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Cet écrivain si fécond en libelles,
Croit que sa plume est la lance d’Argail ;
Sur le Parnasse entre les neuf Pucelles
Il s’est placé comme un épouvantail :
Que fait le bouc en si joli bercail ?
Y plairoit-t-il ? chercheroit-il à plaire ?
Non, c’est l’eunuque au milieu du serrail :
Il n’y fait rien, & nuit à qui veut faire.

* EPIGRAPHE, s. m. (Hist. anc.) On appelloit ainsi dans Athenes, des especes de commis qui tenoient les registres des impôts, ou des livres où chaque citoyen pouvoit s’instruire de ce qu’il devoit à l’état, selon l’estimation de ses facultés.

Epigraphe, s. f. (Belles-Lettres.) c’est un mot, une sentence, soit en prose soit en vers, tirée ordinairement de quelqu’écrivain connu, & que les auteurs mettent au frontispice de leurs ouvrages pour en annoncer le but : ces épigraphes sont devenues fort à la mode depuis quelques années. M. de Voltaire a mis celle-ci à la tête de sa Mérope, d’où il a banni la passion de l’amour :

Hoc legite, austeri, crimen amoris abest.

Les épigraphes ne sont pas toûjours justes, & promettent quelquefois plus que l’auteur ne donne. On ne court jamais de risque à en choisir de modestes. (G)

Epigraphe, s. f. (Arts.) nom que l’on donne à toutes les inscriptions qu’on met sur les bâtimens, pour en faire connoître l’usage, ou pour marquer le tems & le nom de ceux qui les ont fait élever. Ces inscriptions se gravent le plus souvent en anglet, sur la pierre & sur le marbre. Les anciens se servoient de caracteres de bronze pour celles des arcs de triomphe & des temples, & ils en couloient les crampons en plomb. Le mot épigraphe n’est guere usité en ce sens ; on se sert du mot inscription. Voyez Inscription.

On nomme encore épigraphe, toute inscription qu’on grave au-haut ou au-bas d’une estampe pour en indiquer l’esprit & le caractere. L’abbé de Choisy, connu par son ambassade de Siam, par la vie de quelques-uns de nos rois, & par des ouvrages de piété, dédia sa traduction de l’imitation de Jesus-Christ à madame de Maintenon, & fit graver pour épigraphe au-bas de la taille-douce, qui représente cette dame à genoux au pié du crucifix, les V 11 & 12 du Ps.xljv. suivant la vulgate, & xlv. selon l’Hébreu : Audi filia, & inclina aurem tuam, & obliviscere domum patris tui ; & concupiscet rex decorem tuum. On dit qu’on retrancha cette épigraphe dans la seconde édition ; mais elle existe dans la premiere, & c’est pour cette raison qu’on la recherchoit très-curieusement du tems de Louis XIV. Voyez M. Dupin, bib. des aut. ecclés. du xvij. siecle, tom. VII. & Amelot de la Houssaye, tom. II.

Il seroit à souhaiter, comme M. l’abbé du Bos l’a fort bien remarqué, que les Peintres qui ont un si grand intérêt à nous faire connoître les personnages dont ils veulent se servir pour nous toucher, accompagnassent toûjours leurs tableaux d’histoire d’une courte épigraphe. Le sens des peintres gothiques, tout grossier qu’il étoit, leur a fait connoître l’utilité des épigraphes pour l’intelligence du sujet des tableaux. Il est vrai qu’ils ont fait un usage aussi barbare de cette connoissance, que de leurs pinceaux. Ils faisoient sortir de la bouche de leurs figures, par une précaution bisarre, des rouleaux sur lesquels ils écrivoient ce qu’ils prétendoient faire dire à ces figures indolentes ; c’étoit-là véritablement faire parler ces figures.

Les rouleaux gothiques se sont anéantis avec le goût gothique : à la bonne heure ; mais en corrigeant la maniere on peut en retenir l’idée, & dans certaines occasions on ne sauroit s’en passer ; aussi les plus

grands maîtres ont jugé quelquefois une épigraphe de deux ou trois mots nécessaire à l’intelligence du sujet de leurs ouvrages, & en conséquence ils n’ont pas fait scrupule de les écrire dans un endroit du plan de leurs tableaux où ils ne gâtoient rien. Raphaël & les Carrache en ont usé ainsi ; & M. Antoine Coypel a placé de même des bouts de vers de Virgile dans la galerie du palais royal, pour aider à l’intelligence de ses sujets qu’il avoit tirés de l’Éneïde.

Enfin tous les peintres dont on grave les ouvrages ont senti l’utilité de ces épigraphes, & ils en mettent au bas des estampes qui se font d’après leurs tableaux. On peut donc suivre le même usage pour les tableaux mêmes ; car les trois quarts des spectateurs, qui sont d’ailleurs très-capables de rendre justice à l’ouvrage, ne sont point assez lettrés pour deviner le sujet d’une estampe ni d’un tableau : ces sujets sont souvent pour les spectateurs une belle personne qui plaît, mais qui parle une langue qu’ils n’entendent point : on s’ennuie bien-tôt de la regarder, parce que la durée des plaisirs où l’esprit ne prend point de part est bien courte. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

* EPILANCE, s. f. (Fauconnerie.) espece d’épilepsie à laquelle les oiseaux sont sujets. Quand ils en sont attaqués, ils tombent subitement du poing ou de la perche ; ils restent quelque tems comme morts ; ils ont les yeux clos, les paupieres enflées, l’haleine puante, & s’efforcent d’émeutir. Ces accès les prennent deux fois par jour : on prétend que cette maladie est contagieuse.

* EPILENIE, s. f. (Hist. anc.) danse pantomime des Grecs, dans laquelle ils imitoient ce qui se passe dans la foule des raisins.

EPILEPSIE, s. f. (Medecine.) est une espece de maladie convulsive qui affecte toutes les parties du corps, ou quelques-unes en particulier, par accès périodiques ou irréguliers, pendant lesquels le malade éprouve la privation ou une diminution notable de l’exercice de tous ses sens & des mouvemens volontaires.

Le mot épilepsie, ἐπιληψία, ἐπίληψις, vient du grec ἐπιλανβάνεσθαι, qui signifie surprendre, à cause que ce mal saisit tout-à-coup ceux qui y sont sujets : les Latins ont appellé cette maladie comitialis morbus, parce que les Romains rompoient leurs assemblées, lorsqu’il arrivoit que quelqu’un y étoit attaqué d’épilepsie ; ce qu’ils regardoient comme de mauvais augure. D’autres l’ont nommée morbus sacer, soit parce qu’ils la regardoient comme une punition du ciel, soit parce que le siége de la cause paroît être dans la tête, qu’ils regardoient comme la partie sacrée du corps, sacra palladis arx ; soit parce que les personnes qui sont surprises par un accès d’épilepsie le sont si subitement, qu’elles semblent frappées de la foudre. On lui a encore donné le nom de morbus herculeus, ou parce qu’Hercule étoit sujet à cette maladie, ou parce qu’elle semble résister avec beaucoup de force à celle des remedes, qui ne peuvent que très-difficilement en surmonter la cause & la détruire. L’on donne aussi communément à l’épilepsie le nom de morbus caducus, mal caduc, à cadendo, & celui de haut mal, parce que les malades ne peuvent s’empêcher ordinairement de tomber de leur haut, s’ils sont debout, lorsque l’accès les surprend ; celui de sonticus, parce que cette maladie nuit beaucoup à l’économie animale : on trouve encore dans plusieurs auteurs cette maladie désignée sous le nom de morbus puerilis, νόσημα παιδίον, selon Hippocrate, parce que les enfans sont très-susceptibles d’être attaqués de cette maladie.

L’épilepsie admet plusieurs différences, ou par les divers accidens qu’elle produit, ou par les différens siéges de sa cause : celles-là consistent en ce que la maladie peut être plus ou moins violente, récente