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noissance est attribuée à quelque juge autre que celui du domicile.

Le demandeur doit être certain de ce qu’il demande.

A l’égard de la forme de la demande, voyez au mot Demande.

C’est au demandeur à prouver ce qu’il avance ; & faute par lui de le faire, le défendeur doit être déchargé de la demande.

Mais quelquefois, dans l’exception, le défendeur devient lui-même demandeur en cette partie, & alors l’obligation de faire preuve retombe sur lui à cet égard. Voyez Preuve.

Quand le demandeur est fondé en titre, c’est à lui que l’on défere le serment supplétif. Voy. Serment. (A)

Demandeur & Défendeur, c’est celui qui est demandeur de sa part, & défendeur aux demandes de son adversaire. (A)

Demandeur incidemment, voyez Demande incidente.

Demandeur originaire, voyez Demande originaire, & Garantie.

Demandeur en requête, c’est celui qui a formé une demande par requête. (A)

Demandeur en requête civile, voyez Requête civile.

Demandeur en taxe, est celui qui poursuit la taxe des dépens à lui adjugés. Voyez Dépens & Taxe. Voyez aussi au digeste 36. tit. j. l. 34. & au code, liv. II. tit. xlvij. l. 2. & liv. III. tit. jx. auth. libellum ; & liv. VII. tit. xliij. auth. quod. (A)

DEMANGEAISON, s. f. (Physiol. Medecine.) en latin pruritus, en grec ϰνησμός ; sensation si vive & si inquiete dans quelque partie extérieure du corps, qu’elle nous oblige d’y porter la main, pour la faire cesser par un frottement un peu rude & promptement répeté.

Il paroît que le prurit consiste dans un léger ébranlement des mammelons nerveux, qui ne cause d’abord que la sensation d’un fourmillement incommode ; qu’on augmente cet ébranlement en frottant ou en grattant la partie dans laquelle on ressent ce fourmillement, cette demangeaison : l’ébranlement des mammelons nerveux devient plus considérable, & produit un des plus grands plaisirs dont nos organes soient susceptibles, un plaisir cependant qui excede le chatouillement, de quelques degrés d’inflammation ou de tension : qu’on se livre à ce plaisir en continuant de se gratter, le nerf devient trop tendu, trop tiraillé, & pour lors le plaisir se change en cuisson, en douleur.

Justifions ce fait par un exemple commun ; par celui de la gale, qui excite un si grand prurit. L’épiderme qu’elle éleve, laisse une cavité entr’elle & les papilles : cette cavité se remplit par une sérosité âcre, laquelle irrite un peu les nerfs, & les étend ; il en résulte une demangeaison qui devient bientôt un plaisir si vif qu’il est insupportable, tant le plaisir même est ingrat ! Pour lors, qu’on arrache ou qu’on fatigue trop l’endroit galeux qui démange, en le frottant ou en le grattant rudement, ce qui arrive presque toûjours, la trop grande tension spasmodique de quelques petits nerfs, ou leur rupture, cause de l’inflammation, de la cuisson, de la douleur, & jette même quelquefois, suivant sa violence, le patient dans des états qui demandent des remedes ; tant il est vrai que la douleur & le plaisir se touchent, & que là où finit la sensation du plaisir, là commence celle de la douleur : c’est une vérité physiologique.

Mais quels remedes à cette demangeaison, qui est un plaisir qu’on ne peut soûtenir sans le changer en douleur ? Ce seront des remedes contraires aux causes qui produisent la demangeaison ; & comme

ces causes sont très variées, les remedes doivent l’être semblablement : on peut toutefois les rapporter à deux classes générales.

Les remedes externes généraux seront tous ceux qui concourront à diminuer la tension & l’inflammation des houpes nerveuses de la peau, sans causer une répercussion dans les humeurs : telles sont les fomentations, les bains, les vapeurs d’eau tiede, de vinaigre, &c. Le mucilage de l’écorce moyenne de tilleul, fait avec l’eau-rose, adoucit les demangeaisons seches ; l’onguent de céruse uni aux fleurs de soufre, convient dans les demangeaisons humides ; le mucilage de graine de coings, le jus de citron & les fleurs de soufre, appaisent les demangeaisons douloureuses ; l’esprit-de-vin pur, ou mêlé avec de l’huile de pétrole & le baume de soufre, calme la demangeaison des engelures, qui ne cesse néanmoins entierement que par leur guérison.

Les remedes internes seront ceux qui serviront à corriger l’âcreté du sang, des humeurs, de la lymphe portée dans les plus petits vaisseaux. Ces derniers remedes sont la saignée, la purgation, les diaphorétiques, les altérans, les préparations d’antimoine, la diette ou le régime opposé aux causes du mal, & proportionnellement à sa nature, à sa violence, à sa durée, aux symptomes qui l’accompagnent, à l’âge, au sexe.

La demangeaison qui résulte d’un leger attouchement méchanique, comme d’insectes velus, ou de la circulation qui revient après la compression d’une partie, ou après le froid violent qu’elle a souffert, cesse d’elle même avec la cause. Une humeur particuliere laissée dans la peau par le frottement de l’ortie, des cantharides, de l’alun de plume, de la morsure de quelqu’insecte, produit une demangeaison qui ne requiert que d’être lavée & fomentée par quelque liquide anti-septique. Une humeur âcre qui se jette sur la peau, & qui y excite une demangeaison très-incommode, requiert l’usage des diaphorétiques, quand la matiere de la transpiration a été arrêtée par l’air froid ; & les lotions des liqueurs spiritueuses, quand elle a été retenue par l’application des choses grasses. Dans la demangeaison qui naît après la suppression d’un ulcere, il faut tâcher de ramener l’humeur ulcéreuse à la partie ; celle qui vient par l’âcreté de la bile, par une acrimonie acide, alkaline, muriatique, exige des remedes & un régime opposés à leurs causes connues. Mais quand le prurit est accompagné de boutons, de pustules, de rougeur, de douleur, de croûtes farineuses, d’exulcérations & d’autres symptomes, il forme alors une maladie cutanée, voyez. On ne détruit la demangeaison qui les accompagne, qu’en guérissant la maladie. Il en est de même, comme je l’ai dit ci-dessus, de la violente demangeaison qu’on éprouve dans les engelures. Voyez Engelure. Art. de M. le Chavalier de Jaucourt.

DÉMANTELER, RASER, DÉMOLIR, syn. (Gram.) Ces mots désignent en général la destruction d’un ou de plusieurs édifices. Voici les nuances qui les distinguent. Démolir signifie simplement détruire : raser & démanteler signifient détruire par punition ; & démanteler ajoûte une idée de force à ce qu’on a détruit. Un particulier fait démolir sa maison : le parlement a fait raser la maison de Jean Chatel ; un général fait démanteler une place après l’avoir prise, c’est-à-dire en fait détruire les fortifications. Ce dernier mot n’est plus guere en usage ; on dit plus communément raser ou démolir les fortifications d’une place, que la démanteler. Raser se dit lorsqu’on n’employe point le secours du feu pour détruire ces fortifications ; démolir, lorsqu’on employe le secours du feu par le moyen des mines : on dit alors, pour l’ordinaire, qu’on a fait sauter les fortifications. (O)