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l’invention de la machine pneumatique. Voyez Air, Raréfaction, & Condensation.

Il est démontré que dans le même vaisseau ou dans des vaisseaux différens qui communiquent entr’eux, l’air est de la même densité à la même distance du centre de la terre. La densité de l’air en général est en même raison que les poids dont on le charge, ou les puissances qui le compriment. Voyez Pression.

C’est pour cette raison que l’air d’ici-bas est plus dense que l’air supérieur ; cependant la densité de l’air d’ici-bas n’est pas proportionnelle au poids de l’atmosphere, à cause du froid & du chaud qui alterent sensiblement sa densité & sa rareté. Si l’air devient plus dense, le poids des corps qui s’y trouvent diminue ; si l’air devient plus rare, ce même poids augmente, par la raison que les corps perdent plus de leur poids dans un milieu plus pesant que dans un autre plus leger.

Par conséquent, si la densité de l’air est sensiblement altérée, des corps qui étoient également pesans dans un air plus leger, & dont la pesanteur spécifique est considérablement différente, ne seront plus en équilibre dans un air plus dense, & celui qui est spécifiquement plus pesant l’emportera. C’est sur ce principe qu’est fondé le manometre ou instrument pour mesurer les changemens de densité de l’air. V. Manometre. (O)

DENTS, s. m. (Anatomie.) dentes, quasi edentes, parce qu’elles servent à manger, sont les os les plus durs & les plus compacts de tous ceux du corps humain. Voyez Mastication & Squelete.

L’homme, & la plûpart des animaux, ont deux rangs de dents, l’un à la mâchoire supérieure, l’autre à la mâchoire inférieure. Voyez Gencive, & Machoire.

Dans l’homme, le nombre ordinaire des dents est de trente-deux, seize à chaque mâchoire : elles sont toutes placées dans des loges particulieres, qu’on nomme alvéoles ; elles y sont affermies par une articulation en forme de cheville, appellée gomphose. oyez Alvéole & Gomphose.

Il y a de trois sortes de dents : celles qui sont à la partie antérieure de chaque mâchoire, se nomment incisives ; elles sont larges, minces, & plates, & au nombre de quatre à chaque mâchoire. Quelques-uns les appellent dents de primeur, en latin primores, parce qu’elles paroissent les premieres : d’autres les nomment dents de lait, lactei ; & d’autres rieuses, ridentes, parce qu’elles se montrent les premieres quand on rit. Voyez Incisives.

Derriere les dents incisives de chaque côté de chaque mâchoire, il y en a deux qui sont pointues & un peu plus éminentes ; on les appelle canines, & le peuple ailleres ou dents de l’œil, parce qu’une partie du nerf qui fait mouvoir les yeux s’y distribue ; & de-là le danger de les tirer.

Derriere les canines sont les molaires, cinq de chaque côté, qui, dans l’homme, servent principalement à la mastication. Voyez Molaire & Mastication.

Les incisives n’ont ordinairement qu’une racine : les canines en ont quelquefois deux, & les molaires trois ou quatre, & quelquefois cinq, sur-tout les plus postérieures qui agissent avec le plus de force.

Les ouvertures des alvéoles ne sont pas toutes sensibles dans le fœtus ; il n’en paroît que dix ou douze à chaque mâchoire, elles ont peu de profondeur ; les cloisons qui les séparent sont très-minces : ces alvéoles se font connoître avant la sortie des dents par autant de bosses ; le bord de ces cavités est très-mince, & leur ouverture est alors fermée par la gencive qui paroît tendineuse.

A mesure que les dents font quelques progrès, la gencive devient molle & vermeille ; elle demeure

dans cet état jusqu’à six ou sept mois : si après l’avoir coupée on examine ce qui est contenu dans les alvéoles, on reconnoîtra que dès les premiers tems de la formation, chaque alvéole renferme un amas de matiere visqueuse & molle, figurée à-peu-près comme une dent ; cette matiere est renfermée dans une membrane vésiculaire, tendre, poreuse, & parsemée d’un grand nombre de vaisseaux, qui se distribuent au germe pour y porter la nourriture & la matiere suffisante à l’accroissement de la dent, dans laquelle ils se distribuent ensuite. Quelques Anatomistes ont appellé cette membrane chorion. Voyez Chorion.

Cet amas de matiere molle & visqueuse s’appelle communément le noyau de la dent ; quelques-uns le nomment la coque, & d’autres le germe de la dent. Voyez Germe.

On trouve ordinairement dans chaque alvéole deux germes, & rarement trois, placés l’un sur l’autre, & séparés par une cloison membraneuse, qui paroît être une production de celle qui revêt l’alvéole. Voyez Alvéole.

Les dents, selon Peyer, sont formées de pellicules repliées, durcies, & jointes ensemble par une mucosité visqueuse. Si l’on examine les dents du cerf, du cheval, du mouton, &c. on trouvera que le sentiment de cet auteur est bien fondé.

D’autres auteurs expliquent autrement la formation des dents. Quincy observe que les alvéoles sont tapissés d’une tunique mince, sur laquelle on voit plusieurs vaisseaux par où passe une humeur épaisse & transparente, qui à mesure que l’enfant croît se durcit & prend la forme des dents ; & vers le septieme ou le huitieme mois après la naissance, les dents percent le bord de la mâchoire, déchirent le périoste & la gencive, qui étant fort sensibles, occasionnent une violente douleur & d’autres symptomes qui surviennent aux enfans dans le tems de la naissance des dents.

Les dents ne commencent pas toutes à la fois à paroître : les incisives de la mâchoire supérieure paroissent les premieres, & ensuite celles de la mâchoire inférieure, parce que les incisives sont les plus minces & les plus pointues. Après celles-là sortent les canines, parce qu’elles sont plus pointues que les molaires, mais plus épaisses que les incisives. Les molaires paroissent les dernieres de toutes, parce qu’elles sont les plus épaisses & les plus fortes.

Les dents incisives paroissent vers le septieme, le dixieme, & quelquefois le douzieme mois après la naissance : les canines, le neuvieme ou le dixieme mois ; les molaires, à la fin de la premiere ou de la seconde année.

Il tombe ordinairement dix dents de chaque mâchoire vers la quatrieme, cinquieme, sixieme année, quelquefois même plus tard ; savoir, les incisives, les canines, & les quatre petites molaires ; ce sont ces dents qu’on appelle dents de lait. Celles qui leur succedent percent ordinairement entre la septieme & la quatorzieme année.

Les auteurs ne sont pas d’accord sur les racines des dents de lait ; quelques-uns prétendent qu’elles n’en ont point ; d’autres, comme Diemmerbroek, veulent que les secondes dents soient produites par les racines des dents de lait. On s’est assûré de la fausseté de ces deux sentimens par la dissection ; car non seulement on a remarqué dans le fœtus les deux germes distinctement séparés, mais encore dans les sujets de quatre, cinq à six ans avant la chûte des dents de lait, on voit les deux dents, savoir la dent de lait & celle qui doit lui succéder, parfaitement bien formées, avec un corps & une racine.

Si l’on a vû des gens faire des dents jusqu’à trois