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usage étoit beaucoup plus ancien, quoiqu’il ne fût pas universel. Les trois autres furent composées par les Ariens. La seconde étoit celle d’Eunomius & d’Eudoxe, & elle est adoptée par Philostorge qui étoit dans leurs sentimens. Ces trois formules furent faites vers l’an 341, au concile d’Antioche, où les Ariens qui commencoient à n’être plus d’accord entre eux, voulurent avoir des doxologies relatives à leurs divers sentimens. Philostorge attribue à Flavien, qui fut d’abord patriarche d’Antioche, la premiere origine de la doxologie des Catholiques ; mais l’autorité de cet auteur Arien est fort suspecte sur un fait dont Sozomene & Théodoret ne disent rien. Il y eut effectivement à Antioche de grandes disputes sur la forme de la doxologie ; les Catholiques retinrent la premiere ; & les Ariens & autres Anti-trinitaires, quelqu’une des trois autres. Saint Basile a tâché de justifier la seconde.

Au reste, comme le remarque Bingham, la petite doxologie n’a pas toûjours été uniforme dans les églises catholiques. Le quatrieme concile de Tolede, tenu en 533, s’exprime ainsi à cet égard : In fine omnium psalmorum dicimus, Gloria & honor Patri & Filio & Spiritui sancto, in sæcula sæculorum, amen ; où l’on omet ces paroles aujourd’hui & depuis longtems reçues, Sicut erat in principio & nunc & semper, & où l’on ajoûte le mot honor. Cette forme de doxologie n’étoit pourtant pas particuliere à l’église d’Espagne, car l’église Greque s’en servit quelque tems, comme il paroît par le traité de S. Athanase de la Virginité. Strabon, de reb. eccles. c. xxv, rapporte que les Grecs la conçurent ensuite en ces termes : Gloria Patri & Filio & Spiritui sancto, & nunc & semper, & in sæcula sæculorum, amen ; mais il ne marque pas l’époque de ce changement. Il paroît par le second concile de Vaison, tenu en 529, que ces mots, Sicut erat in principio, n’étoient pas encore universellement introduits dans la doxologie de l’église Gallicane, puisque les PP. du concile souhaitent qu’on les y insere pour prémunir les fideles contre l’erreur des Ariens, qui prétendoient que le Fils n’avoit pas été de toute éternité. Outre cette doxologie qui terminoit les pseaumes, Bingham observe qu’il y en avoit anciennement une, dont il cite un exemple tiré des constitutions apostoliques, l. VIII. c. xij, par laquelle on terminoit les prieres : Omnis gloria, veneratio, gratiarum actio, honor, adoratio, Patri & Filio & Spiritui sancto nunc & semper & in infinita ac sempiterna sæcula sæculorum, amen. Ou cette autre : Per Christum cum quo tibi & Spiritui sancto gloria, honor, laus, glorificatio, gratiarum actio insæcula, amen. Et enfin celle-ci, par laquelle on concluoit les sermons ou homélies : Ut obtineamus æternam vitam per Jesum Christum cui cum Patre & Spiritu sancto gloria & potestas in sæcula sæculorum, amen. Bingham, orig. eccles. tom. VI. lib. XIV. c. xj. §. 1.

Quelques auteurs se servent du mot hymnologie, comme synonyme à doxologie, mais il y a entre ces deux mots une différence : hymnologie se dit des pseaumes, cantiques, hymnes, &c. ou de la récitation de toutes ces choses : & doxologie, du dernier verset Gloire au Pere, &c. répété à la fin de chaque pseaume. Cependant les rubricaires se servent communément du mot doxologie, pour exprimer la derniere strophe ou la conclusion de chaque hymne, où l’on rend gloire aux trois personnes de la sainte Trinité. Voyez Hymne.

Quant à la grande doxologie ou au Gloria in excelsis, excepté les premieres paroles que les évangélistes attribuent aux anges qui annoncerent aux bergers la naissance de Jesus-Christ, on ignore par qui le reste a été ajoûté ; & quoiqu’on appelle toute la piece l’hymne angelique, les PP. ont reconnu que tout le reste étoit l’ouvrage des hommes. C’est ce qu’on

voit dans le 13e canon du jv. concile de Tolede. Ce qu’il y a de certain, c’est que ce cantique est très ancien. S. Chrysostome observe que les Ascetes le chantoient à l’office du matin. Mais de toute antiquité, on l’a chanté principalement à la messe, non pas cependant tous les jours. La liturgie mozarabique veut qu’on le chante le jour de Noël avant les leçons, c’est-à-dire avant la lecture de l’épître & de l’évangile. Dans les autres églises, on ne le chantoit que le dimanche, à Pâques, & autres fêtes les plus solennelles ; & encore aujourd’hui dans l’église Romaine, on ne le dit point à la messe les jours de férie & de fêtes simples, non plus que dans l’avent ni depuis la septuagésime jusqu’au samedi saint exclusivement. Bingham, orig. eccles. tom. VI. l. XIV. c. xj. §. 2. (G)

DOYEN, (Jurispr. & Hist. anc. & mod.) signifie celui qui est au-dessus des autres membres de sa compagnie. Ce titre est commun à plusieurs sortes de fonctions & de dignités. Le terme latin decanus, que l’on rend en notre langue par celui de doyen, tire son étymologie des Romains, chez lesquels on appelloit decanus celui qui commandoit à dix soldats, à l’imitation de quoi les François établirent des dixainiers ; usage qui s’est encore conservé parmi les officiers municipaux de la ville de Paris. On entendoit aussi quelquefois chez les Romains par le terme decanus, un juge inférieur qui rendoit la justice à dix villages. Il y avoit aussi dans le palais des empereurs de Constantinople, des doyens, decani, qui étoient préposés sur dix autres officiers inférieurs : il en est parlé dans le code théodosien, & dans celui de Justinien.

Le gouvernement de l’Église ayant été formé sur le modele du gouvernement civil, l’Église eut aussi ses doyens ; il y en avoit dans plusieurs églises greques, & sur-tout dans celle de Constantinople. Ces premiers doyens étoient laïcs ; on en établit ensuite d’ecclésiastiques dans les églises cathédrales & collégiales, & dans les monasteres : cet usage passa en Occident.

Les compagnies séculieres, & principalement celles de justice, ont aussi établi des doyens.

Nous allons expliquer plus particulierement ce qui concerne ces différentes sortes de doyens, dans les subdivisions suivantes. (A)

Doyen d’age, est celui qui se trouve le plus âgé de sa compagnie, senior. C’est par-là qu’ont commencé la plûpart des seigneuries temporelles & des dignités ecclésiastiques. On déféroit à celui qui étoit le plus âgé, comme étant présumé avoir plus d’expérience, & plus capable de conduire les autres. La qualité de doyen d’âge donnoit autrefois quelque pouvoir dans les assemblées d’habitans & autres compagnies ; mais depuis l’établissement des syndics & autres préposés, le doyen d’âge n’a plus d’autre distinction que le rang, & la préséance que sa qualité de doyen lui donne sur ceux qui sont moins âgés que lui, & la considération que son grand âge & son expérience peuvent lui attirer. On confond quelquefois, mais mal-à-propos, le doyen d’âge avec le doyen d’ancienneté, celui-ci n’étant pas toûjours le plus âgé de sa compagme, mais le plus ancien en réception. Voyez ci-après Doyen d’ancienneté. (A)

Doyen d’ancienneté, est celui qui est le plus ancien en réception de tous les membres de sa compagnie. Le doyen d’ancienneté n’est pas toûjours le premier en dignité ni en fonction ; il défere au doyen en charge, syndic ou autre préposé. Dans les compagnies où il y a un doyen en charge, le doyen d’ancienneté est ordinairement appellé l’ancien, pour le distinguer du doyen en charge : c’est ainsi que cela s’observe dans la faculté de Medecine de Paris. (A)

Doyen des Avocats, est celui qui est le pre-