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Romanus, Graïusque, ac barbarus induperator.

Juven. sat. x. v. 138.

& au vers 29 de la quatrieme satyre, il dit :

Quales tunc epulas ipsum glutîsse putemus
Induperatorem.

On trouve aussi relliquias pour reliquias. Ce sont autant d’exemples de l’épenthese. (F)

EPERIES, (Géog. mod.) ville de la haute Hongrie ; c’est la capitale du comté de Saros : elle est située sur la Tarza. Long. 38. 36. lat. 48. 50.

EPERLAN, s. m. eperlanus, (Hist. nat. Icthiol.) poisson ainsi nommé, parce qu’il a une belle couleur de perle. Il se trouve aux embouchures des rivieres qui se jettent dans l’Océan. Il y en a de deux sortes ; l’une est dans la mer, sur les rivages ; l’autre dans les rivieres. L’éperlan ressemble aux petits merlans : sa longueur ne va guere au-delà d’un demi-pié : il a le corps mince & rond, & la bouche grande & garnie de dents. Ses nageoires sont semblables à celles des saumons ; la derniere du dos est ronde & épaisse. La chair de l’éperlan est transparente, & a une odeur de violette : on le pêche à la fin de l’été & au commencement de l’automne. Rond. hist. des poissons. Voyez Poisson. (I)

Eperlan, (Diete.) Il nourrit médiocrement, & se digere facilement ; il est estimé apéritif, & propre pour la pierre & pour la gravelle.

On ne remarque point qu’il produise de mauvais effets : il contient beaucoup d’huile & de sel volatil.

Il convient en tout tems, à toute sorte d’âge & de tempérament.

* EPERLIN, s. m. (Fontaines salantes.) C’est ainsi qu’on appelle dans les fontaines salantes, des rouleaux de bois d’un pouce & demi de diametre ou environ, qu’on établit entre les bourbons & la poîle, pour la contenir, & résister autant qu’il est possible aux efforts du feu.

EPERON, s. m. (Manége.) L’éperon est une piece de fer, ou une sorte d’aiguillon, quelquefois à une seule pointe, communément à plusieurs, dont chaque talon du cavalier est armé, & dont il se sert comme d’un instrument très-propre à aider le cheval dans de certains cas, & le plus souvent à le châtier dans d’autres.

Il n’est pas douteux que les anciens avoient des éperons, & qu’ils en faisoient usage. Les Grecs les appelloient τῷ κέντρῳ, calcari cruentare. Virgile, ainsi que Silius Italicus, nous les désignent par cette expression, ferratâ calce :

Quadrupedemque citum ferratâ calce fatigat,

dit le premier ;

& le second :

Ferratâ calce, atque effusâ largus habenâ
Cunctantem impellebat equum.

Térence en fait aussi mention, contra stimulum ut calces. Cicéron encore caractérise cet instrument par le mot de calcar ; il l’employe même dans un sens métaphorique, tel que celui dans lequel Aristote parloit de Callisthene & de Théophraste, lorsqu’il disoit que le premier avoit besoin d’aiguillon pour être excité, & l’autre d’un frein pour le retenir. Il paroît donc que l’usage des éperons pris dans le sens naturel, étoit anciennement très-fréquent : nous n’en voyons cependant aucune trace dans les monumens qui nous restent, & sur lesquels le tems n’a point eu de prise ; mais on doit croire, après les autorités que nous venons de rapporter, que cette armure ne consistant alors que dans une petite pointe de fer sortant en-arriere du talon, on a négligé de la marquer & de la représenter sur les marbres & sur les bronzes.

Le pere de Montfaucon est de ce sentiment : nous trouvons dans son ouvrage une gravure qui nous offre l’image d’un ancien éperon. Ce n’est autre chose qu’une pointe attachée à un demi-cercle de fer qui s’ajustoit dans la caliga, ou dans le campagus, ou dans l’ocrea, chaussures en usage dans ces tems, & qui tantôt étoient fermées & tantôt ouvertes. A une des extrémités du demi-cercle étoit une sorte de crochet qui s’inséroit d’un côté. Le moyen de cette insertion ne nous est pas néanmoins connu. L’autre bout étoit terminé par une tête d’homine.

Autrefois les éperons étoient une marque de distinction dont les gens de la cour étoient même jaloux. Plusieurs ecclésiastiques, peu empressés d’édifier le peuple par leur modestie, en portoient, à leur imitation, sans doute pour s’attirer des hommages que les personnes sensées leur refusoient, & qu’elles leur auroient plûtôt rendus en faveur du soin avec lequel ils se seroient tenus dans les bornes de leur état, qu’eu égard à ces vains ornemens dont ils se paroient. Louis le Débonnaire crut devoir réprimer en eux cette vanité puérile, qui cherche toûjours à se faire valoir & à se faire remarquer par de petites choses. Des évêques assemblés qui pensoient, comme Flechier, que tout ce qui n’a que le monde pour fondement, se dissipe & s’évanouit avec le monde, condamnerent & réprouverent hautement ces témoignages d’orgueil dans des hommes destinés à prêcher l’humilité, non-seulement par leurs discours, mais par leur exemple.

Ce qui fait le plus de honte à l’humanité, est l’attention & le besoin que l’on eut dans tous les siecles de s’annoncer plûtôt par ses titres que par son mérite. L’éperon doré établissoit la différence qui regne entre le chevalier & l’écuyer : celui-ci ne pouvoit le porter qu’argenté. Je ne sai si la grosseur de ce fer, & l’énorme longueur du collet, étoit encore une preuve de bravoure & une marque d’honneur accordées aux grands hommes de guerre ; en ce cas, à en juger par les éperons dont on a décoré les talons de Gatta Mela général Vénitien, dans sa statue élevée vis-à-vis la porte de l’église de S. Antoine de Padoue, on devroit le regarder comme infiniment supérieur en ce genre aux grands Condé, aux Luxembourg, aux Eugene, aux maréchaux de Turenne & de Saxe.

Ne considérons ici l’éperon que relativement à l’usage que nous en faisons, & non relativement à ces magnifiques bagatelles. Il en est de différentes sortes, de plus ou moins simples ; & de plus ou moins composés. Nous en avons vû qui ne consistoient qu’en une petite tige de fer longue de quelques lignes ; cette tige terminée par un bout en une extrémité saillante, ou en plusieurs pointes disposées en couronne, & fermement arrêtée par son autre extrémité dans l’épaisseur de la partie de la botte qui revêt le haut du talon, & quelquefois dans le talon de la botte même, par une platine de métal qui lui sert de base. Cette espece d’aiguillon est très-défectueuse : 1°. on ne peut le séparer de la botte & le transporter à une autre : 2°. les pointes en étant fixes, portent au flanc du cheval qui en est frappé, une atteinte bien plus cruelle que si elles étoient mobiles : 3°. le cavalier voulant marcher avec cette chaussure, se trouve en quelque maniere engagé dans des entraves dont il ne peut se débarrasser, sur-tout s’il n’a pas contracté l’habitude de cheminer en botte. Quelques éperonniers, dans l’espérance de remédier à ces inconvéniens, ont d’une part arrêté simplement par vis cette tige aiguë dans la platine, de sorte qu’elle peut en être enlevée ; & de l’autre ils l’ont refendue en chappe, & ont substitué à ces pointes une roue de métal qu’ils y ont montée en guise de poulie, & qu’ils ont refendue en plusieurs dents pareillement