêmes : tels que les évangiles d’Eve, de Valeritin, d’Apellés, de Basilide, de l’enfance de Jesus, &c.

XVI. L’évangile de Marcion n’étoit que l’évangile de S. Luc, tronqué & altéré suivant la fantaisie de Marcion & de ses sectateurs. On a des exemples de ces altérations dans Tertullien, dans S. Epiphane ; & D. Oalmet les a remarquées exactement dans son commentaire sur les évangiles. Voy. Marcionites.

XVII. L’évangile de S. Paul est moins un livre réel & apocryphe, qu’une falsification de titre de la façon des Marcionites, qui attribuoient à saint Paul l’évangile de S. Luc. L’erreur au reste eût été peu importante, s’ils n’eussent corrompu dans des matieres essentielles l’évangile même de S. Luc, le seul qu’ils admettoient, mais défiguré à leur maniere.

XVIII. Les Interrogations de Marie. Les Gnostiques avoient deux livres de ce nom ; l’un intitulé, les grandes Interrogations de Marie, l’autre, les petites Interrogations de Marie. Ces deux ouvrages étoient également un tissu d’infamies écrites par ces fanatiques, dont le culte consistoit principalement en impuretés monstrueuses.

XIX. Le livre de la Naissance du Sauveur étoit un ouvrage apocryphe que le pape Gelase condamna sous un même titre, avec celui de la Vierge & de la Sage-femme. Dom Calmet conjecture que c’étoit à-peu-près le même que le protévangile de S. Jacques, où l’on raconte la naissance du Sauveur, & l’épreuve que la Sage-femme voulut faire de l’intégrité de Marie après l’enfantement.

XX. L’Evangile de S. Jean, ou le livre du trépas de la Vierge, est condamné dans le decret de Gelase, & se trouve encore en grec dans quelques bibliotheques : quelques manûscrits l’attribuent à S. Jacques, frere du Seigneur, & d’autres à S. Jean l’Evangéliste.

XXI. L’Evangile de S. Mathias est connu par les peres, qui n’en ont cité que le nom : on a aussi des actes apocryphes de S. Mathias, & des traditions ou maximes qu’on croit extraites du faux évangile qui couroit autrefois sous le nom de cet apôtre, & dont plusieurs anciens hérétiques, entr’autres les Carpocratiens, abusoient pour autoriser leurs erreurs. V. Carpocratiens.

XXII. L’Evangile de la perfection ; ouvrage obscene, production des Gnostiques, qui avoient le front de se donner ce nom, qui à la lettre signifie un homme parfait, quoiqu’ils fussent, par leurs déréglemens, les plus abominables de tous les hommes.

XXIII. L’Evangile des Simoniens, ou des disciples de Simon le Magicien, étoit distribué en quatre livres ou tomes remplis d’erreurs & d’extravagances imaginées par ces hérétiques qui combattoient la création, la providence, le mariage, la génération, la loi, & les prophetes. C’est tout ce qu’on en sait par les constitutions apostoliques, liv. VI. ch. xvij, & par la préface des canons arabiques du concile de Nicée, tome II. concil. pag. 386. Voyez Simoniens.

XXIV. L’Evangile selon les Syriens, dont l’existence a été attestée par S. lérôme & par Eusebe, étoit probablement le même que l’évangile des Nazaréens, ou l’évangile hébreu de S. Matthieu, dont se servoient les Chrétiens de Syrie & des provinces voisines ; & nous avons déjà remarqué que ces deux évangiles n’étoient pas entierement purs & sans altération.

XXV. L’Evangile. de Tatien étoit une espece de concorde des quatre évangiles. Tatien, qui, après avoir été disciple de S. Justin, étoit tombé dans l’erreur, avoit retranché les généalogies & tout ce qui prouvoit que Jesus-Christ étoit né de la race de David selon la chair : cette altération ne se trouvant pas dans l’harmonie ou concorde qui porte le nom de Tatien, dans les bibliotheques des peres, montre que ce n’est point le véritable évangile de Tatien, mais l’harmonie d’Ammonius d’Alexandrie. Tatien