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verses reprises ou à divers tems, comme cela se pratique quand on travaille par sous œuvre. (P)

EPAULEMENT, s. m. en terme de Fortification, est un ouvrage ou une élévation de terre qui sert à couvrir du canon de l’ennemi. Ainsi on appelle épaulement tout parapet à l’abri duquel on peut faire le service ; c’est pourquoi, dans l’artillerie, le parapet des batteries est appellé épaulement. Voyez Batterie.

C’est encore la partie avancée d’un flanc couvert, non arrondie. Voyez Orillon.

Il étoit autrefois d’usage de faire des épaulemens dans les siéges pour couvrir la cavalerie du canon de l’assiégé : mais cette coûtume ne subsiste plus. (Q)

Epaulement, (Charpente.) sert à couvrir un des côtés de la mortoise, & il se fait en recran d’un côté, d’environ un pouce, de la largeur du tenon. Voyez les Planches du Charpentier.

EPAULER un Cheval, (Manége, Maréchall.) c’est occasionner dans l’une ou l’autre de ses épaules un mal qui le rend incapable de service. Ce mot pris néanmoins dans son véritable sens, ne doit être appliqué que dans le cas où ce mal est incurable, soit par sa propre nature, soit par ses progrès communément favorisés par ceux à qui le traitement en est dévolu. Ainsi un cheval épaulé est véritablement un cheval inutile, qui ne sera jamais d’aucun usage. (e)

EPAULIERES, s. f. pl. (Bas au métier.) parties du métier à faire des bas. Voyez l’article Bas au métier.

* EPAULIES, s. m. pl. c’est ainsi que les Grecs appelloient le lendemain des noces. Ce jour les parens & les conviés faisoient des présens aux nouveaux mariés. On l’appelloit épaulie, de ce que l’épouse n’habitoit la maison de son époux que de ce jour. On donnoit le même nom aux présens, surtout aux meubles que le mari recevoit de son beau-pere. Ces présens se transportoient publiquement & en cérémonie ; un jeune homme, vêtu de blanc & portant à la main un flambeau allumé, précédoit la marche.

* EPEAUTRE, s. m. (Agriculture.) espece de froment dont le grain est petit & plus brun qu’au froment ordinaire. On en distingue de deux sortes ; le simple, & celui qui a double bourre & toûjours deux grains dans chaque gousse. On en fait du pain qui n’est pas desagréable au goût, mais qui est lourd à l’estomac. Les anciens en composoient leur fromentée, espece de bouillie qu’ils ont beaucoup vantée, & l’on en fait aujourd’hui en quelques endroits de la bierre. L’épeautre est un grain moyen entre le froment & l’orge. La plante ressemble beaucoup à celle du froment ; elle a le tuyau plus mince, l’épi plat & uni, le grain jetté seulement de deux côtés, & une barbe longue & déliée. On donne encore le nom d’épeautre à une espece de seigle blanc.

* EPECHER poîle, (Fontaines salantes.) c’est à la fin d’une remandure, (voyez Remandure) puiser le reste de la muire (voyez Muire) qui se trouve au fond de la poîle, & la porter aux cuves ou reservoirs, pour y fortifier les eaux foibles. V. Saline.

EPÉE, s. f. (Escrime.) arme offensive qu’on porte au côté, enfermée dans un fourreau, qui perce, pique & coupe, & qui est en usage chez presque toutes les nations. Elle est composée d’une lame, d’une garde, d’une poignée & d’un pommeau ; à quoi l’on peut ajoûter la tranche de la garde, le fourreau, le crochet & le bout. Voyez Garde, Fourreau.

La lame est un morceau de fer ou d’acier qui a deux tranchans, deux plats, une pointe, & la soie.

Le tranchant (en terme d’escrime le vrai tranchant) est la partie de la lame avec laquelle on se

défend ; c’est celui qui est du côté gauche de la lame, quand on a l’épée placée dans la main.

Le faux tranchant, est celui dont on fait rarement usage, & qui est du côté droit de la lame.

Le tranchant se divise en trois parties, qu’on appelle le talon, le foible, & le fort.

Le talon, est le tiers du tranchant le plus près de la garde.

Le foible, est le tiers du tranchant qui fait l’extrémité de la lame.

Le fort, est le tiers du tranchant qui est entre le foible & le talon.

Le plat, est la partie de la lame qui est entre les deux tranchans.

La pointe, est la partie de la lame avec laquelle on perce l’ennemi.

La soie, est la partie de la lame qui enfile la garde, la poignée, & le pommeau.

La garde, est la partie de l’épée qui garantit la main.

La poignée, est la partie de l’épée avec laquelle on la tient.

Le pommeau, est la partie de l’épée à l’extrémité de laquelle on rive la soie, & où elle est attachée.

Les maîtres en fait d’armes divisent encore l’épée en trois parties, la haute, la moyenne & la basse, & en fort, mi-fort & foible. Le fort de l’épée est la partie la plus proche de la garde. Le mi-fort gît au milieu & aux environs de la lame, & le foible est le reste qui va jusqu’à la pointe. Ils divisent de même le corps en trois, dont la partie haute comprend la tête, la gorge & les épaules ; la moyenne, la poitrine, l’estomac & le ventre supérieur ; & la basse, le ventre inférieur & au défaut jusque vers le milieu des cuisses. Voyez Escrime.

Epée à deux mains ou espadon, est une large épée qu’on tient à deux mains, & qu’on tourne si vîte & si adroitement, qu’on en demeure toûjours couvert.

Il y a des épées quarrées, il y en a de plates, de longues & de courtes.

Les sauvages du Mexique, dans le tems que les Espagnols y aborderent pour la premiere fois, n’avoient que des épées de bois, dont ils se servoient avec autant d’avantage que nous des nôtres.

En Espagne, la longueur des épées est fixée par autorité publique. Les anciens chevaliers donnoient des noms à leurs épées : celle de Charlemagne s’appelloit joyeuse, celle de Roland durandal, &c.

Les épées dans les premiers tems de la troisieme race de nos rois devoient être larges, fortes, & d’une bonne trempe, pour ne point se casser sur les casques & sur les cuirasses, qui faisoient tant de résistance ; & telle fut celle de Godefroy de Bouillon, dont quelques histoires de croisades disent, qu’il fendoit un homme en deux. La même chose est racontée de l’empereur Conrad au siége de Damas.

M. Ducange dit que ces faits, tout incroyables qu’ils paroissent, ne lui semblerent plus tout-à-fait hors de vraissemblance depuis qu’il eut vû à saint Faron de Meaux une épée antique que l’on dit avoir été celle d’Ogier le Danois, si fameux du tems de Charlemagne, au moins dans les romans, tant cette épée est pesante, & tant par conséquent elle supposoit de force dans celui qui la manioit. Le P. Mabillon qui l’a fait peser, dit qu’elle pese cinq livres & un quarteron. Histoire de la milice françoise. M. le maréchal de Puysegur prétend que l’épée est une arme inutile & embarrassante au soldat. Voyez Armes. (Q)

Epée, (Hist. mod.) ordre de chevalerie, autrefois en honneur dans l’île de Chypre, où il fut institué par Guy de Lusignan, qui avoit acheté cette île de Richard, roi d’Angleterre, en 1192. Les chevaliers de cet ordre portoient un collier composé de cordons