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& le rubis, le soufre ou la cire d’Espagne ? Qu’importe alors que ce soit la pierre gravée même qu’on possede, ou sa parfaite ressemblance ? Qu’importe enfin la valeur de l’original ? ce n’est presque qu’une valeur idéale & fictive, comme de tant d’autres choses de la vie. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

En général le mot empreinte peut avoir deux sens différens : l’un, lorsqu’il signifie une chose gravée pour en imprimer d’autres, comme est un cachet ; l’autre, lorsqu’il signifie la marque & la figure tirée de la premiere, comme est la cire imprimée par le cachet. Quand on veut faire des médailles d’or, d’argent ou de cuivre, l’on imprime une plaque de plomb ou d’étain entre les deux quarrés ou creux de la médaille ; & ce morceau de plomb ayant reçû la figure, s’appelle l’empreinte, & sert pour être imprimé dans le sable, où l’on fait ensuite des médailles de tel métal qu’on veut. Voyez Gravure en Cachets & sur l’acier.

Empreinte ou Calibre, outil de bois, du métier de Potier d’étain, & qui sert à tenir les pieces qu’on doit tourner. Quelques-uns nomment ceux qui servent à tourner la vaisselle, empreintes ; & ceux qui servent à tourner les pots ou les pieces de menuiserie, calibres : & d’autres les nomment tous en général, empreintes. Ceux qui servent pour la vaisselle, doivent être de bois de travers : le noyer en table est le meilleur. Ils doivent être creusés de la grandeur & de la forme des pieces qui s’emboîtent dedans, & qui y tiennent par le moyen de trois crampons de fer qui prennent la piece sur le dehors du bord Il faut avoir autant d’empreintes différentes, que l’on a de différentes grandeurs de moules. Ces empreintes, ainsi que les calibres, tiennent sur l’arbre du tour, par le moyen d’une gaîne, qui est un trou quarré dans lequel entre le mandrin de l’arbre du tour. Voyez Gaîne & Mandrin. Ceux qui servent à tourner la poterie ou menuiserie, sont de bois de long, & tournés sur le tour à proportion de la grosseur des pieces qu’il faut tourner dessus. Toutes ces empreintes s’ôtent & se remettent selon le besoin. Voyez Tourner l’Étain.

Empreinte à couteaux ou empreinte plate, c’est une empreinte qui sert à tourner les bas de pots à l’eau avant de les souder, & les bouches après qu’ils sont soudés, les dedans d’aiguerres, de port-dînés, &c. Ce qui lui fait donner ce nom, c’est qu’il y a trois vis qui se traversent avec chacune un écrou par-derriere. Ces écrous lâchent ou serrent trois crampons plats qu’on appelle couteaux, qui prennent le pié des pieces qu’on dresse dessus l’empreinte, pour les tourner en les serrant, & qu’on ôte en les desserrant.

EMPRIMERIE, s. f. (Tannerie.) c’est le nom d’une grande cuve où l’on met les cuirs en coudrement. Voyez l’article Tanner.

EMPROSTOTHONOS, s. m. (Medecine.) c’est un mot grec composé de ἔμπροσθεν, devant, & de τόνος, roideur, tension. Il sert à désigner une espece de maladie spasmodique, dans laquelle tout le corps est tellement plié, courbé en-avant, que les piés s’approchent de la tête, ensorte qu’il prend la forme d’un arc. Les malades sont forcés à rester immobiles dans cette posture, leur respiration est très-gênée.

Cette maladie dépend d’une contraction tonique des muscles fléchisseurs de la tête, du cou, du thorax & des lombes, mais sur-tout de celle des mastoïdiens, qui sont quelquefois seuls affectés dans l’emprostothonos, qui ne consiste alors que dans la flexion de la tête qui est fortement tirée sur la poitrine, de maniere que le menton est constamment appliqué contre le sternum. Il en est de même lorsque le spasme s’étend à tous les muscles mentionnés.

L’emprostothonos est quelquefois causé, selon Gesner, par la ciguë aquatique, & par les vapeurs métalliques.

Cette espece de spasme est très-familier aux Indiens, selon Bontius, de med. ind. Elle fait passer ceux qui en sont attaqués, pour des maniaques. Elle est accompagnée de vives douleurs par tout le corps, avec difficulté d’avaler, de respirer. Ils ont le visage violet, le regard féroce. Ils ont de fréquens grincemens de dents. On les entend murmurer comme si la voix venoit d’un lieu soûterrein.

Cette maladie demande le même traitement que le tétane, c’est-à-dire le spasme universel. Les copieuses & fréquentes saignées sont ordinairement indiquées. On peut employer avec succès les ligatures, les frictions, les onctions spiritueuses sur l’épine du dos, les ventouses, les lavemens acres. Le laudanum & l’extrait de safran produisent aussi de bons effets, s’ils sont placés dès le commencement de la maladie. M. Lazerme professeur & celebre praticien de Montpellier, recommande l’usage de l’antimoine diaphorétique, dont il a éprouvé plusieurs fois de très-bons effets dans le traitement de cette maladie. Voyez Convulsion, Spasme, Tétane. (d)

EMPRUNT, (Jurisprud.) terme relatif à celui de prêt. Celui qui a besoin d’argent, fait un emprunt : celui qui lui fournit l’argent, fait un prêt. Voyez Prêt.

Emprunt à constitution de rente, c’est lorsque celui qui emprunte une somme de deniers, se charge envers le prêteur de lui payer jusqu’au remboursement une rente, pour lui tenir lieu des intérêts ou fruits de cette somme.

Emprunt au denier vingt, trente, quarante, &c. c’est lorsque l’on emprunte à constitution de rente, & que le denier ou taux de la rente est fixé au vingtieme. trentieme ou quarantieme du principal. Voyez Constitution de Rente & Rente constituée.

Emprunt de territoire, c’est lorsqu’une jurisdiction tient ses séances ordinaires, ou fait quelqu’autre acte dans un territoire qui n’est pas le sien, & qui dépend d’une autre jurisdiction. C’est ainsi que le parlement de Dombes, créé par François I. en 1523, dans le tems qu’il joüissoit de la principauté de Dombes par droit de conquête, tint ses séances à Lyon par emprunt de territoire, non-seulement jusqu’en 1560 que la Dombes fut restituée à ses légitimes souverains, mais même encore depuis ce tems jusqu’en 1693, qu’il fut transféré à Trévoux, où il est présentement ; ensorte que dans le premier tems il y avoit emprunt de territoire dans une autre jurisdiction, & dans le second ce même emprunt étoit fait tout-à-la-fois & dans une autre jurisdiction & dans une autre souveraineté. Voyez Territoire emprunté. (A)

Emprunt, (Finance.) c’est une prompte ressource pour se procurer des fonds, lorsque l’on a la confiance publique. Dans les tems malheureux les emprunts sont difficiles, & l’on ne les propose plus ouvertement ; c’eit toûjours sous des formes différentes qui font illusion, mais le prestige ne dure pas longtems : alors le crédit se perd, on est obligé d’avoir recours à des expédiens forcés & onéreux.

Les emprunts engagent l’état & le chargent de dettes, & de l’emprunt résultent les intérêts & usures. Voyez Intérêts.

Il y a de deux especes d’emprunts ; les uns se font sur des effets dont le fonds est exigible, & les autres sur des rentes ou gages dont le fonds est aliéné.

Les premiers sont pour être remboursés à volonté, comme étoient anciennement les billets de la caisse des emprunts, les billets de monnoie, de Legendre,