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tion de l’air ; elles entraînent & précipitent avec elles toutes les matieres hétérogenes qui formoient la corruption de cet élément.

Lorsqu’il survient une maladie épidémique, dont le caractere n’est pas bien connu, ce qui arrive souvent ; les medecins doivent, selon le conseil de Boerhaave, s’appliquer à en bien observer tous les symptomes dans le tems des équinoxes, où elles sont ordinairement le plus en vigueur. Pour en découvrir la cause, par comparaison avec l’espece de maladie connue à laquelle l’épidémique ressemble le plus, ils doivent éviter d’employer des remedes qui soient propres à produire de grands changemens dans l’économie animale, dans la crainte qu’ils ne déguisent le caractere de la maladie, & qu’ils n’empêchent d’observer les phénomenes que la nature du mal peut produire constamment dans les différens tems qui précedent le rétablissement de la santé ou de la mort, qui annoncent un meilleur ou un plus mauvais état. Ils doivent observer avec une grande attention ce que la nature fait ou tente de faire dans le cours de la maladie, ensuite des différentes choses que les malades prennent, soit alimens, soit remedes, ce qui fait de bons ou de mauvais effets, les évacuations qui sont salutaires ou nuisibles. Ils doivent enfin comparer ce qui se passe dans les maladies de la même espece de plusieurs personnes affectées en même tems, en ayant égard à la différence de sexe, d’âge, & de tempérament.

C’est de ces recherches faites avec soin, qu’on peut tirer les indications convenables pour déterminer la méthode que l’on doit suivre dans le traitement des maladies épidémiques. Si l’on avoit un recueil d’observations exactes sur toutes celles qui ont paru jusqu’à présent, on seroit peut-être assez instruit de leur différente nature & des remedes qui ont été employés avec succès dans chaque espece, pour pouvoir par analogie appliquer une curation presque sûre à chacune de celles qui paroîtroient dans la suite ; car il est très-vraissemblable qu’il ne s’en établit pas toûjours qui soient absolument nouvelles par rapport au passé ; leur variété est peut-être épuisée. Il est donc très-important pou le genre humain qu’on travaille à suppléer à ce qui manque à cet égard. On ne sauroit assez exhorter tous les Medecins, qui ont à cœur l’avancement de leur art, à faire l’histoire de toutes les maladies épidémiques qu’ils ont occasion de traiter ; à les décrire avec exactitude & sincérité ; à en bien observer toutes les circonstances ; à ne pas négliger de faire mention des lieux, des climats où ils pratiquent, des accidens qui ont pû faire naître l’épidémie, de la saison où elle regne, de la constitution de l’air, & de ses variétés déterminées par l’inspection du barometre, du thermometre, & de l’hygrometre, autant que faire se peut, & en un mot de prendre pour modeles, dans ces sortes d’observations, celles du plus ancien & du plus grand medecin connu, du sage Hippocrate, qui a le premier senti la nécessité de les faire, & qui nous a laissé sur ce sujet des écrits immortels ; celles de l’Hippocrate moderne, Sydenham, qui est presque le seul, dans un si long espace de tems, qui ait marché à cet égard sur les traces du pere de la Medecine, & qui a donné un exemple, que l’on doit se faire un devoir de suivre dans tous les siecles ; celles de la société d’Edimbourg, &c. Voyez l’article Air, & ce qui est dit de cet élément comme cause des maladies épidémiques. (d)

* Epidemies, adj. pris subst. fêtes instituées dans Argos en l’honneur de Junon, & dans les villes de Milet & de Délos, en l’honneur d’Apollon. Les épidémies étoient comme les fêtes de la présence du dieu. Les payens croyoient que leurs divinités, sensibles aux cérémonies de l’évocation, se transpor-

toient au milieu d’eux ; & ils les honoroient par des fêtes & des sacrifices.

EPIDERME, s. m. & par quelques-uns f. (Anat.) Cette pellicule fine, transparente, & insensible, qui recouvre extérieurement toute la peau à laquelle elle est étroitement attachée, s’appelle épiderme, sur-peau, cuticule (voyez Cuticule) ; & pour en completer l’article, joignez-y du moins les observations suivantes, dans lesquelles on examine la structure de cette toile merveilleuse, qui enveloppe tout le corps humain, excepté les endroits occupés par les ongles.

Il faut remarquer dans l’épiderme, 1°. son union étroite avec la peau, dont on le sépare néanmoins dans les cadavres par le moyen de l’eau bouillante. Le feu, la brûlure, les vésicatoires, levent l’épiderme en maniere de vessies dans les sujets vivans. Quoiqu’il adhere fortement aux mammelons cutanés, & plus encore au corps réticulaire, dont il paroît être une portion, on peut cependant l’en séparer avec de l’eau chaude, ou, ce qui est mieux & qui l’altere moins, en le faisant tremper pendant quelque tems dans de l’eau froide. La séparation par le scalpel n’est pas impossible, mais elle ne découvre rien de sa structure.

2°. Sa régénération. Elle est évidente, prompte, & même surprenante, sans aucune marque de cicatrice, lorsque l’épiderme a été détaché par quelque cause externe ou interne. Il se régénere au palais de la bouche, après en avoir été enlevé par les alimens trop chauds ; il se régénere aussi par-tout ailleurs, même sous les emplâtres qu’on y applique ; enfin il se répare autant de fois qu’il a été détruit.

3°. Son origine ou sa formation. Elle est encore inconnue. Il ne faut pas s’imaginer, avec les anciens, que cette membrane soit produite par la condensation des vapeurs de la transpiration ; il ne faut pas non plus croire avec Morgagny, que l’action de l’air desséchant la surface de la peau, fasse naître l’épiderme, car il se trouve formé dans le fœtus avant qu’il ait vû le jour. Il vaudroit donc mieux attribuer, avec Leuwenhoek, l’origine de l’épiderme à l’expansion des conduits excrétoires de la peau ; ou avec Ruysch, à l’expansion des houppes nerveuses du même organe qui forment plusieurs petites lames en s’unissant ; ou avec Heister, à l’expansion des tuyaux excrétoires, & des papilles nerveuses réunies ; ou enfin avec M. Winslow, à une matiere qui suinte des mammelons.

4°. La substance. Elle paroît uniforme du côté de la peau, & composée au-dehors de plusieurs petites lames écailleuses d’une grande finesse, & très-étroitement unies, mais par-tout sans apparence de tissu fibreux ou vasculeux, excepté de petits filamens qui l’attachent aux mammelons. Cette substance est serrée, quoique susceptible de quelque gonflement ou épaississement, comme la simple macération dans l’eau commune, & les cloches ou ampoules qui s’élevent sur la peau par des vésicatoires, par la brûlure ou autrement, le font assez voir ; de sorte qu’à cet égard l’épiderme paroît être une espece de tissu spongieux ; il prête considérablement dans les enflures, mais il n’y résiste pas toûjours.

Les attouchemens durs & réitérés détachent l’épiderme plus ou moins imperceptiblement, & aussi-tôt il renaît une nouvelle couche qui soûleve la premiere, & à laquelle en pareil cas il arrive un pareil détachement par la naissance d’une troisieme couche nouvelle.

C’est à-peu-près de cette maniere que se forment les callosités aux piés, aux mains & aux genoux, & qu’arrive la pluralité des lames ou couches que quelques anatomistes ont prises pour être naturelles.

En effet, les callosités ne sont autre chose que des