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voit la coupe fig. 6. Pl. VIII. on les y étale comme des rouleaux de jettons sur une table ; on fait dessous un violent feu de bois ; & pour donner au feu plus d’action, on ferme le devant du fourneau, de maniere que l’air ne pousse que par l’ouverture du cendrier : ce feu acheve d’épuiser ces pains de cuivre noir de tout l’argent & plomb qu’ils contenoient. Il y a aussi à ce fourneau rigole & casse sur le devant.

Toute la matiere se trouve donc maintenant réduite, partie en pains tenant plomb & argent, partie en pains de cuivre noir pur. Le pain de cuivre noir pur se conduit à l’état de cuivre de rosette, comme nous l’avons expliqué plus haut ; & l’argent & le plomb se séparent dans le travail des autres, comme nous allons l’expliquer.

Pour séparer le plomb & l’argent, on coupelle au fourneau, qu’on voit en entier Pl. IX. fermé en F, fig. 1. & ouvert en partie, même Pl. fig. 2. en E, & dont on a différentes coupes, Pl. VI. fig. 8, 9, 10. La figure 8. est le plan de ce fourneau au niveau de l’âtre ; la figure 9. en est une coupe suivant la ligne CL ; & la figure 10. est un plan des évents du fourneau F, & du seul étage où il y ait des évents au fourneau E. Pour cet effet, on couvre le fond du fourneau d’une couche de cendres lessivées, & préparées à la maniere de celles qu’on employe aux coupelles d’essai ordinaires. Voyez les articles Essai & Coupelle. On bat cette cendre ; on lui donne un peu de concavité : cela fait, on y dispose un petit lit de foin, afin qu’en posant les pains on ne fasse point de trous à la couche de cendres, qu’on appelle cendrée. Voyez cet article. On range ensuite les pains les uns sur les autres à plat & circulairement ; on allume un feu de bois, on couvre le fourneau avec son couvercle ; on dirige le vent des soufflets sur la surface du métal : les pains fondent. Quand la fusion est complete, une partie du plomb se vitrifie, & se met en litharge liquide : cette litharge gagne les bords.

On lui a menagé une rigole ; & avec un ringard, on l’attire au-dehors, où elle ne tarde pas à se figer. C’est sous cette forme qu’on se débarrasse d’une partie du plomb ; le reste ou se dissipe en vapeur, ce qu’on appelle fumer ; ou pénetre dans la cendrée & s’y fige, entraînant avec lui tout ce qui n’est pas argent. Ce qui est argent demeure seul & se purifie. On ne dit rien ici du feu ; il se doit ménager selon l’art. Voyez l’article Feu.

Aussitôt que le plomb a été épuisé par les voies que nous venons d’indiquer, l’argent se fige au milieu de la coupelle ; le figer de l’argent suit si rapidement la défection du plomb, que les ouvriers ont donné à ce phénomene le nom d’éclair. Voyez l’article Eclair. Si l’on n’a pas soin de retirer le cuivre aussitôt après qu’il a fait éclair, il se brûle & se réduit en chaux.

On a trois matieres, l’argent pur, la litharge, & la matiere imbibée dans la coupelle ou cendrée. La litharge & la coupelle ont leur utilité ; on peut les substituer au plomb dans l’opération même que nous venons de détailler plus haut : mais il est à-propos d’observer que la litharge & la coupelle ne sont autre chose que des chaux de plomb, qui ne se réduisent pas toutes dans la fonte en grand. On trouve dans ces travaux qu’un quintal de litharge réduite, ne donne guere que soixante & quinze livres de plomb, & qu’un quintal de coupelle n’en donne guere plus de cinquante : ainsi, quand au lieu de plomb on employe la litharge & la coupelle, il faut avoir égard à ces déchets. Dans les coupellations en grand, on prend communément partie plomb neuf, partie litharge, partie coupelle. Voyez sur la même matiere, les articles Fonderie, Métallurgie, & Docimasie.

Les opérations qui viennent d’être décrites suffi-

sent pour donner une idée générale de la maniere

de traiter les mines de cuivre : au reste dans chaque pays on suit, comme nous l’avons dit plus haut, des méthodes différentes, parce qu’on a à traiter des mines de différente nature ; il faudroit des volumes entiers pour donner tous les détails qui se pratiquent. Ceux qui seront curieux de s’instruire à fond sur cette matiere, pourront consulter le traité de la fonte des mines d’André Schlutter, publié en françois par M. Hellot de l’académie des Sciences ; & Schwedenborg de cupro ; ouvrages dans lesquels on a recueilli presque toutes les manieres de traiter les mines de cuivre pratiquées par différens peuples de l’Europe.

Quand le cuivre a passé par les travaux que nous venons de décrire, il est pur, dégagé de toutes matieres étrangeres, & on l’appelle cuivre de rosette, ou simplement cuivre : c’est alors qu’il a les propriétés indiquées dans la définition que nous avons donnée au commencement de cet article, & qu’il présente les autres phénomenes dont nous allons parler.

Le cuivre a la propriété de s’unir très-facilement par la fusion avec plusieurs substances métalliques. Il s’unit très-aisément avec le fer ; il y a même des chimistes qui prétendent qu’il n’y a point de fer qui n’en contienne une portion. Si on le fond avec l’antimoine, il fait le régule d’antimoine cuivreux ; avec le zinc, il fait le tombac & le métal de prince ; avec la calamine ou la cadmie des fourneaux, il fait ce qu’on appelle le cuivre jaune ou laiton. Voyez les articles Calamine, Cadmie & Laiton. Si on le mêle avec de l’orpiment & de l’étain, on aura une composition propre à faire des miroirs métalliques. Uni avec de l’arsenic détoné avec le nitre, il devient blanc, fragile, & cassant : c’est ce qu’on appelle cuivre blanc. Allié avec de l’étain, il fait une composition très-sonnante, propre à faire des cloches, des statues, &c. cette composition s’appelle bronze. Voyez Bronze. On mêle une petite portion de cuivre avec l’or & l’argent, pour donner à ces métaux une dureté & une consistance qu’ils n’auroient point sans cela, & pour les rendre plus faciles à être travaillés : outre cela il conserve leur ductilité à ces métaux qui sont sujets à la perdre très-aisément. Lorsque le cuivre a été rougi dans le feu, si on lui joint du soufre, il entre en fusion avec beaucoup plus de facilité que si le cuivre étoit tout seul.

Le cuivre exposé pendant long-tems au feu de reverbere, se change en une chaux métallique qu’on nomme æs ustum, ou saffran de venus, ou écaille de cuivre, qui est propre à colorer en verd les verres, les émaux, & à peindre la fayence & la porcelaine. On peut réduire cette chaux en cuivre, en y joignant du charbon & du verre de plomb. Kunckel nous dit que cette chaux de cuivre, calcinée avec partie égale de soufre dans un plat découvert, s’allume & fulmine ; ce qui n’arrive plus, si on y remet de nouveau soufre : mais si l’on en dégage tout le soufre, & qu’on fasse reverbérer de nouveau la chaux de cuivre, elle s’allumera de nouveau avec le soufre. Voyez Kunckel, laboratorium chimicum.

Nous avons déjà remarqué que tous les dissolvans agissent sur le cuivre : voici les phénomenes qui accompagnent ces différentes dissolutions.

L’acide vitriolique dissout le cuivre difficilement, lorsqu’il est entier ; il faut pour que la dissolution se fasse promptement, que le cuivre soit ou en limaille ou en chaux, c’est-à-dire dans un état de division. L’union de l’acide vitriolique & du cuivre, fait le vitriol de vénus ; voyez l’article Vitriol : il est rhomboïde ou losange.

L’acide nitreux dissout le cuivre avec une rapidité étonnante, quand il est concentré ; il s’éleve beaucoup de vapeurs rougeâtres : la dissolution est d’un bleu qui tire sur le verd : les crystaux qui en résul-