Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/833

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Argent, Le gros écu de six livres.
L’écu de trois livres.
La piece d’une livre quatre sous.
La piece de douze sous.
La piece de six sous.
Billon, Sou neuf de deux sous.
Sou vieux d’un sou six deniers.
Sou neuf de douze deniers.
Cuivre, Sou law de douze deniers.
Billon, Demi-sou vieux de neuf deniers.
Cuivre, Le deux liards de six deniers.
Le liard de trois deniers.

Denier de fin, à la Monnoie, est le titre de l’argent, ainsi que le carat est le titre de l’or. Voyez l’article Carat & Titre.

Denier de monnoyage, à la Monnoie, est le montant d’une fabrication des monnoies, soit or, argent, billon, cuivre, sur lequel on prononce la délivrance. Voyez Délivrance.

DENIS, (Saint) Géog. mod. petite ville de l’île de France, le tombeau des rois françois. Elle est située sur le ruisseau de Crould. Long. 20. 1. 22. lat. 48. 56. 8.

Il y a dans le bas Languedoc, au diocèse de Carcassonne, une petite ville de même nom.

Denis-de-Candé, (Saint) petite ville d’Anjou en France.

DÉNOMBREMENT, s. m. (Hist. Rom.) en latin census, & dans une médaille de Claude, ostensio ; description détaillée des personnes, des biens, & des taxes imposées sur les citoyens Romains.

C’étoit la coûtume à Rome de faire de cinq ans en cinq ans un dénombrement de tous les citoyens & de leurs fortunes : & c’étoit-là une des charges des censeurs, au rapport de Florus, lib. VI. Censores populi, ævitates, soboles, familias, pecuniasque censento, dit Cicéron, de leg. I I I. Pour cet effet on tiroit un registre de tous les citoyens Romains, de leurs femmes, de leurs enfans ; de leurs esclaves avec leur âge, leur qualité, leurs professions, leurs emplois, & leurs biens, meubles, & immeubles. On avoit par-là toûjours sous les yeux le livre mémorial des forces de la république, & de sa puissance. L’invention en étoit admirable. N’oublions pas de dire que ces utiles dénombremens furent institués par, Sérvius Tullius ; avant lui, dit Eutrope (liv. I.) le cens étoit inconnu dans le monde. Il fit le premier, qui se trouva de 80 mille citoyens capables de porter les armes. Ceux de Pompée & de Crassus furent de 400 mille. Voyez les détails dans les auteurs d’érudition sur les antiquités romaines, entre autres le thrésor de Grævius.

Auguste étendit le premier le dénombrement à toutes les provinces de l’empire, & il fit faire trois fois ce dénombrement général : la premiere fut l’année de son sixieme consulat, l’an 28 avant l’ere chrétienne : la seconde, l’an 8 avant cette même ere : & la troisieme & derniere fois, l’an 14 de l’ere chrétienne. Dans ce troisieme dénombrement, pour le dire en passant, le nombre des citoyens de l’empire en état de porter les armes, se trouva monter à quatre millions 137 mille. Tacite, Suétone, & Dion-Cassius, parlent du registre d’Auguste contenant toute la description particuliere, qui fut dressée dans les provinces en vertu de ses ordres.

Ces divers dénombremens d’Auguste nous intéressent beaucoup, parce que ce fut en vertu du decret de cet empereur, qui ordonna le deuxieme dénombrement l’an 8 avant l’ere chrétienne, que Joseph & Marie se rendirent à Bethléem pour être inscrits ; & que ce fut pendant leur séjour que Marie accoucha, & que Notre-Seigneur, par qui le mon-

de devoit être sauvé, naquit dans cette ville de la maniere que le racontent les évangélistes.

Auguste, trois ans avant la naissance de Notre-Sauveur, ayant ordonné son dénombrement pour tous les états de sa dépendance, chargea de cette commission chaque gouverneur de province dans son département. Sextius Saturninus, alors président de Syrie, eut dans le sien outre sa province, les états & les tétrachies qui en dépendoient : or au bout de trois ans, depuis la date du decret, il se trouva parvenu à la partie de son département dans la quelle Bethléem étoit renfermée. Mais quoique son enregistrement se fît alors pour la Judée, & qu’on y marquât exactement le bien de chaque particulier, par rapport aux taxes, cependant il ne se leva de taxes en Judée, de la part des Romains, que douze ans après. Jusqu’alors Hérode ou Archelaüs ayant été rois du pays, la Judée ne payoit de taxes qu’à eux ; ensuite Archelaüs ayant été déposé, & la Judée mise sous le gouvernement d’un procurateur Romain, on commença à payer des taxes directement aux Romains ; & ce fut Publius Sulpicius Quirinus, qu’on appelloit Cyrinus en grec, qui se trouva alors gouverneur, c’est-à-dire président de Syrie.

De cette maniere, les narrés de Joseph & de S. Luc se concilient parfaitement. « En ce tems-là (dit l’évangéliste, chap. ij. v. 1. & 2.) il fut publié un édit de la part de César-Auguste, pour faire un dénombrement de tout le pays. (Ce dénombrement s’exécuta avant que Cyrinus fût gouverneur de Syrie ».)

En effet, l’an 8 de J. C. Archelaüs ayant gouverné ses sujets avec beaucoup de tyrannie, des députés des Juifs & des Samaritains vinrent s’en plaindre à Rome devant Auguste. On le manda pour rendre compte de sa conduite ; il comparut en l’an 8 de Jesus-Christ ; & n’ayant pas pû se justifier des crimes dont on l’accusoit, Auguste le déposa. Ses biens furent confisqués, & lui relégué à Vienne en Gaule, après avoir régné dix ans en Judée.

En même tems Auguste nomma préteur de Syrie Publius Sulpicius Quirinus, le même que S. Luc, en suivant la prononciation greque, appelle Cyrinus, & l’envoya en Orient, avec ordre de prendre possession des états qu’il venoit d’ôter à Archelaüs, & de les réduire en forme de province romaine. Coponius, chevalier Romain, fut envoyé avec lui pour la gouverner, avec le titre de procurateur de la Judée. En arrivant à Jérusalem, ils firent saisir tous les effets d’Archelaüs, confisqués par la sentence d’Auguste. Après cela ils changerent l’ancienne forme de gouvernement, & abolirent presque toutes les coûtumes des Juifs, & établirent les lois romaines. Coponius, au nom d’Auguste, prit l’administration de ce gouvernement, avec la subordination à Quirinus, président de la province de Syrie, à laquelle la Judée fut annexée. On ôta ensuite aux Juifs le pouvoir d’infliger des peines capitales, & ce pouvoir fut entierement reservé au procurateur, & à ses officiers subalternes.

On avoit fait onze ans auparavant un inventaire général des effets de tous les particuliers, sous Sextius Saturninus : mais ce ne fut que sous le gouvernement de Cyrinus, président de Syrie, quand la Judée eut été réduite en province, qu’on leva des taxes immédiatement pour les Romains, suivant l’évaluation du registre formé précédemment. La maniere de lever ces taxes causa de si grands tumultes, dont on peut s’instruire dans Josephe (Antiq. liv. XVIII. ch. j. & ij.) que S. Luc a mis en parenthese la distinction de ces deux dénombremens, pour qu’on ne les confondît pas ensemble. Au surplus, de quelque maniere qu’on leve la difficulté du passage de saint Luc, personne n’ignore que les dénombremens