Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des duumvirs de la marine ou des vaisseaux, &c. mais les plus considérables des duumvirs, & ceux que l’on appelloit ainsi par excellence, étoient les

Duumvirs des choses sacrées, duumviri sacrorum, furent créés par Tarquin pour faire les sacrifices, & pour la garde des livres des Sibylles. On les choisissoit parmi la noblesse & les patriciens : leur office étoit à vie ; ils étoient exempts du service militaire, & des charges imposées aux autres citoyens : on ne pouvoit sans eux consulter les oracles des Sibylles. Voyez Sibylle.

Cette commission subsista jusqu’en l’année de Rome 388 ; alors, à la requête de C. Licinius & L. Sextius, les tribuns du peuple furent changés en decemvirs, c’est-à-dire qu’au lieu de deux personnes, à qui l’on confioit l’administration du bien public, on en créa dix, moitié patriciens moitié plebéïens. Voyez Decemvirs.

Sylla les augmenta de cinq, ce qui les fit appeller quindecemvirs. Leur corps s’accrut considérablement dans la suite, & monta jusqu’à 60 ; néanmoins ceux qui le composoient conserverent toûjours le nom de quindecemvirs. Voyez Quindecemvir.

Ils furent entierement abolis sous l’empereur Théodose, avec toutes les autres superstitions payennes.

Les capitales duumviri, duumviri perduellionis, duumvirs capitaux, duumvirs qui connoissoient des crimes de lese-majesté, n’étoient pas des magistrats ordinaires ; on ne les créoit que dans certaines circonstances. Les premiers de cette espece furent nommés pour juger Horace, qui survécut à ses freres, après avoir vaincu les Curiaces & tué sa sœur.

Il y avoit aussi des duumvirs dans les colonies Romaines, qui avoient dans leurs colonies le même rang & la même autorité que les consuls à Rome. On les prenoit du corps des décurions : ils portoient la prætexte ou la robe bordée de pourpre.

L’histoire parle encore de duumvirs municipaux, duumviri municipales, que Vigenere compare aux schérifs d’Angleterre, ou plûtôt aux maires de ville. Ces duumvirs se faisoient précéder par deux huissiers portant des baguettes, & quelques-uns même s’arrogerent le droit d’avoir deux licteurs armés de faisceaux. Leur autorité ne duroit que cinq ans. Voyez le dictionn. de Trévoux & Chambers. (G)

DUUMVIRAT, s. m. (Hist. anc.) la magistrature, la charge ou la dignité de duumvir. Voy. Duumvir.

Le duumvirat subsista jusqu’en l’année de Rome 388, qu’il fut changé en decemvirat. Voyez Decemvir. Voyez dict. de Trév. & Chambers. (G)

DWINA (la), Géog. mod. riviere de Russie : elle se forme des eaux de la Suchina & de l’Iuga à Oustioug, & se perd dans la mer blanche. C’est aussi une province, dont Archangel est la capitale. Elle est bornée au septentrion par la mer Blanche & la Jugorie, à l’orient par la Zirane, au midi par l’Oustioug, & à l’occident par les provinces de Vaga & d’Onega.

DUYT, s. m. (Commerce.) se prononce deutte, monnoie de cuivre, d’usage en Hollande & dans le reste des Pays-Bas ; elle vaut environ un liard argent de France.

D Y

DYCK-GRAVES, (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne, en Hollande, à ceux qui sont chargés du soin des digues & écluses d’un certain district, & qui sont obligés à en faire la visite en certains tems marqués.

* DYDIME, s. m. (Géog. mod. & Divination.) lieu célebre dans l’île de Milet, par un oracle d’Apollon que Licinius consulta, dit-on, sur le succès de la guerre qu’il se proposoit de recommencer contre Constantin, & qui lui répondit en deux vers

d’Homere : Malheureux, ne t’attaque point à de jeunes gens, toi que les forces ont abandonné, & qui es accablé sous le faix des années. On ajoûte que l’empereur Julien, qui n’étoit pas un petit génie, fit ce qu’il put pour remettre cet oracle en honneur, & qu’il prit lui-même le titre de prophete de l’oracle de Dydime. Mais il ne faut pas donner dans ces contes d’oracles. Quelle que soit l’autorité qui les appuie, elle ne supplée jamais entierement à la vraissemblance qui leur manque par leur nature. Il faut s’en tenir fermement à l’expérience, qui leur est contraire dix mille fois, pour une seule où elles ne les autorise ni ne les contredit. Il faut bien se garder sur-tout de confondre ces faits, avec les faits naturels & historiques. Ceux-ci acquierent de plus en plus de la certitude avec le tems ; les autres en perdent toûjours de plus en plus. Le témoignage de la tradition & de l’histoire est par rapport aux uns & aux autres, comme le témoignage d’un homme que nous surprendrions en mensonge sur un certain genre de faits, toutes les fois que nous serions à portée de les vérifier, & qui nous diroit constamment la vérité sur un autre genre de faits. N’y auroit-il pas beaucoup d’apparence que cet homme auroit menti, même dans les occasions où nous n’aurions pû nous en assûrer ; & cette seule réflexion ne suffit-elle pas pour renverser toutes les inductions que les esprits forts ont prétendu tirer des oracles & des autres miracles du paganisme ? Voy. Oracles.

DYNAMIQUE, s. f. (Ordre encycl. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de la Nature ; Mathématiques mixtes, Méchanique, Dynamique.) signifie proprement la science des puissances ou causes motrices, c’est-à-dire des forces qui mettent les corps en mouvement.

Ce mot est formé du mot grec δύναμις, puissance, qui vient du verbe δύναμαι, je peux.

M. Leibnitz est le premier qui se soit servi de ce terme pour désigner la partie la plus transcendante de la méchanique, qui traite du mouvement des corps, en tant qu’il est causé par des forces motrices actuellement & continuellement agissantes. Le principe général de la Dynamique prise dans ce sens, est que le produit de la force accélératrice ou retardatrice par le tems est égal à l’élément de la vîtesse, la raison qu’on en donne est que la vîtesse croît ou décroît à chaque instant, en vertu de la somme des petits coups réitérés que la force motrice donne au corps pendant cet instant ; sur quoi voyez l’article Accélératrice & l’article Cause.

Le mot Dynamique est fort en usage depuis quelques années parmi les Géometres, pour signifier en particulier la science du mouvement des corps qui agissent les uns sur les autres, de quelque maniere que ce puisse être, soit en se poussant, soit en se tirant par le moyen de quelque corps interposé entr’eux, & auquel ils sont attachés, comme un fil, un levier inflexible, un plan, &c.

Suivant cette définition, les problèmes où l’on détermine les lois de la percussion des corps, sont des problèmes de Dynamique. Voyez Percussion.

A l’égard des problèmes où il s’agit de déterminer le mouvement de plusieurs corps, qui tiennent les uns aux autres par quelque corps flexible ou inflexible, & qui par-là alterent mutuellement leurs mouvemens, le premier qu’on ait résolu dans ce genre, est celui qui est connu aujourd’hui sous le nom du problème des centres d’oscillation.

Il s’agit dans ce problème de déterminer le mouvement que doivent avoir plusieurs poids attachés à une même verge de pendule ; pour faire sentir en quoi consiste la difficulté, il faut observer d’abord que si chacun de ces poids étoit attaché seul à la verge, il décriroit dans le premier instant de son mouvement, un petit arc dont la longueur seroit la mê-