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Décurion étoit aussi un nom qu’on donnoit à certains prêtres destinés à quelques sacrifices particuliers ou autres cérémonies religieuses, même aux sacrifices de quelques familles ou maisons particulieres, selon la conjecture du commentateur Servius, qui croit que c’est de-là que venoit leur nom.

Quelle que soit l’origine de ce nom, nous voyons dans Gruter une inscription qui confirme ce que nous avons dit de leur fonction : Anchialus Cub. aed. Q. Ter. in. aede. Decurio adlectus. ex consensu Decurionum. familie voluntate. Cette inscription prouve que Q. Térentius étoit décurion dans la maison d’un particulier. Chambers. (G)

* DECUSSATION, s. f. on appelle, en Optique, le point de décussation, le point où plusieurs rayons se croisent, tels que le foyer d’une lentille, d’un miroir, &c. Il y a une décussation des rayons au-delà du crystallin, sur la rétine, quand la vision est distincte.

* DECUSSIS, (Histoire anc.) monnoie romaine évaluée, qui a eu différentes valeurs. Elle fut d’abord de 10 as, sous Fabius de 16, sous Auguste de 12, & dans un autre tems égale au denier.

DEDAIGNEUR, adj. pris subst. en Anat. nom du muscle ablucteur de l’œil. Voyez Œil. (L)

Dedale ou Labyrinthe, (Jard.) ce morceau de jardin tire son nom du fameux labyrinthe dont Dedale est l’inventeur. Les labyrinthes conviennent dans un grand jardin, pour remplir les places éloignées du château Il faut leur donner un peu de terrein. Voyez Labyrinthe. (K)

DEDALES, (Hist. anc. Myth.) fêtes que les Platéens, peuples de l’Épire, aujourd’hui l’Albanie, célébroient depuis leur retour dans leur patrie : c’étoit pour remercier les dieux de ce qu’ils y étoient rentrés, après en avoir été chassés par les Thébains, & avoir demeuré soixante ans chez les Athéniens, qui donnerent généreusement asile dans leurs villes à ces infortunés citoyens. D’autres disent que ces fêtes furent instituées au sujet d’une statue de bois, qui représentoit Platea fille d’Asopus, & dont Jupiter se servit pour confondre la jalousie de Junon. Les Platéens, ajoûtent-ils, en mémoire de cet évenement, donnerent à ces fêtes le nom de dédales, parce qu’anciennement toutes les statues de bois étoient appellées dédales. Pausanias, liv. IX. chap. iij. rapporte les cérémonies de cette fête, & distingue deux sortes de ces solennités, les grands & les petits dédales. Dans les premiers, tous les Béotiens y assistoient, mais ils ne se célébroient que de soixante en soixante ans : ce qui revient à la premiere origine que nous avons rapportée. Les petits dédales étoient moins solennels, & se célébroient tous les ans selon quelques-uns, & selon d’autres tous les sept ans. On reservoit pour porter en procession le jour de cette fête, toutes les statues que l’on avoit faites pendant l’année, & huit villes tiroient au sort à qui auroit l’honneur de porter ces statues : Platée, Coronée, Thespie, Tanagre, Cheronée, Orchomene, Lepadée, & Thebes. Cette distinction concilie la seconde opinion sur l’origine des dédales avec la premiere. (G)

DEDANS, (Gram.) préposition qui se rend en latin par intùs ; elle est au simple relative à un lieu qu’on occupe, & elle conserve la même analogie au figuré.

Dedans, mettre les voiles dedans, terme de Marine dont on se sert pour dire plier ou serrer les voiles, lorsqu’on y est contraint par le mauvais tems, ou pour quelque autre manœuvre. (Z)

Dedans, (Faucon.) mettre un oiseau dedans, c’est l’appliquer actuellement à la chasse.

Dedans, terme employé de plusieurs façons dans le Manege. Avoir un, deux, trois dedans, c’est en courant la bague l’enlever une, deux, trois fois. Le talon du dedans, la rêne du dedans, la jambe du dedans, par opposition à celles de dehors.

Cette façon de parler est relative à plusieurs choses, selon que le cheval manie à droite ou à gauche sur les voltes, ou selon qu’il travaille le long d’une muraille, d’une haie, ou de quelqu’autre chose semblable ; ainsi elle sert à distinguer à quelle main ou de quel côté il faut donner les aides au cheval qui manie. Auprès d’une muraille, la jambe de dedans est la jambe du côté opposé à celui de la muraille. Sur les voltes, si le cheval manie à droite, le talon droit sera le talon de dedans, la jambe droite la jambe de dedans.

Quelques académistes pour se faire mieux entendre, se servent ordinairement des expressions à droite, à gauche, & disent : aidez le cheval du talon droit, de la rêne droite, de la jambe droite, selon la situation des talons & des rênes, eu égard à la volte. Voyez Volte.

Un cheval a la tête & les hanches dedans, quand on fait passeges, ou que l’on porte un cheval de biais, ou de côté sur deux lignes. Mettre un cheval dedans, c’est le dresser, le mettre bien dans la main & dans les talons. Cheval qui s’est bien mis dedans, c’est-à-dire cheval qui s’est bien dressé. (V)

Dedans, espece de jeu de paume, qui differe d’avec les autres qu’on appelle quarrés, en ce que dans le grand mur du côté de la grille il y a un tambour, & qu’au lieu du mur du bout où il y a le trou & l’ais, il est garni dans presque toute sa largeur d’une galerie a jour, qui avance d’environ trois piés dans le jeu, & est couverte d’un toît semblable à celui qui est à l’autre bout.

Cette galerie qui est à l’extrémité se nomme aussi le dedans ; elle est garnie d’un filet ou réseau de ficelle, qui ne tient que par le haut, pour amortir le coup des balles, & empêcher que ceux qui regardent joüer n’en soient frappés.

DEDICACE, s. f. (Hist. profane & ecclés.) cérémonie par laquelle on voue ou l’on consacre un temple, un autel, une statue, une place, &c. en l’honneur de quelque divinité. Voyez Temple, Autel, &c.

L’usage des dédicaces est très-ancien, tant chez les adorateurs du vrai Dieu, que chez les Payens. Les Hébreux appelloient cette cérémonie hhanuchah, imitation : ce que les Septante ont rendu par ἐγκαίνια ἐγκαινισμὸς, renouvellement. Il est pourtant bon d’observer que les Juifs ni les Septante ne donnent ce nom qu’à la dédicace du temple faite par les Machabées, qui y renouvellerent l’exercice de la religion interdite par Antiochus qui avoit profané le temple.

On trouve dans l’Ecriture des dédicaces du tabernacle, des autels, du premier & du second temple, & même des maisons des particuliers. Nomb. c. vij. v. 10. 11. 84. & 88. Deut. c. xx. v. 5. Liv. I. des Rois, c. viij. v. 63. Liv. II. c. vij. v. 5. & 9. Liv. I. d’Esdras, c. vj. v. 16. & 17. Psal xxxj. v. 1. Hebr. c. jx. v. 18. On y voit encore des dédicaces des vases, d’ornemens, de prêtres, de lévites. Chez les Chrétiens on nomme ces sortes de cérémonies, consécrations, bénédictions, ordinations, & non dédicace : ce terme n’étant usité que lorsqu’il s’agit d’un lieu spécialement destiné au culte divin.

La fête de la dédicace dans l’Église romaine est l’anniversaire du jour auquel une église a été consacrée. Cette cérémonie a commencé à se faire avec solennité sous Constantin, lorsque la paix fut rendue à l’Église. On assembloit plusieurs évêques pour la faire, & ils solennisoient cette fête, qui duroit plusieurs