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tion des corrosifs avec des matieres onctueuses & relâchantes, capables de modérer & d’adoucir leur causticité.

Les détersifs irritans ont plus ou moins d’activité, suivant la combinaison des substances qui les composent ; c’est au chirurgien à en régler les proportions suivant les indications que lui fournit l’état de l’ulcere qu’il veut déterger.

Le verd-de-gris sert à la préparation de plusieurs compositions détersives très-recommandables, telles que sont le baume verd de Metz, le collyre de Lamfranc, l’onguent ægyptiac, &c. On peut faire des lotions détersives irritantes avec de fortes lessives des plantes vulnéraires. On voit par ce qui a été dit, que le chirurgien dans l’administration des remedes convenables pour la détersion des ulceres, doit raisonner sur les indications avec autant de discernement que le medecin dans celle des remedes intérieurs, pour les maladies qui sont du ressort de la Medecine ; que la variété des circonstances exige autant dans l’un que dans l’autre un esprit de combinaison & beaucoup de sagacité. Si cependant la difficulté de saisir le vrai ajoûte au mérite de celui qui le rencontre, il faut convenir que le chirurgien en a moins ; mais dans les choses obscures, & où l’on ne pourroit que conjecturer, il est difficile qu’un homme ait beaucoup d’avantage sur un autre formé par les mêmes études fondamentales. La Chirurgie même a paru fournir, par la certitude de ses principes, des lumieres pour s’égarer moins dans les routes difficiles de la Medecine interne. C’étoit le sentiment du grand Boerhaave, qui dit, aphor. 557. internos morbos externis reapse congruere ; externos, chirurgicos primò pertractandos ; nec aliter ordinati quid, vel veri, in praxi medica fieri posse, aut doceri. (Y)

DETHMOLT, (Géog.) ville d’Allemagne ; elle est située sur la Wehra, dans le cercle de Westphalie.

DÉTONATION, s. f. (Chimie.) inflammation violente & soudaine, avec bruit & explosion du nitre mêlé, ou touchant à des matieres phlogistiques embrasées. Voyez Nitre.

DETONNER, en Musique, c’est sortir du ton où l’on doit être ; c’est altérer mal-à-propos la justesse des intervalles. On dit en plaisantant, de quelqu’un qui a chanté faux dès le commencement d’un air, qu’il n’a pas détonné : car pour sortir du ton il faudroit y être entré. (S)

DETORSE, terme de Chirurgie. Voyez Entorse.

DETOUPILLONNER, v. act. (Jardinage.) c’est ôter les toupillons de dessus un oranger. Voy. Toupillons. (K)

DETOURNER, v. act. on dit, en terme de Commerce, qu’un négociant, qu’un banquier, qu’un marchand a détourné ses effets, lorsque dans le dessein de faire une banqueroute frauduleuse, il les a cachés & mis à couvert chez des personnes affidées, pour en frustrer ses créanciers. Voyez Banqueroute. Dict. de Comm. & de Trév.

Détourner les aiguilles, (Aiguill.) c’est mettre toutes les pointes d’un même côté, afin de pouvoir les affiner plus facilement, c’est-à-dire les adoucir sur la pierre d’émeril. Voyez Aiguille.

Détourner, (Vénerie.) c’est découvrir par le moyen du limier, le lieu où le cerf est à sa reposée, & en marquer l’enceinte.

DETRANCHÉ, adj. terme de Blason, se dit de l’écu dans lequel est une ligne en bande, qui ne part pas précisément de l’angle dextre, mais de quelque partie du bord supérieur, & qui par conséquent tombe en biais ou diagonalement ; ou bien qui part de quelque point du côté dextre.

On dit tranché, détranché, & retranché, pour signi-

fier qu’il y a deux lignes diagonales qui font deux

partitions dans l’écu, partant des angles, & une troisieme partant de quelque autre point. Voyez Tranché. Menet. & Trév. (V)

DETRANGER, v. act. (Jard.) c’est chasser des animaux qui nuisent aux végétaux. (K)

DETRAQUÉ, adj. terme de Manege. Un cheval est détraqué, lorsque le cavalier par négligence ou autrement, lui a gâté & corrompu ses allures. (V)

Detraquer un cheval, en termes de Manege, c’est lui faire perdre ses bonnes allures, ses leçons de manege. Les mauvais écuyers détraquent les chevaux, leur font perdre leur train ordinaire. Voyez Allure. (V)

DETREMPE, s. f. en bâtiment, est une couleur employée à l’eau & à la colle, dont on imprime & peint les lambris des appartemens : aquaria pictura. (P)

DETREMPER la chaux, en Bâtiment, c’est la délayer avec de l’eau & le rabot dans un petit bassin, d’où elle coule ensuite dans une fosse en terre, pour y être conservée avec du sable par-dessus. Lat. calcem diluere. (P)

Détremper, en termes de Pâtissier, c’est brouiller de la farine avec de l’eau, ou du lait, ou du beurre, ou des jaunes d’œufs, ou autre chose pareille.

Détremper, chez les ouvriers en fer, c’est faire perdre la trempe à un morceau d’acier, à un outil, &c. ce qui se fait en le mettant rougir dans le feu.

DETROIT, s. m. en Hydrogr. est une mer étroite, ou boyau resserré des deux côtés par les terres, & qui ne laisse qu’un petit passage pour aller d’une mer à une autre. Voyez Mer & Océan.

Le détroit le plus fréquenté est celui de Gibraltar qui sépare l’Espagne de l’Afrique, & joint la Méditerranée avec l’océan Atlantique ou mer du Nord.

Le détroit de Magellan qui fut découvert en 1520 par Magellan, fut quelque tems fréquenté par ceux qui vouloient passer de la mer du Nord à celle du Sud : mais en 1616, on découvrit le détroit de le Maire, & on abandonna celui de Magellan, tant à cause de sa longueur, qui est plus que double de celle du détroit de Gibraltar, que parce que la navigation y est dangereuse, à cause des vagues des deux mers qui s’y rencontrent & s’entrechoquent.

Le détroit qui est à l’entrée de la mer Baltique, se nomme le Sund. Il ne faut pas le confondre avec le détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Sumatra & de Java. Varenius croit que les golfes & les détroits ont été formés pour la plûpart par l’irruption de la mer dans les terres. Une des preuves qu’il en apporte, c’est qu’on ne trouve presque point d’îles dans le milieu des grandes mers, & jamais beaucoup d’îles voisines les unes des autres. On peut aussi voir les autres preuves aux articles Continent, Terraqué ; voyez aussi l’hist. naturelle de M. de Buffon, tom. I. On y remarque que la direction de la plûpart des détroits est d’Orient en Occident, ce qu’on attribue à un mouvement ou effort général des eaux de la mer dans ce sens. V. Mer.

Le détroit qui sépare la France d’avec l’Angleterre, s’appelle le pas de Calais. Voyez sur la jonction de l’Angleterre à la France, & sur le pas de Calais, la dissertation de M. Desmarets, qui a remporté le prix de l’académie d’Amiens en 1752. Voyez aussi Courant. (O)

Détroit, (Droit polit.) On fait en Droit politique, trois grandes questions sur les détroits & les golfes, qu’il importe de résoudre.

On demande 1°. à qui appartiennent légitimement les détroits & les golfes. La réponse est unanime. Ils appartiennent à celui qui s’est le premier établi sur les côtes du détroit, qui y domine de dessus terre, & qui en conserve la propriété, soit par