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gorgemens dans les vaisseaux, sont souvent les tristes suites de cette compression. Combien de poitrines foibles & d’estomacs débiles, parce que les vaisseaux qui distribuent les liqueurs dans ces visceres, sont privés de leur ressort pour avoir été trop comprimés dans le maillot ?

5°. Les enfans nouveaux-nés, comme le remarque encore M. de Buffon, dorment la plus grande partie du jour & de la nuit dans les premiers tems de leur vie, & semblent n’être réveillés que par la douleur & par la faim : aussi les plaintes & les cris succedent presque toûjours à leur sommeil. Obligés de demeurer dans la même situation, & toûjours contraints par les entraves du maillot, cette situation leur devient fatigante & douloureuse après un certain tems ; ils sont mouillés & souvent refroidis par leurs excrémens, dont l’âcreté offense leur peau qui est fine & délicate, & par conséquent très-sensible. Dans cet état les enfans ne font que des efforts impuissans ; ils n’ont dans leur foiblesse que l’expression des gémissemens, pour demander du soulagement ; si on les abandonne, si on leur refuse un prompt secours, alors ces petits infortunés entrent dans une sorte de desespoir, ils font tous les efforts dont ils sont capables, ils poussent des cris qui durent autant que leurs forces ; enfin ces excès leur causent des maladies, ou du moins les mettent dans un état de fatigue & d’abattement, qui dérange leur constitution, & qui peut même influer sur leur caractere.

C’est un bonheur quand la nourrice est assez tendre & assez active pour secourir un peu fréquemment l’enfant gémissant confié à ses soins ; mais le nombre & la longueur des bandages, la peine que trouve cette nourrice à défaire & à remettre perpétuellement ces bandes, l’empêche de visiter, de remuer, de changer ce malheureux enfant aussi souvent que le besoin l’exige ; devenue par l’habitude insensible à ses cris, elle le laisse long-tems dans ses ordures, & se contente de le bercer pour l’endormir. En un mot, il n’y a que la tendresse maternelle qui soit capable de cette vigilance continuelle, & de ces sortes d’attentions, qui sont ici si nécessaires : peut-on l’espérer dans les villes & dans les campagnes, de nourrices grossieres & mercenaires, qui prennent à l’enfant un médiocre intérêt ? peut-on même s’en flater toûjours dans sa maison & dans son domestique ?

Il faudroit donc prévenir sérieusement les accidens que je viens de détailler, en tâchant de suppléer au maillot par de meilleures ressources ; & ce n’est pas une chose indifférente à la société, qu’une recherche de cette espece : en attendant qu’un digne citoyen s’y dévoue, indiquons au moins quelques sages précautions qu’on doit suivre dans la méthode ordinaire de l’emmaillottement.

Pour bien emmaillotter un enfant, il convient d’abord de lui coucher le corps en ligne directe, puis lui étendre également les bras & les jambes, ensuite tourner autour du corps les langes & les bandes en petit nombre sans les trop tirer, car il faut qu’elles ne fassent que contenir simplement ce qu’elles environnent, sur-tout la poitrine & l’estomac qui doivent être à leur aise. Souvent les vomissemens & la difficulté de respirer des enfans, viennent de ce que dans le maillot on leur serre trop la région de ces deux visceres ; il est difficile pour lors que les vomissemens ne succedent, parce que le foie proportionnellement plus grand dans les enfans que dans les adultes, étant comprimé, presse le fond de l’estomac & en produit le renversement convulsif ; il est difficile aussi que les poumons s’étendent convenablement pour la respiration.

Quand on emmaillotte un enfant, il est bon de

tourner chaque jour les bandes d’une maniere différente de celle dont on les a tournées le jour précédent, c’est-à-dire les tourner un jour de droite à gauche, & l’autre jour de gauche à droite, afin d’éviter dans la taille & dans les extrémités une conformation vicieuse.

Je conseille encore beaucoup d’avoir soin de placer les membres d’un enfant dans une situation droite à chaque tour de bande, pour éviter les inconvéniens qui résulteroient d’une fausse position ; inconvéniens qui peuvent influer sur sa santé, & qui influent certainement sur la conformation du corps. Plusieurs enfans ne sont souvent cagneux, & n’ont les piés en-dedans, que par la mal-façon de l’emmaillottement. Par exemple, les nourrices en emmaillottant les enfans, leur fixent d’ordinaire les piés pointe contre pointe, au lieu de les fixer plûtôt talon contre talon, comme elles pourroient faire aisément par le moyen d’un petit coussin, engagé entre les deux piés de l’enfant, & figuré en forme de cœur, dont la pointe seroit mise entre les deux talons de l’enfant, & la base entre les deux extrémités des piés.

Il est aussi très-essentiel de changer souvent les bandes & les langes, pour éviter la malpropreté & conserver à l’enfant sa gaieté & sa santé. La longueur des langes & la multiplicité de leurs tours, est une méthode qui entraîne plusieurs inconvéniens, & ne produit aucun avantage : on ne sauroit trop simplifier une opération dont l’exécution doit être répétée perpétuellement nuit & jour, en tous lieux, & par toutes sortes de mains.

Enfin quand l’enfant est emmaillotté avec le soin & les reserves que nous venons d’indiquer, il y a deux précautions principales à avoir ; l’une, lorsqu’on le pose dans le berceau ; & l’autre, lorsqu’on le tient entre les bras. La premiere précaution est de le coucher de maniere que son corps ne porte point à faux ; sans cela on expose la taille de l’enfant à contracter quelque bosse. La seconde est de le porter tantôt sur un bras, tantôt sur l’autre, de peur qu’étant toûjours porté sur un même bras, il ne se panche toûjours d’un même côté, ce qui peut lui rendre la taille de travers. Je ne dis rien ici que de simple & de facile à concevoir, mais je parle de choses utiles & qui intéressent tout le monde. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EMMANCHÉ, adj. (Art méch.) il se dit en général de tout ce qui a un manche ou une poignée amovible. Voyez Manche & Poignée.

Emmanché, terme de Blason ; il se dit des haches, des faulx, des marteaux, & des autres choses qui ont un manche.

Faouc en Normandie, d’azur à trois faux d’argent emmanchées d’or.

EMMANEQUINER, v. act. (Jardin.) c’est renfermer les racines d’un végétal dans un manequin fait exprès de ramilles de saule & d’osier, pour en conserver la motte de terre, & la transporter à l’endroit où on a dessein de le planter. (K)

* EMMANUEL, (Hist. sainte.) terme hébreu qui signifie Dieu avec nous. Dans la prophétie où Isaïe annonce à Achaz la naissance du Messie d’une mere vierge, il est dit que cet enfant s’appellera & sera réellement Emmanuel ; & S. Matthieu montre l’accomplissement de cette prophétie en Jesus-Christ, qui par la réunion de la nature divine avec la nature humaine, fut, s’il est permis de s’exprimer ainsi en françois, Dieu avec nous.

EMMARINER un vaisseau, (Marine.) c’est le garnir de monde, & le mettre en état de naviguer.

Gens emmarinés se dit de ceux qui sont faits & accoûtumés à la mer, & n’y sont plus incommodés. (Z)