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sager, au lieu que le mot éclipser qui en est dérivé, désigne un obscurcissement total & durable, comme dans ce vers :

Tel brille au second rang, qui s’éclipse au premier. (O)

Eclipser le Fief, ou l’Eclicher, (Jurispr.) c’est-à-dire le démembrer. Coûtume de Melun, article 100. Le fief ne peut être démembré ou éclipsé, &c. Voy. Eclipser & Eclicher, voyez Démembrement & Fief. (A)

ECLIPTIQUE, eclipticus, pris adj. (Astronomie.) se dit de ce qui appartient aux éclipses. Voyez Eclipse.

Toutes les nouvelles & pleines Lunes ne sont pas écliptiques, c’est à-dire qu’il n’arrive pas des éclipses à toutes les nouvelles & pleines Lunes. Voyez-en la raison au mot Eclipse.

Termes écliptiques, termini ecliptici, signifient l’espace d’environ quinze degrés, à compter des nœuds de la Lune, dans lequel quand la Lune se trouve en conjonction ou en opposition avec le Soleil, il peut y avoir une éclipse de Soleil ou de Lune, quoiqu’elle ne soit pas précisément dans les nœuds. Voyez Eclipse.

Doigts écliptiques. Voyez Doigt & Eclipse.

Ecliptique, sub. f. se dit plus particulierement d’un cercle ou d’une ligne sur la surface de la sphère du monde, dans laquelle le centre du Soleil paroît avancer par son mouvement propre : ou bien, c’est la ligne que le centre du Soleil paroît décrire dans sa periode annuelle. Voyez Soleil, &c.

Dans le systême de Copernic qui est aujourd’hui presque généralement reçû, le Soleil est immobile au centre du monde : ainsi c’est proprement la terre qui décrit l’écliptique ; mais il revient au même quant aux apparences, que ce soit la Terre ou le Soleil qui la décrive.

L’écliptique se nomme autrement orbite terrestre, ou orbite annuelle, ou grand orbe, en tant qu’on la regarde comme le cercle que la Terre décrit par son mouvement annuel. Elle est divisée en douze signes ou parties égales, dont on peut voir les noms à l’article Zodiaque, & dont la Terre parcourt environ un par mois. L’écliptique a aussi un axe, qui est perpendiculaire à ce grand cercle, & qui est différent de l’axe du monde ou de l’équateur, & les extrémités de cet axe s’appellent les poles de l’écliptique.

On appelle nœuds les endroits où l’écliptique est coupée par les orbites des planetes.

L’écliptique est ainsi nommée, à cause que toutes les éclipses arrivent quand la lune est dans ou proche les nœuds, c’est-à-dire proche de l’écliptique. Voyez Eclipse.

L’écliptique est placée obliquement par rapport à l’équateur, qu’elle coupe en deux points, c’est-à-dire, au commencement d’Aries & de Libra, & en deux parties égales : ainsi le Soleil est deux fois chaque année dans l’équateur ; le reste de l’année il est du côté du nord ou du côté du sud. Ces points qu’on nomme équinoctiaux, ne sont pas fixes, mais rétrogradent d’environ 50″ par an. V. Equinoxe & Précession.

Comme le point de l’écliptique qui a la plus grande déclinaison, par rapport à l’équateur, est le point qui est éloigné d’un quart de cercle des points équinoctiaux, la distance de ce point à l’équateur est la mesure ou la quantité de l’obliquité de l’écliptique, c’est-à-dire, de l’angle formé par l’intersection de l’équateur & de l’écliptique.

L’obliquité de l’écliptique, ou l’angle qu’elle fait avec l’équateur, est d’environ 23° 29′ : les points de la plus grande déclinaison de chaque côté s’appellent points solstitiaux, par lesquels passent les

deux tropiques. Voyez Solstice, & Obliquité.

Voici la méthode d’observer la plus grande déclinaison de l’écliptique : vers le tems de l’un des solstices, observez avec l’exactitude la plus rigoureuse la plus grande hauteur méridienne, pendant plusieurs jours successivement ; de la plus grande hauteur observée, ôtez la hauteur de l’équateur ; le reste donne la plus grande déclinaison au point solstitial.

Ç’a été une grande question parmi les astronomes modernes, de sçavoir si l’obliquité de l’écliptique est fixe ou changeante. Il est certain que les observations des anciens astronomes la donnent considérablement plus grande que celles des modernes ; c’est pourquoi Purbachius, Regiomontanus, Copernic, Longomontan, Tycho, Snellius, Lansberge, Bouillaud, & plusieurs autres, ont crû qu’elle étoit variable.

Pour déterminer cette question, il a fallu comparer bien exactement les observations des Astronomes de tous les tems ; les principales sont celles de Pytheas, l’an avant J. C. 324, qui fait l’obliquité de l’écliptique = 23° 52′ 41″ ; celle d’Eratosthene, l’an 230, la donne de 23° 51′ 20″ ; & celle d’Hipparque, 140 ans avant J. C. la détermine à 23° 51′ 20″ : celle de Ptolomée, 140 ans après J. C. fait cette obliquité de 23° 51′ 20″ ; celle d’Albategnius, en 880, de 23° 35′ : Regiomontanus, en 1460, de 23° 30′ : Walterus, en 1476, de 23° 30′ : Copernic, en 1525, de 23° 28′ 24″ : Rothmannus, en 1570, de 23° 30′ 20″ : Tycho, en 1587, de 23° 30′ 22″ : Kepler, en 1627, de 23° 30′ 30″ : Gassendi, en 1636, de 23° 31′ : Riccioli, en 1646, de 23° 20′ 20″ : Hevelius de 23° 20′ 20″ : Mouton de 23° 30′ : & de la Hire, en 1702, de 23° 29′.

Après tout ce que l’on vient de dire, quoique les plus anciennes observations donnent une plus grande obliquité à l’écliptique que celle d’aujourd’hui, beaucoup d’astronomes ont crû néanmoins qu’elle étoit immuable : car ce ne fut que par méprise qu’Eratosthene conclut de ses observations que la plus grande déclinaison de l’écliptique étoit de 23° 51′ 20″ : par ces mêmes observations il n’auroit dû la mettre qu’à 23° 31′ 50″ : ainsi que Riccioli l’a fait voir. Gassendi & Peiresc ont remarqué la même inadvertance dans l’observation de Pytheas : Hipparque & Ptolomée ont suivi les erreurs d’Eratosthene & de Pytheas : & c’est ce qui a donné occasion aux auteurs dont nous avons parlé ci-dessus, de conclure que cette obliquité étoit continuellement décroissante.

Néanmoins le chevalier de Louville ayant examiné de nouveau cette question, fut d’un autre avis. Le résultat de ses recherches, qu’il a publiées dans les mém. de l’acad. royale des Sciences, pour l’année 1716, est que l’obliquité de l’écliptique diminue à raison d’une minute tous les cent ans. Les anciens n’avoient point égard aux réfractions dans leurs observations ; & de plus, selon eux, la parallaxe horisontale du Soleil étoit de 3′, au-lieu que les astronomes modernes la font de quelques secondes. Ces deux inexactitudes produisent beaucoup d’erreurs dans leurs observations ; aussi M. de Louville a-t-il été obligé de les corriger avant de pouvoir y compter.

Suivant une ancienne tradition des Egyptiens, dont Hérodote fait mention, l’écliptique avoit été autrefois perpendiculaire à l’équateur. Par les observations d’une longue suite d’années, ils estimerent que l’obliquité de l’écliptique diminuoit continuellement, ou, ce qui revient au même, que l’écliptique s’approchoit continuellement de l’équateur ; c’est ce qui leur fit conjecturer qu’au commencement ces