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Dans des tems encore plus reculés, les Grecs employoient le terme ἐπίτροπος dans le même sens que les Latins employoient celui de procurator : c’est-à-dire, que ce mot signifioit chez eux un commissionnaire ou intendant. Voyez Procurator.

Ainsi les commissionnaires des provisions dans les armées des Perses sont appellés epitropi par Hérodote & Xénophon : dans le nouveau Testament, ἐπίτροπος signifie le steward ou supérieur d’une maison, que la vulgate traduit par procurator. Voyez le Dict. de Trévoux & Chambers. (G)

ÉPLAIGNER, voyez Lainer.

ÉPLOYÉ, adj. en termes de Blason, se dit des oiseaux qui ont leurs aîles étendues, & particulierement de l’aigle de l’Empire, à cause de la tête & du cou, qui étant ouverts & séparés, représentent deux cous & deux têtes.

Ronchival en Beaujolois, d’or à l’aigle éployé de gueules, membré & béqué d’azur.

* ÉPLUCHER, v. act. dans plusieurs arts méchaniques, c’est nettoyer d’ordures avec une attention scrupuleuse. Il se dit en jardinage d’un plan qu’on dégage avec la serfoüette des herbes inutiles ; il se dit dans les manufactures en laines, en soie, &c… d’une étoffe dont on enleve toutes les ordures ; & cette opération s’appelle l’épluchage. Il y a l’épluchage des laines comme celui des draps ; il se dit dans les verreries, de la terre qu’on employe à faire les pots, & de la séparation des ordures ; ce sont des femmes qu’on employe à cet ouvrage, & qu’on appelle éplucheuses ; ce qu’elles séparent de la terre s’appelle épluchage ; on épluche les soies de chaîne & de trame ; on épluche les ouvrages qui en sont faits, en ôtant toutes les bourres qui restent sur l’ouvrage, aux lisieres, &c. Les chapeliers épluchent les peaux de castor, & l’épluchage s’appelle le jarre. Voyez Chapelier. Eplucher, chez les Vanniers, c’est couper tous les bouts d’osier qui excedent l’aire d’une piece, quand elle est faite, &c.

ÉPLUCHOIR, s. m. (terme de Vannier.) C’est une lame d’acier assez forte, triangulaire, émoudée vers la pointe, & montée à virole sur un manche de bois ; on s’en sert pour parer l’ouvrage, en coupant toutes les extrémités des osiers qui hérissent la surface. Il y a des épluchoirs de plusieurs grandeurs.

EPODE, s. f. (Poésie anc.) espece de poésie des Grecs & des Latins. Mais développons l’ambiguité du mot épode, dont les diverses significations ont causé des débats entre les littérateurs.

1°. On appelloit épode chez les Grecs un assemblage de vers lytiques, ou la derniere stance qui, dans les odes, se chantoit immédiatement après deux autres stances nommées strophe & antistrophe. Ces trois sortes de stances se répétoient ordinairement plusieurs fois suivant ce même ordre, dans le cours d’une seule ode, & le nombre de ces répétitions remplissoit l’étendue de ce poëme. La strophe & l’antistrophe contenoient toûjours autant de vers l’une que l’autre, & pouvoient par conséquent se chanter sur le même air. L’épode, tantôt plus longue, tantôt plus courte, leur étoit rarement égale ; elle devoit donc, pour l’ordinaire, se chanter sur un air différent : elle terminoit le chant de ce que les Grecs nommoient période, & de ce que nous pourrions appeller un couplet de trois stances, & elle en faisoit comme la clôture ; c’est aussi de cette circonstance que lui venoit son nom, dérivé du verbe ἐπῴδειν, chanter par-dessus, chanter à la fin. Après avoir chanté le premier couplet de l’ode composé de ces trois stances, on chantoit le second, puis le troisieme, & ainsi des autres. Presque toutes les odes de Pindare fournissent des preuves de ce que l’on vient d’avancer.

2°. On donnoit le nom d’épode à un petit poëme

lyrique composé de plusieurs distiques, dont les premiers vers étoient autant d’iambes-trimetres, ou de six piés, & les derniers étoient plus courts, & seulement des ïambes-dimetres ou de quatre piés. De ce genre étoient les épodes d’Archiloque, c’est-à-dire ces pieces dans lesquelles ce poëte satyrique déchiroit impitoyablement Lycambe, Néobulé sa fille, & plusieurs de ses parens distingués par leur naissance ou par leurs emplois.

S’il en faut croire Victorinus le grammairien, c’étoit proprement le petit vers qui s’appelloit épode, parce qu’il terminoit le sens du distique, de même que l’épode des odes en finissoit le chant. Ce grammairien ajoûte que chaque vers trimetre ne doit point se faire entendre sans être suivi du petit vers dimetre, qui en fait comme la clôture & le complément.

3°. Le grammairien-poëte Terentianus attribue le nom d’épode à un demi-vers élégiaque, & Victorinus lui-même va jusqu’à prodiguer cette dénomination au petit vers adonien mis après trois vers saphiques, & de plus à un petit poëme composé de plusieurs vers adoniens rangés de suite.

4°. Enfin on a étendu la signification du mot épode, jusqu’à désigner par-là tout petit vers mis à la suite d’un ou de plusieurs grands : en ce sens le pentametre est le vers épode après l’hexametre qui est le proodique.

Si l’on demandoit à présent ce que signifient ces mots, liber epodon, que porte le livre V. des odes d’Horace, je répondrois que ce livre a pris ce nom de l’inégalité des vers, rangés de maniere que chaque grand vers est suivi d’un petit, qui en est le complément ou la clausule. Quand donc le livre V. des odes d’Horace est intitulé liber épodon, livre des épodes, c’est-à-dire liber versuum épodon, livre de vers épodes, livre où chaque grand vers de l’ode est suivi d’un petit vers qui termine le sens ; & cependant les huit dernieres odes de ce livre ne sont point du caractere épodique des dix premieres. Article de M. le chevalier de Jaucourt.

Epodes, (Musique.) chant des anciens chœurs des Grecs, qu’ils exécutoient sans se mouvoir, pour représenter l’immobilité de la terre qu’ils croyoient fixe. Voyez Ballet, Chœurs, Danse . (B)

EPOINTÉ, adj. (Manége, Maréchallerie.) cheval épointé. Cette épithete a la même signification que celle d’éhanché. Voyez Éhanché. (e)

EPOINTER, v. act. (Relieur.) c’est racler avec un couteau ordinaire les bouts des ficelles avec lesquelles les livres sont cousus, afin de pouvoir les coller & les passer en carton.

EPOIS, s. m. pl. (Venerie.) cors qui sont au sommet de la tête du cerf : il y a des épois de coronure, de paulmure, de trochure & d’enfourchure.

* EPONE, s. f. (Mythol.) déesse tutelaire des muletiers.

EPONGE, s. f. spongia, (Hist. nat.) substance legere, molle & très-poreuse, qui s’imbibe d’une grande quantité d’eau à proportion de son volume. On avoit mis l’éponge au rang des zoophites ; on a crû aussi que c’étoit une plante, jusqu’à ce que M. Peyssonel, medecin de Marseille, ait découvert que l’éponge étoit formée par des insectes de mer, de même que beaucoup d’autres prétendues plantes marines. On distingue plusieurs especes d’éponges, qui different sur-tout par la forme ; les unes sont plates, les autres rondes : il y en a qui ressemblent à un tuyau ou à un entonnoir : on en voit de branchues, que l’on appelle rameuses, &c. Les éponges fines different de celles que l’on nomme grosses éponges, en ce que leur tissu est plus serré, & que leurs pores sont plus étroits : les unes & les autres sont de couleur jaunâtre ; les meilleures & les plus fines ont une