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trème le cheval juste à quelque beau manége, elle le rend incapable d’obéissance & de précision, le desunit, le jette sur la main, & falsifie enfin son appui,

Cette leçon est encore d’une véritable inutilité aux chevaux de guerre ; la vîtesse leur est en effet moins nécessaire qu’une rapidité médiocre & écoutée, suivie d’une grande franchise de bouche ; car on ne part pas à toute bride pour charger & pour attaquer l’ennemi, autrement les chevaux seroient hors d’haleine avant que les hommes en vinssent aux mains.

On échappe des chevaux qui falsifient leur galop. V. Galop.

On les part de la main, pour en empêcher les défenses. Voyez Fantaisie. (e)

Echapper, (Fauconn.) se dit d’un oiseau qu’on a en main, & qu’on lâche en plaine campagne pour le faire voler aux oiseaux de proie.

ECHARA ou ESCHARA, s. m. (Hist. nat.) corps marin de substance pierreuse, de couleur blanche, & de figure très-singuliere. Il est composé de lames plates contournées en différens sens, & criblé de trous disposés régulierement comme ceux d’un réseau : c’est pourquoi on a donné à l’eschara le nom de dentelle de mer, ou de manchette de Neptune. On le regardoit comme une plante, avant que M. Peissonel medecin de Marseille, eût découvert qu’il étoit formé par des insectes de mer, comme bien d’autres prétendues plantes marines. Voy. Polypier, plante marine. (I)

ECHARDONNER, (Jard.) c’est ôter les chardons d’une terre. (K)

* ECHARDONNOIR, s. m. (Œcon. rustiq.) petit crochet tranchant, emmanché au bout d’un bâton. On s’en sert pour nettoyer les terres des chardons & autres mauvaises herbes.

ECHARNER, v. act. terme de Corroyeur, le même que drayer. Voyez Drayer. Voyez aussi l’art. Corroyeur.

ECHARNURES, s. f. (Corroyeur.) morceau de cuir tanné, que le corroyeur a enlevé de dessus la peau qu’il corroye avec la drayoire, ou écharnoir. Les Corroyeurs se servent des écharnures pour essuyer le cuir quand il a été crêpi. Echarnure signifie aussi l’action de l’ouvrier qui écharne, & la façon qui se donne en écharnant.

ECHARNOIR, instrument de Corroyeur. Voyez Boutoir, & les fig. 3 & 4. Pl. du Corroyeur.

ECHARPE, s. f. terme de Marchand de modes, espece d’ajustement. Il faut distinguer dans l’écharpe le corps & les pendans, quoique l’un & l’autre tiennent ensemble. Le corps est fait comme celui de la mantille, & est beaucoup plus long ; il s’attache par en-haut au collet de la robe par-derriere, & vient par-devant se poser tout le long du parement, où il est arrêté : cet ajustement forme la coquille par en-bas, & vient se poser sur la botte de la manche, ce qui forme avec le falbala, une manchette de taffetas découpé. Les devants sont assujettis avec deux cordons, qui se nouent par derriere en-dessous du corps de l’écharpe. Les pendans sont attachés par-devant, & descendent des deux côtés, & sont faits comme une étole ; mais sont beaucoup plus larges, & garnis de falbalas, de frange de soie, ou de dentelle. Le derriere est aussi garni de plusieurs rangs de falbalas, de dentelle, &c.

La mode des écharpes est fort ancienne, & toutes les femmes en portoient autrefois.

* Echarpe (ordre de l’) Hist. mod. pendant la guerre que se firent Jean I. roi de Castille, & Jean I. roi de Portugal, les Anglois ayant assiégé Palancia dans le royaume de Léon, qui se trouvoit alors dépourvûe d’hommes ; & toute la noblesse ayant suivi le

prince en campagne, les dames défendirent la ville, repousserent l’assaut de l’ennemi, le harcelerent par des sorties, & le contraignirent de se retirer. Pour récompenser leur valeur, Jean leur permit de porter l’écharpe d’or sur le manteau, & leur accorda tous les priviléges des chevaliers de la bande ou de l’écharpe. La date de cet ordre est incertaine : on en place l’institution entre 1383 & 1390.

Echarpe, espece de bandage avec lequel on soûtient la main, l’avant-bras, & le bras blessés.

Pour bien faire l’écharpe, on prendra une serviette fine, qui aura au moins deux tiers d’aulne en quarré ; on la pliera d’un angle à l’autre par une diagonale, qui laissera à cette serviette la figure d’un triangle ; on passera cette serviette ainsi pliée, entre le bras & la poitrine du malade, de maniere que l’angle droit se trouve sous le coude, & le grand côté du triangle sous la main. Des deux angles aigus, l’un sera passé sur l’épaule saine, & l’autre en remontant ; & recouvrant l’avant bras & l’épaule malade, passera derriere le cou, pour venir joindre l’autre angle de l’écharpe sur l’épaule du côté opposé, où ces deux angles seront cousus ensemble & arrêtés à une hauteur convenable, pour tenir l’avant-bras plié presqu’en angle droit. On prendra ensuite à l’endroit du coude, les deux angles droits de la serviette ; on les repliera proprement, pour en envelopper la partie inférieure du bras ; & on les attachera ensemble, & avec le corps de l’écharpe, par le moyen d’une forte épingle.

Cette écharpe soûtient exactement l’avant-bras & le coude ; tout le membre se trouve enveloppé depuis l’épaule jusqu’au bout des doigts, & l’on ne risque point que le malade en agissant imprudemment, dérange son appareil. (Y)

Echarpe, (Marine.) on donne quelquefois ce nom, mais improprement, aux aiguilles de l’éperon. (Z)

Echarpe, en termes de Blason, est une bande ou fasce, qui représente une espece de ceinture ou de baudrier militaire.

Elle se porte comme le bâton senestre ; mais est plus large, & continuée hors des bords de l’écu : au lieu que le bâton se termine avec l’écu. Ainsi l’on dit : un tel porte d’agent à l’écharpe d’azur. Voyez nos Pl. de Blason. Voyez aussi Baton.

Echarpe, en Architecture ; c’est dans les machines une piece de bois avancée au-dehors, à laquelle est attachée une poulie qui fait l’effet d’une demi-chevre, pour enlever un médiocre fardeau. Et c’est en Maçonnerie, une espece de cordage pour retenir & conduire un fardeau en le montant. On dit aussi écharper. Pour haler & chabler une piece de bois, voyez Cable. (P)

Echarpe, voyez Ceinture. (P)

Echarpe d’une Poulie, voyez Chape & Poulie.

Echarpes, (Hydraul.) tranchées faites dans les terres en forme de croissant, pour ramasser les eaux dispersées d’une montagne, & les recueillir dans une pierrée. (K)

Echarpe, en terme de Menuisier ; c’est une demi-croix de S. André. On en met derriere les portes entre les barres. Voyez les Planches de Menuiserie.

ECHARPÉ, adj. se dit dans l’Art militaire, pour avoir beaucoup souffert, ou beaucoup perdu par le feu ou le fer de l’ennemi. Ainsi l’on dit, un tel régiment fut écharpé dans une telle bataille, un tel combat, &c. lorsqu’il y a fait une grande perte.

On dit aussi qu’un ouvrage est écharpé, lorsqu’il peut être battu par un angle moindre que 20 degrés. Voyez Batterie d’Echarpe. Les flancs du comte de Pagan, qui font un angle de plus de 100 degrés avec la courtine, peuvent être écharpés du chemin