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au-tour du bord des oreilles. Se tenir aux crins, se dit lorsque le cavalier se sentant peu ferme, prend les crins du cou avec la main lorsqu’un cheval saute, de peur qu’il ne le jette par terre. On dit vendre un cheval crins & queue, pour dire le vendre très-cher. (V)

Crin, (Corderie.) On distingue deux sortes de crin, l’un qui est droit & tel qu’il sort de dessus l’animal ; l’autre qu’on appelle crin crépi, c’est-à-dire du crin qui a été cordé, & qu’on a fait boüillir pour le friser.

Il y a plusieurs sortes d’artisans qui se servent de crin pour les ouvrages de leur métier.

Le crin plat ou droit est employé par les Perruquiers, qui en font entrer dans les perruques. Les Luthiers s’en servent pour garnir les archets des instrumens de Musique, Les Boutonniers en font de fort beaux boutons ; & les Cordiers en font des longes pour les chevaux, & des cordes pour étendre le linge.

Le crin crépi sert aux Selliers & aux Bourreliers ; aux Selliers, pour garnir les carrosses, selles, & coussinets ; aux Bourreliers, pour rembourrer les bâts des chevaux & des mulets, & les sellettes des chevaux de chaise & de charrette.

CRINIER, s. m. artisan qui prépare le crin, & le met en état d’être employé par les différens ouvriers qui s’en servent dans leurs ouvrages.

Il n’y a que les maîtres Cordiers qui ayent le droit de boüillir, crépir, & friser le crin.

CRINIERE, s. f. (Marechallerie.) c’est la racine du crin qui est sur le haut de l’encolure du cheval. Les crinieres larges sont moins estimées que les autres. C’est un défaut, sur-tout aux chevaux de selle, que d’avoir une criniere large, parce qu’à moins que d’en avoir un soin extraordinaire, elle est sujette à la galle. Lorsque le cheval se cabre, on le prend aux crins ou à la criniere.

On appelle aussi criniere, une couverture de toile qu’on met sur les crins du cheval depuis le haut de la tête jusqu’au surfaix. Voyez Surfaix.

Elle a deux trous à l’une de ses extrémités pour passer les oreilles, d’où elle vient répondre & s’attacher au licou sur le devant de la tête, & de-là au surfaix sur le dos du cheval. Les Anglois donnent des crinieres aux chevaux pendant l’hyver ; en France on ne s’en sert que dans les écuries. (V)

CRINONS, s. m. pl. (Hist. nat. Insectolog.) crinones, très-petits vers qui se trouvent dans le corps humain : on les appelle crinons, parce qu’il y en a plusieurs ensemble, qui forment un groupe qui ressemble en quelque sorte à un peloton de crin. Ils naissent aux bras, aux jambes, & principalement au dos des enfans à la mammelle. Ces vers étant vûs au microscope, paroissent avoir une grande queue & le corps gros. Les anciens ne les connoissoient pas, & Etmuller les a confondus avec ceux que l’on appelle petits dragons ou dragonneaux. Voyez de la gener. des vers dans le corps de l’homme, &c. par M. Andry. Voy. Dragonneau, Insecte. (I).

CRIOBOLE, s. m. (Myth.) sacrifice qu’on faisoit d’un bélier, à Cybele. Voyez Taurobole.

CRIONERO, (Géog. mod.) riviere d’Asie, en Natolie, qui prend sa source dans le mont Taurus.

* CRIOPHORE, adj. épithete qu’on donnoit à Mercure qui avoit délivré de la peste les Thébains, qui, lorsqu’ils en furent attaqués ou menacés, porterent en honneur de ce dieu un bélier autour de leurs murailles, & célébrerent dans la suite en mémoire de leur conservation, une fête dans laquelle le jeune Thébain, de la figure la plus belle, faisoit le tour de la ville avec un agneau ou un bélier sur ses épaules.

CRIQUE, s. m. (Marine.) on donne ce nom à un

petit enfoncement que la mer fait dans la côte, où de petits bâtimens peuvent entrer & s’y mettre à l’abri de la tempête. (Z)

Criques. (Art milit.) sont des especes de fossés que l’on fait quelquefois dans les environs des places, pour en couper le terrein de différens sens, de maniere que l’ennemi ne puisse pas y conduire de tranchée. Ils sont ordinairement remplis d’eau.

« Lorsqu’il se rencontre des endroits où le terrein qu’on veut inonder se trouve sensiblement plus élevé que le niveau des eaux, on le coupe de tous les sens par des fossés nommés criques, qui communiquent à l’écluse la plus à portée de les remplir d’eau. S’il reste encore sur le même terrein des espaces dont l’ennemi puisse profiter pour l’établissement de ses batteries dans un tems de siége, on les occupe par des redoutes qui prennent des revers sur son travail, &c. ». Architect. hydraulique, seconde partie, tom. II.

On avoit fait anciennement de ces criques à Dunkerque, pour couper un terrein, qui, ayant été marécageux, s’étoit ensuite desseché, & sur lequel l’ennemi auroit pû conduire une tranchée pour arriver à la place. Voyez la description de Dunkerque dans le premier vol. de la seconde partie de l’ouvrage que l’on vient de citer. (Q)

CRIQUET, s. m. (Marechall.) On appelle ainsi un petit cheval de peu de valeur.

CRISE, s. f. (Medecine.) Galien nous apprend que ce mot crise est un terme du barreau que les Medecins ont adopté, & qu’il signifie, à proprement parler, un jugement.

Hippocrate qui a souvent employé cette expression, lui donne différentes significations. Toute sorte d’excrétion est, selon lui, une crise ; il n’en excepte pas même l’accouchement, ni la sortie d’un os d’une plaie. Il appelle crise tout changement qui arrive à une maladie. Il dit aussi qu’il y a crise dans une maladie, lorsqu’elle augmente ou diminue considérablement, lorsqu’elle dégénere en une autre maladie, ou bien qu’elle cesse entierement. Galien prétend, à-peu-près dans le même sens, que la crise est un changement subit de la maladie en mieux ou en pis ; c’est ce qui a fait que bien des auteurs ont regardé la crise comme une sorte de combat entre la nature & la maladie ; combat dans lequel la nature peut vaincre ou succomber : ils ont même avancé que la mort peut à certains égards être regardée comme la crise d’une maladie.

La doctrine des crises étoit une des parties les plus importantes de la Medecine des anciens : il y en avoit à la vérité quelques-uns qui la rejettoient, comme vaine & inutile ; mais la plûpart ont suivi Hippocrate & Galien, dont nous allons exposer le système, avant de parler du sentiment des medecins qui leur étoient opposés, & de rapporter les différentes opinions des modernes sur cette partie de la Medecine pratique.

La crise, dit Galien, & d’après lui toute son école, est précedée d’un dérangement singulier des fonctions ; la respiration devient difficile, les yeux deviennent étincelans ; le malade tombe dans le délire, il croit voir des objets lumineux ; il pleure, il se plaint de douleurs au-derriere du cou, & d’une impression fâcheuse à l’orifice de l’estomac ; sa levre inférieure tremble, tout son corps est vivement secoüé : les hypocondres rentrent quelquefois, & les malades se plaignent d’un feu qui les brûle dans l’intérieur du corps, ils sont altérés : il y en a qui dorment ou qui s’assoupissent ; & à la suite de tous ces changemens se montrent une sueur ou un saignement du nez, un vomissement, un devoiement, ou des tumeurs. Les efforts & les excrétions sont proprement la crise ; elle n’est, à proprement parler, qu’un