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dre de rose, pulvis de rosis, ex rosis, les Grecs disoient διὰ ῥόδων : dans la suite ils joignirent la préposition avec le substantif, & n’en firent qu’un mot ; διάροδον, διακόδιον, διακυδόνιον, &c. Les Latins adopterent la plûpart de ces noms, & n’en séparerent point la préposition ; c’est ainsi qu’ils dirent diarrhodon, diachillum, diacrydium, diacodium, &c. Les Arabes & les Medecins qui sont venus après, ont aussi adopté cette expression ; & très-souvent lorsqu’ils vouloient donner un nom à une composition, ils ne faisoient qu’ajoûter la préposition dia à la principale drogue qui y entroit : ainsi ils appellerent une poudre purgative où entre le sené, diasenna ; celle où entroit le jalap, diajallappa. Fracastor nomma l’électuaire antidote qui porte son nom, diascordium, parce que cette plante est un de ses ingrédiens.

Il est bon de remarquer que le dia ne s’employoit que pour les préparations composées, & jamais pour les simples ; du moins voyons-nous que les auteurs s’en servent toûjours pour exprimer ou une poudre composée, ou un électuaire, ou un emplâtre, & jamais pour exprimer une poudre simple. (b)

DIABACANON, (Mat med.) antidote hépatique vanté par Mirepse, dont la graine de choux est la base.

DIABETES, s. m. (Medecine.) c’est le nom d’une maladie caractérisée par une excrétion de différentes humeurs faite par les voies urinaires, plus fréquente & plus abondante que celle des urines seules dans l’état naturel.

Le mot diabetes vient de διαϐαίνειν, permeare, passer vîte, parce que les fluides évacués dans cette maladie semblent être dérivés de la masse des humeurs pour couler avec accélération par les conduits des urines, & parce que la matiere de cette évacuation est rendue comme par un syphon que les Méchaniciens appellent aussi diabetes. Cette maladie est aussi appellée δίψακος, parce qu’elle est ordinairement accompagnée d’une soif inextinguible, qui est un symptome semblable à celui que produit la morsure d’un serpent de ce nom. On nomme encore le diabetes hydrops ad matulam, parce qu’il met les malades dans le cas de remplir souvent les vases destinés à recevoir l’urine. Les Latins n’ont pas donné de nom particulier à cette maladie ; Celse ne la désigne que par la périphrase nimia urinæ profusio ; & on l’appelle quelquefois en françois flux d’urine.

Le diabetes est de deux especes ; celui de la premiere est appellé vrai, dans lequel il se fait une évacuation d’urine en plus grande quantité qu’à l’ordinaire, d’un goût douçâtre, mêlée avec d’autres humeurs plus épaisses, telles que le chyle, le lait, le pus, & la substance même du corps, par une suite de la colliquation de ses parties. Celui de la seconde espece est appellé faux, dans lequel les urines sont rendues claires, aqueuses, insipides, dont la quantité égale ou surpasse celle de la boisson, & qui en retient même quelquefois la qualité, selon l’observation de Galien, de locis affect. lib. VI. & selon Paul Eginette, qui en donne une idée à-peu-près semblable, oper. liv. III.

On trouve dans Celse (liv. IV.) l’idée de deux différens diabetes, dans l’un desquels les malades rendent des urines épaisses, & dans l’autre des urines claires : Galien dit que c’est une maladie très-rare, qu’il ne l’a observée que deux fois, de locis affect. lib. III. Il a voulu sans doute parler du diabetes de la premiere espece, qui est suivi de consomption ; car celui de la derniere est assez commun.

On distingue le diabetes de l’incontinence d’urine, parce que dans celle-ci le flux est continuel, attendu qu’il dépend du relâchement du sphincter de la vessie, ou de tout autre vice qui l’empêche de se contracter & de se resserrer. On ne peut arrêter cet écou-

lement par aucun effort de la nature, au lieu qu’on

peut le suspendre dans le diabetes.

Cette maladie peut être causée par tout ce qui peut relâcher les conduits qui servent à filtrer l’urine dans les reins, déterminer les humeurs en plus grande quantité & avec plus de force vers ces mêmes conduits ; en sorte qu’ils soient aussi dilatés contre nature, que les vaisseaux qui admettent naturellement le chyle, par exemple, ou le lait ; ou qu’ils soient forcés à recevoir continuellement les fluides aqueux ou séreux, que la masse des humeurs qui en est surchargée leur fournit sans interruption. Voyez Fluxion.

On ne doit cependant pas regarder comme un flux d’urine diabetique, celui que procure l’usage des diurétiques ou des eaux minérales, ni celui qui est l’effet de quelqu’évacuation critique qui met fin à la fievre ; mais si la cause de l’écoulement est constante & rébelle, elle établit le diabetes.

Les causes qui disposent à cette maladie, sont la boisson trop copieuse de bierre, de cidre ; c’est ce qui rend le diabetes, de la seconde espece sur-tout, très-commun parmi les Anglois. Le trop grand usage du vin du Rhin, des boissons chaudes, du caffé, du thé principalement, des diurétiques, des eaux minérales acidules, la fievre maligne de longue durée, colliquative, & qui dégénere en fievre lente ; les poisons qui dissolvent les humeurs, tout ce qui peut obstrüer les vaisseaux secrétoires des visceres, après des exercices, des veilles immodérées, des excès de boisson de liqueurs fortes, qui dissipent les parties les plus fluides & les plus mobiles des humeurs, qui leur font perdre la consistance naturelle, qui en séparent la partie séreuse, la rendent plus abondante, en faisant dégénérer en sérosité excrémentitielle les meilleurs sucs ; toutes ces choses sont autant de différentes causes qui contribuent à établir le flux d’urine diabétique.

En changeant ainsi la nature d’une très grande partie des humeurs, & en les rendant susceptibles d’être portées dans les couloirs des reins, qui donnent une issue plus libre que toute autre, par le relâchement auquel les dispose la filtration continuelle du fluide qui s’y sépare dans l’état naturel. Ce relâchement venant à être augmenté par l’effet encore plus puissant du diabetes séreux, on peut aisément concevoir comment il peut parvenir au point de dilatation qui permette le passage des matieres plus grossieres que la sérosité, telles que le chyle, le lait ; puisque la même chose, quelque rare qu’elle soit, comme maladie, peut arriver dans l’état de santé, selon l’observation de Wanswieten, comment. aphor. Boerhaave, § 662. qui a remarqué quelquefois qu’ayant rendu de l’urine quelques heures après un bon déjeuner suivi d’une forte promenade, elle avoit d’abord paru trouble & laiteuse au sortir de la vessie, & déposoit peu de tems après un sédiment blanc & entierement semblable au chyle. Il assûre avoir eu occasion de confirmer sur l’urine de quelques autres personnes, ce qu’il avoit observé sur la sienne. Galien, de alim. facul. lib. VI. semble aussi avoir soupçonné la même chose des urines, où il dit qu’il a souvent observé ce qu’il appelle un suc crud, &c.

La nature du diabetes en général, l’a fait regarder par certains auteurs, & en particulier par Harris, comme une diarrhée des reins, qui peut être quelquefois lientérique, lorsque la boisson est rendue par leurs couloirs presque sans changement ; quelquefois cœliaque, lorsque le chyle ou le lait s’écoule par cette voie.

Les symptomes qui accompagnent le diabetes sont ordinairement une très-grande soif, une chaleur ardente dans la poitrine, l’abattement des forces ; il produit même quelquefois la fievre hectique : si on n’y