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nique pas avec l’évêque de Rome, est comme séparé de cette unité : ç’a toûjours été la marque distinctive du schisme que de rompre avec l’église de Rome, soit dans l’unité de doctrine, soit dans l’ordre de la hiérarchie ecclésiastique. Voyez Schisme, Primauté, Pape, Unité, &c.

L’église d’Afrique avoit un grand nombre de chaires épiscopales, comme il paroît par l’histoire des Donatistes. Quelques-uns en comptent jusqu’à huit cents ; elle la donné à l’Eglise des docteurs illustres. Il suffit de nommer S. Cyprien, S. Augustin, S. Fulgence, pour rappeller au lecteur l’idée du génie sublime réuni à celle de la plus éminente piété. L’irruption des Goths & des Vandales attachés à l’Arianisme, & chassés à leur tour de cette partie du monde par les Sarrasins, y a aboli la véritable religion. Dieu retranche à son gré les lumieres, & permet les ténebres, sur-tout quand on rejette les unes, & qu’on appelle les autres.

L’église gallicane a de tout tems été une des portions des plus florissantes de l’Eglise universelle. Son attachement constant au S. Siege, sans altérer celui qu’elle devoit à l’ancienne discipline de l’Eglise ; son zele contre les hérésies, égal à celui qu’elle a témoigné contre les innovations, contraires à l’esprit des conciles & des canons ; sa fidélité pour nos rois ; la protection qu’elle a accordée aux bonnes lettres, & le nombre infini d’hommes célebres par leur savoir & par leur piété qu’elle a produits dans tous les tems, seront à jamais des monumens de sa gloire. Le P. de Longueval, jésuite, nous en a donné une histoire, continuée par les PP. de Fontenay, Brumoy, Berthier, ses confreres. Voyez Bible.

Eglise, considérée par rapport à l’Architecture, est un grand édifice oblong, destiné parmi les Chrétiens à la priere publique. Elle est ordinairement en forme de vaisseau, & a un chœur, un autel, une nef, des bas côtés, des chapelles, une tour ou clocher. Voyez chacun de ces mots à sa place.

Les anciens ont mis quelque différence entre l’Eglise prise pour l’assemblée de la société des fideles, & le lieu de cette assemblée ; & ils appelloient la premiere ἐκκλησία, & l’autre ἐκκλησιαστήριον. Aliud est, dit Isidore de Peluse, ἐκκλησία, aliud ἐκκλησιαστήριον ; nam ea ex immaculatis animis constat, hæc autem ex lapidibus & lignis exædificatur. Ils donnoient aussi différens noms aux églises ; les Grecs les nommoient κυριακὸν, d’où les Latins ont fait dominium & domus Dei ; les Saxons, kyrik ou kyrch ; les Ecossois & les Anglois, kyrk ou church, noms fort approchans du grec. Tertullien appelle l’Eglise la maison de la colombe, domus columbæ, pour marquer la simplicité & la pureté des mysteres qu’on y célébroit au grand jour, par opposition aux abominations que commettoient les Valentiniens dans leurs assemblées. On les appelloit aussi oratoires ou maisons de priere ; basiliques ou palais du Roi des rois. On ne leur donna jamais le nom de temples avant le quatrieme siecle, parce que ce titre étoit affecté aux lieux où les Payens adoroient leurs idoles ; encore moins ceux de delubrum ou de sanum, si particulierement affectés au paganisme. On trouve dans plusieurs peres les églises désignées par les noms de synodi, concilia, conciliabula, conventicula, termes relatifs aux assemblées qu’y tenoient les Chrétiens. Dans d’autres elles sont nommées martyriæ, memoriæ, apostolea, prophetea, soit parce que les corps des martyrs, des apôtres ou des prophetes y étoient inhumés, soit parce qu’elles étoient dédiées sous leur nom : on les trouve aussi, mais plus rarement, appellées cimetieres, cœmeteria ; & tables, mensæ ; & aires ou places, areæ. Le premier de ces noms vient de ce que dans la persécution les fideles s’assembloient dans des cavernes ou soûterreins où l’on avoit déjà en-

terré des martyrs. Le second tire son origine de la

table ou de l’autel destiné au sacrifice ; & le troisieme signifie encore un lieu destiné aux sépultures, areæ sepulturarum, dit Tertullien, ad Scapul. c. iij. On les appelloit encore cases, casæ, parce que les premieres églises étoient souvent des maisons particulieres, & situées à l’écart ou à la campagne ; tropæa, trophées des apôtres & des martyrs qui avoient courageusement défendu la foi ; titres, tituli, parce que, dit Baronius, étant marquées du signe de la croix, elles appartenoient à ce titre à Jesus-Christ ; ou, selon Joseph Mede, parce qu’en les dédiant on y inscrivoit le nom de Jesus-Christ, comme on désignoit les maisons & autres biens temporels, par les noms de leurs possesseurs. Enfin on les trouve, mais beaucoup plus rarement, nommés monasteres & tabernacles, monasteria & tabernacula. Bingham, crig. ecclesiastiq. tom. III. lib. VIII. cap. j. § 1. 2. 3. 4. & seq.

Une église simple, est celle qui consiste uniquement en une nef & un chœur.

Une église à bas côtés, est celle qui a à droite & à gauche une ou plusieurs rangs de portiques en maniere de galeries voûtées, avec des chapelles dans son pourtour.

Eglise en croix greque, est celle dont la longueur de la croisée est égale à celle de la nef. On la nomme ainsi, parce que la plûpart des églises greques sont bâties de cette maniere.

Eglise en croix latine, est celle dont la nef est plus longue que la croisée, telles que sont la plûpart des églises gothiques.

Eglise en rotonde, est celle dont le plan est un cercle parfait, à l’imitation du panthéon. Voyez Rotonde.

Pour la forme des anciennes églises des Grecs, voici quelles étoient leurs parties, lorsqu’il n’en manquoit aucune. Voyez la Planc. parmi celles d’antiquités. L’église étoit séparée, autant qu’il se pouvoit, de tous les édifices profanes ; éloignée du bruit, & environnée de tous côtés de cours, de jardins, ou de bâtimens dépendans de l’église même, qui tous étoient renfermés dans une enceinte de murailles. D’abord on trouvoit un portail ou premier vestibule, par où l’on entroit dans un pérystile, c’est-à-dire une cour quarrée, environnée de galeries ouvertes, comme sont les cloîtres des monasteres. Sous ces galeries se tenoient les pauvres, à qui l’on permettoit de mandier à la porte des églises ; & au milieu de la cour étoit une ou plusieurs fontaines, pour se laver les mains & le visage avant la priere : les benitiers y ont succédé. Au fond étoit le porche ou portique, qu’ils appelloient πρόναος, qui étoit orné de colomnes en-dehors, & fermé en-dedans d’une muraille, au milieu de laquelle étoit une porte par laquelle on entroit dans un second portique. Le premier étoit destiné pour les énergumenes & les pénitens qui étoient encore dans la premiere classe. Le second étoit beaucoup plus large, & destiné pour les pénitens de la seconde classe. & pour les catéchumenes : on l’appelloit νάρθηξ, ferula, parce que ceux qui étoient dans ce portique, commençoient à être sujets à la discipline de l’église. Ces deux portiques prenoient à-peu-près le tiers de la longueur totale de l’église. Près de la basilique, en-dehors, étoient deux bâtimens séparés ; savoir le baptistere & le diaconium, sacristie, ou thresor. Du narthex on entroit par trois portes dans l’église, qui étoit partagée en trois, selon la largeur, par deux rangs de colonnes qui soûtenoient des galeries des deux côtés, & dont le milieu formoit la nef : c’étoit où se plaçoit le peuple, les hommes d’un côté & les femmes de l’autre. Avant que d’arriver à l’autel, étoit un retranchement de bois qu’on nommoit en grec χόρος, & en