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COUVERCLE, s. m. (Art méchaniq.) en général tout ce qui est destiné à fermer une ouverture, en s’appliquant sur la partie supérieure ou antérieure.

* COUVERÉES, s. f. pl. terme de Pêche, sorte de filet que l’on nomme ainsi dans l’embouchure de la Loire, & que dans la Seine on appelle feintiers ou alosieres ; il est de l’espece des filets tramaillés : la nappe du ret du milieu est de deux sortes de grandeur ; les plus larges ont la maille de vingt lignes en quarré, & les autres de dix-huit lignes aussi en quarré.

Ces rets servent à faire la pêche des feintes pucelles ou fausses aloses, que les pêcheurs nomment ici couverts. La pêche de ces poissons commence un peu après celle de l’alose, & finit presque en même tems.

COUVERSEAU, s. m. (Charp.) planche épaisse d’un pouce ou d’un pouce & demi, placée au-dessous des archures d’un moulin : il y en a quatre.

* COUVERT, À COUVERT, À L’ABRI, (Gram.) à couvert présente l’idée d’un voile qui dérobe ; à l’abri, l’idée d’un rempart qui défend. On se met à couvert du soleil & à l’abri du mauvais tems. On a beau s’enfoncer dans l’obscurité, rien ne met à couvert des poursuites de la méchanceté, rien ne met à l’abri des traits de l’envie.

Couvert se dit, dans la Fortification, des lieux cachés à l’ennemi par une élévation de terre, ou par quelque disposition particuliere. Voyez Chemin couvert, Flanc couvert, &c. (Q)

Couvert, s. (Ecrivain.) est synonyme à enveloppe, & se dit d’une lettre. On affranchit une lettre, eu la faisant partir sous le couvert d’un ministre, &c.

Couvert, adj. (Manuf. en laine.) tout ce qui n’a pas été tondu d’assez près.

Couvert, (Manege.) Voyez Manege.

Couvert, adj. (Teinture.) est synonyme à sombre & à foncé, & se dit de toute couleur.

Couvert, en termes de Blason, se dit d’un château ou d’une tour qui a un comble.

Leydet Fombeston, de gueules à la tour couverte d’or. (V)

COUVERTE, s. f. (Marine.) c’est le mot des Levantins, pour dire pont ou tillac. Ce bâtiment porte couverte, pour dire qu’il est ponté, qu’il a un pont. Cette expression n’est guere d’usage. (Z)

* Couverte, s. f. (Fayence & Porcelaine.) c’est une substance particuliere, blanche, vitreuse, ou facilement vitrescible, qu’on applique sur la matiere dont les pieces de porcelaine sont faites, & qu’on appelle le biscuit : c’est sur la couverte qu’on peint. Ce n’est pas une découverte facile que celle d’une bonne couverte ; il y en a qui prétendent que la pâte ou le biscuit d’une bonne porcelaine ne doit point contenir de sels, & qu’une bonne couverte ne doit point être métallique.

Couverte, (Fauconn.) vol à la couverte, c’est celui qui se fait lorsqu’on approche le gibier à la faveur de quelque haie.

COUVERTURE, s. f. en général ce qui s’étend sur la surface entiere ou partielle d’un objet, & qui sert, soit à garantir cette surface, soit à préserver l’intérieur de l’action des corps extérieurs.

* Couverture, (art du Couvreur.) la partie extérieure d’un bâtiment la plus élevée, qui défend toutes les intérieures des injures de l’air, & qui est soutenue de tout côté sur des bois appuyés d’un bout sur les murs de la maison, & de l’autre aux arc-boutés ou assemblés, soit ensemble soit avec d’autres bois qui font partie de la charpente. On couvre les maisons ou de plomb, ou d’ardoise, ou de tuile, ou de bardeau, ou de chaume. Plus la matiere est pesante, plus le toit doit être bas ; pour l’ardoise, on peut

donner au toit une hauteur égale à sa largeur. Pour la tuile, la hauteur n’en peut être que les deux tiers ou tout au plus les trois quarts de la largeur. S’il y a des croupes ou boîtes de toit qui ne soient point bâties en pignon, mais couvertes en penchant comme le reste du comble, il faut tenir ces croupes plus droites que les autres couvertures. Autrefois on ne faisoit que des couvertures droites, hautes, & n’ayant de chaque côté qu’une pente terminée en pointe au comble. Ces toits avoient des avantages, mais ils occasionnoient trop de dépense en tuile, en ardoise, en charpente, &c. & ils renfermoient trop peu d’espace ; on les a donc abandonnés pour les mansardes. Voyez Mansardes.

Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux piés ou seize pouces au plus de distance. Le millier de tuile du grand moule, fait sept toises de couverture. Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, & quatre pouces trois lignes de pureau ; on appelle de ce nom, la portion de tuile qui reste découverte quand elle est en place. La grandeur des tuiles du petit moule est communément de neuf à dix pouces de long, sur six de large, & trois pouces & demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creuses, ou en s couchée, demandent un toit extrèmement plat. Il y a de l’ardoise de 11 pouces de long sur 6 à 7 de large, & 2 lignes d’épais ; c’est la quarrée forte. La quarrée fine a 12 à 13 pouces de large sur une ligne d’épais. Le millier fait 4 toises de couverture, en lui donnant 3 pouces & demi de pureau ; en la ménageant bien, elle peut former jusqu’à quatre toises & demie. Le bardeau, ou ces petits ais qu’on substitue à la tuile, ne charge pas les maisons ; on les appelle aissis ou aissantes. On les employe communément aux hangards. Il faut qu’ils soient sans aubier. Si on en fait des toits de maison, il ne sera pas nécessaire que la charpente soit forte. Il n’y faudra pas épargner le clou, non plus qu’à l’ardoise. Il durera plus long tems si on le peint à l’huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de seigle non battue au fleau : après que les faîtes & soûfaîtes sont posés, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes de coudriers &c.. de grandes perches de chêne, à trois piés de distance ; on lie ces perches avec de plus petites qu’on met en-travers, & l’on applique là-dessus le chaume ou la paille qu’on fixe avec de bons liens. Plus ces liens sont serrés & le chaume pressé & égal, mieux la couverture est faite. Il y a des couvertures de jonc & de roseaux. Quelquefois on gache la paille avec de la terre & du mortier.

On accroche la tuile à la latte ; on y cloue l’ardoise après l’avoir percée d’un coup de marteau ; c’est pour cela qu’on remarque à la tuile une encrénure en-dessous. Le pureau est plus grand ou plus petit selon la distance des lattes. Voilà en quoi consiste tout l’ouvrage de couvreur, qui demande plus de hardiesse & de probité que d’adresse. La latte est attachée sur les chevrons.

Comme il est quelquefois difficile de vérifier l’ouvrage de couvreur, il n’a pas de peine à tromper. Il peut compter plus de tuile ou d’ardoise qu’il n’en employe. Il peut employer de mauvaise latte & de la tuile mal façonnée ; il peut disposer la neuve de maniere qu’elle soit mêlée avec la vieille, ou qu’elle lui serve de cadre. Il n’y a que la stipulation avant que l’ouvrage commence, & un examen attentif après que l’ouvrage est achevé, qui puisse mettre à couvert de la tromperie.

Le toiser de la couverture n’a rien de difficile, les dimensions étant données ; mais il est quelquefois dangereux de les prendre sur le toit. Quand on les a, il faut supposer la couverture plane, & ajoûter au produit pour le battelement un pié quarré ; pour la pente un pié quarré ; pour le posement de gouttiere