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quelle on désigne une indication qui se présente à remplir dans le traitement d’une maladie, ou le traitement même de la maladie, ou les remedes qui y sont employés, lorsque ces différentes choses ont pour objet de détruire la cause de la maladie, & d’en faire cesser les effets.

C’est l’indication curative qui détermine le medecin à faire usage de la méthode de traiter, & des remedes qu’il croit propres à produire des changemens dans le corps des malades, qui tendent à terminer avantageusement les desordres de l’œconomie animale : ce traitement & ces remedes sont appellés conséquemment curatifs, pour les distinguer de ceux qui ne sont par exemple que préservatifs ou palliatifs. Voyez Cure, Remede préservatif, Palliatif, &c. (d)

CURATRICE, s. f. (Jurisprud.) est celle qui est chargée de la curatelle d’une autre personne. Les femmes en général ne peuvent être curatrices, parce que la curatelle, de même que la tutelle, est un office civil. La mere & l’ayeule peuvent néanmoins être curatrices de leurs enfans & petits-enfans, de même qu’elles en peuvent être tutrices. La femme ne peut être curatrice de son mari, soit prodigue ou furieux, ni pour aucune autre cause. La coûtume de Bretagne, art. 523, permet cependant de donner la femme pour curatrice au mari prodigue ; ce qui est une exception au droit commun, & contre l’ordre naturel, suivant lequel la femme est en la puissance du mari. Voyez ci-dev. Curatelle & Curateur. (A)

CURCUMA, s. m. (Med.) est une racine médicinale, dont se servent aussi les Teinturiers pour teindre en jaune.

Le curcuma est jaune en-dedans & en-dehors, fort dur, comme s’il étoit pétrifié, & assez semblable au gingembre par sa figure & son volume.

Les feuilles qu’il produit ressemblent à celles de l’ellébore blanc. Ses feuilles viennent en forme d’épi, & son fruit est raboteux comme celui d’une jeune chataigne.

Le curcuma est apporté principalement des Indes orientales. L’île de Madagascar en fournit aussi. Il faut le choisir gros, nouveau, résineux, pesant, & difficile à rompre.

Quelques-uns ont cru faussement qu’il y avoit un curcuma naturellement rouge : cette erreur est venue de ce que le curcuma devient brun à mesure qu’il est vieux, & qu’étant pulvérisé il est rougeâtre.

Les Gantiers, &c. s’en servent beaucoup pour teindre leurs gants, comme aussi les Fondeurs pour donner au cuivre une couleur d’or. Les Indiens l’employent pour teindre en jaune leur ris & leurs autres nourritures : de-là vient que quelques-uns le nomment safran indien.

Nos Teinturiers trouvent qu’il ne donne pas un jaune aussi durable que la gaude ; mais il est admirable pour rehausser la couleur rouge des étoffes teintes avec la cochenille ou le vermillon, comme les écarlates, &c. Chambers.

Curcuma, (Mat. med.) La racine de curcuma ou terra merita des boutiques, qu’on appelle aussi en françois saffran des Indes, a été célébrée comme un bon apéritif & un bon emménagogue, comme favorisant l’accouchement, &c. mais il est surtout recommandé comme un spécifique contre la jaunisse, & cela principalement à cause de sa couleur jaune. Voyez Signature. (b)

CURDES, (les) Géog. mod. peuples d’Asie dont partie est en Turquie, l’autre en Perse. Les Curdes occupent un pays voisin de l’ancienne Assyrie & de la Chaldée ; ils sont indépendans, ne sont jamais stables dans un endroit, mais ne font qu’y camper.

CURDISTAN, (le) Géogr. mod. c’est ainsi

que l’on nomme le pays habité par les Curdes en Asie au nord-est du Diarbek & de l’Irac. Betlis en est la capitale.

CURE, (Jurisprud.) ainsi appellée du latin cura, qui signifie en général soin, charge : en matiere ecclésiastique signifie ordinairement une église & bénéfice ecclésiastique, auxquels est attaché le soin des ames de certaines personnes ; & lorsque cette église a la charge des ames d’un territoire limité, elle forme une paroisse : & en ce cas les termes de cure & de paroisse sont souvent employés indifféremment, quoiqu’ils ne soient pas absolument synonymes.

Il y a plusieurs sortes de cures, comme on l’expliquera dans les subdivisions suivantes.

Celui qui possede un bénéfice cure est ordinairement appellé curé ; mais si cette cure est attachée à un bénéfice régulier, celui qui en est titulaire est appellé prieur-curé ou prieur simplement. Voyez ci-après Curé.

Les fonctions curiales seront aussi expliquées au même endroit.

Les revenus des cures consistent en dixmes, oblations & offrandes, gros, portion congrue : chacun de ces objets sera aussi expliqué en son lieu.

Cure-bénéfice, est tout bénéfice qui a charge d’ames. Ces sortes de bénéfices ne forment pas tous des paroisses ; car on peut avoir charge d’ames de certaines personnes, sans avoir un territoire circonscrit & limité, lequel est nécessaire pour constituer une paroisse. Les chapitres, par exemple, ont charge d’ames, & font les fonctions curiales pour leurs chanoines & chapelains ; ils leur administrent les sacremens & la sépulture, quoiqu’ils demeurent hors du cloître.

Cures exemptes, c’est-à-dire celles qui dépendent d’ordres exempts de la jurisdiction de l’ordinaire : les églises paroissiales de ces cures, quoique desservies par des réguliers, ne laissent pas d’être sujettes à la visite des évêques ; & si les curés réguliers commettent quelque faute dans leurs fonctions curiales, ou administration des sacremens, ils sont soûmis à cet égard à la jurisdiction de l’évêque diocésain, & non au supérieur de leur monastere.

Cures personnelles, sont des églises qui font les fonctions curiales pour certaines personnes, sans avoir de territoire limité.

Cure à portion congrue, est celle où le curé n’a point les grosses dixmes, au lieu desquelles les gros décimateurs lui payent annuellement une somme de 300 1. à titre de portion congrue. V Portion congrue.

Cures-prieurés, sont des prieurés réguliers, mais non conventuels, auxquels sont attachées les fonctions curiales d’un certain territoire ou paroisse. Il y en a beaucoup dans l’ordre de S. Benoît, & dans ceux de saint Augustin, de Prémontré, & autres ; les premiers, c’est-à-dire ceux de l’ordre de S. Benoît, sont remplis par des religieux qui sont seulement curés primitifs, & les fonctions curiales sont faites par un vicaire perpétuel : dans les ordres de S. Augustin & de Prémontré, les prieurés-cures sont remplis par des religieux qui sont titulaires des cures, & font eux-mêmes les fonctions curiales.

Cure primitive, est le droit qui appartenoit anciennement à une église de faire les fonctions curiales dans une paroisse dont le soin a depuis été confié à des vicaires perpétuels.

Cures régulieres, sont les prieurés-cures dépendant d’un ordre régulier, comme il y en a beaucoup dans l’ordre de S. Augustin & de Prémontré qui sont remplies par des chanoines réguliers de ces ordres. Voy. ci-apr. au mot Curé l’article Réguliers & Religieux.

Cures séculieres, sont celles qui peuvent être possédées par des prêtres séculiers, à la différence des prieurés-cures qui sont des cures régulieres, qui