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nomine culvertagii & perpetuæ servitutis ; que chacun ne craignoit rien tant, nihil magis quàm opprobrium culvertagii meluentes. Mathieu de Westmunster dit la même chose sous l’an 1213. Voyez Guillaume Prynnenn, in libert. Angl. tome II. p. 269. Quelques-uns prétendent que ce terme culvert vient de collibertus, qui signifie celui qui a été affranchi avec un autre esclave par un même seigneur ou patron. M. de Lauriere en sa note seconde sur le chap. xcvj. des établissemens de saint Louis, rapporte cette étymologie : d’autres la tirent du latin culum vertere, c’est-à-dire tourner le cul, prendre la fuite. Le glossaire de Ducange rejette cette étymologie, comme étant sans fondement. L’auteur convient que la signification de ce terme est incertaine, & presqu’inconnue aux plus habiles grammairiens des langues françoise & angloise : il fait seulement entendre que ce culvertage étoit une servitude très-ignominieuse ; & que s’il est permis de hasarder des conjectures, on peut présumer que ce terme culvertage signifioit confiscation de fiefs, ce qui paroît appuyé sur la coûtume de Sole, tit. x. art. 8. où il est dit couvrir le feu du vassal, pour confisquer son fief. (A)

CUMANA, (la) Géog. mod. ville de l’Amérique méridionale dans la Terre-ferme, capitale de la province de même nom. Long. 314. lat. 9. 46.

CUMANIE, (Géog. mod.) pays de la Moldavie & de la Valachie, entre le Danube & la riviere d’Olt, du côté de la Tartarie.

CUMBERLAND, (Géog. mod.) province maritime d’Angleterre avec titre de duché ; elle est très-abondante en pâturages, mines de plomb, de cuivre & de charbon de terre : Carlisle en est la capitale.

CUMIN, s. m. (Hist. nat. bot.) cuminum ; plante ombellifere dont la tige s’éleve environ d’un pié, & qui a la feuille lasciviée, & la fleur en ombelle, blanche & petite : cette fleur fait place à des semences oblongues, cannelées légerement sur le dos, blanchâtres ou cendrées, & d’une odeur & d’un goût aromatiques. Tournef. Instit. rei herb. (I)

Cumin, (Matiere medic.) La semence de cette plante, qui est la seule de ses parties que l’on employe en Medecine, aide la digestion & dissipe les vents ; c’est pourquoi quelques-uns la mettent dans le pain & dans les fromages : elle est utile dans la colique venteuse, dans la tympanite & le vertige qui vient d’une mauvaise digestion, soit qu’on le prenne intérieurement, soit qu’on l’applique à l’extérieur. Cependant pour l’usage interne on préfere la graine de carvi à celle de cumin : celle-ci est moins agréable & plus forte, mais on employe préférablement la graine de cumin à l’extérieur. (Geoffroy, Mat. med.)

La graine de cumin est fort peu usitée parmi nous dans les préparations magistrales, mais les Allemands l’employent assez communément ; ils les font entrer dans leurs especes cordiales, stomachiques, emménagogues, &c.

On employe beaucoup plus cette semence dans nos boutiques ; on en tire par la distillation une eau & une huile essentielle.

Les compositions de la Pharmacopée de Paris dans lesquelles elle entre, sont celles-ci : l’eau générale, l’eau hystérique, l’orviétan, l’électuaire de baies de laurier, le caryocostin, le baume oppodeldoc, l’onguent martiatum, l’emplâtre diabotanum.

La semence de cumin est une des quatre grandes semences chaudes. Voyez Semences chaudes.

Les Allemands la mangent communément sur du pain mêlée avec du gros sel, pour s’exciter à boire. (b)

CUMINOIDES, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales fran-

gés pour l’ordinaire, disposés en rond, & soûtenus

par le calice, qui devient dans la suite une semence le plus souvent oblongue. Tournef. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CUMUL, s. m. (Jurisprud.) est un droit singulier qui n’a lieu que dans quelques coûtumes qui l’établissent expressément. Il consiste dans la faculté que les héritiers des propres ont lorsque les meubles & acquêts sont considérables, & que les propres sont en petite quantité, de demander que l’on accumule le tout, & qu’on leur en donne le tiers ; mais pour cela il faut que les meubles & acquêts excedent des trois quarts la valeur des propres.

Ce droit de cumul n’a lieu qu’en faveur des enfans, & non pour les collatéraux : il n’a pas lieu non plus dans les coûtumes de subrogation, telles qu’Anjou & Maine, attendu qu’elles ont assez pourvû à l’intérêt des héritiers des propres, en subrogeant les acquêts aux propres : enfin il ne s’étend point aux biens qui sont situés dans d’autres coûtumes que celles qui l’établissent. Voyez le Brun, traité des success. liv. II. ch. 4. n. 61. (A)

CUMULER, v. act. (Jurisprud.) signifie réunir & joindre ensemble plusieurs objets. On ne peut pas cumuler en sa personne deux causes lucratives ; ce n’est pas à dire néanmoins qu’il soit défendu de réunir deux titres pour avoir une même chose : on cumule au contraire tous les jours droit sur droit & différens titres pour avoir une même chose ; mais on ne peut pas demander deux fois la même chose en vertu de deux titres différens. Voyez Causes lucratives. (A)

CUNÉIFORME, os du crâne, voyez Sphénoïde.

Cunéïformes, (Anatom.) os du tarse. C’est le nom qu’on donne aux trois derniers os du tarse, à cause de quelque ressemblance qu’ils ont avec des coins. Dans un fœtus de neuf mois, les trois os cunéiformes ne sont tous encore que des cartilages qui s’ossifient dans la suite : ils sont situés entre les trois premiers os du métatarse, le cuboïde & le scaphoïde : leur grosseur & leur grandeur n’est point la même dans tous les trois ; car le premier ou le plus intérieur est le plus grand ; le troisieme l’est plus que le second, & il a moins de volume que le premier.

Les Anatomistes considerent dans chacun de ces os cinq faces, de même que dans un coin ; leur situation est telle, que le second & le troisieme ont leur pointe tournée vers la plante du pié, tandis que le premier a la sienne tournée vers le dessus du pié. Ils sont joints par leur face antérieure aux trois premiers os du métatarse, & par la postérieure avec l’os scaphoïde. On observe que le troisieme est joint aussi par sa face externe au cuboïde.

L’articulation des trois cunéïformes avec l’os cuboïde, celle de ces quatre os avec les os du métatarse, & celle des os du métatarse entr’eux, ont un mouvement très-obscur. C’est au moyen de ces articulations que l’on peut courber ou voûter le pié selon sa longueur, & tant soit peu selon sa largeur : ce dernier mouvement est moins obscur vers les têtes des os du métatarse, que vers leur base, & vers les os du tarse qui sont dans le voisinage.

Ajoûtons un mot des ligamens qui attachent les trois cunéiformes au scaphoïde & au cuboïde. Ils sont joints ensemble dans leur partie supérieure & inférieure, par des plans ligamenteux particuliers qui vont plus ou moins transversalement d’un os à un autre, étant unis à une bande ligamenteuse commune qui les couvre tous, & qui s’étend même sur le cuboïde. Ils sont encore joints dans leur partie supérieure & inférieure, avec les quatre premiers os du métatarse par plusieurs ligamens ; mais ceux de la partie supérieure ne sont que des bandes ligamenteuses très-