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Coussinet, (Doreur.) Le coussinet des Doreurs est un morceau de bois bien uni, sur lequel est posé un lit de crin, ou de bourre, ou de feutre, & par-dessus une peau de mouton ou de veau, bien tendue & attachée avec de petits clous. Ce coussinet est entouré de deux côtés d’un morceau de parchemin de six doigts de haut, pour empêcher que le vent ne jette à terre l’or qu’on met dessus. Voyez la figure 6. Pl. III. du Doreur.

Coussinet, en termes de Gravure en Taille-douce, c’est une espece de petit coussin que l’on fait de peau, rempli de sablon d’Etampes ; il doit avoir six à sept pouces de diametre, & deux à trois pouces d’épaisseur. Il sert pour poser la planche de cuivre, & lui donner tous les mouvemens nécessaires. Voyez Pl. II. de la Gravure & la fig. 14. de la Pl. I. qui en fait voir l’usage.

Coussinets, (à la Monnoie.) sont les lames ou bandes d’acier, sur lesquelles sont gravés en creux les moltés de légende de la tranche. Voyez Marque sur tranche.

COUSU, part. (Maréch.) se dit d’un cheval fort maigre. On dit qu’il a les flancs cousus, pour dire qu’il y a si peu d’épaisseur d’un flanc à l’autre, qu’il semble qu’ils sont cousus ensemble.

On dit qu’un homme est cousu dans la selle, pour signifier qu’il est si ferme à cheval, qu’il en branle si peu, qu’il semble y être attaché. (V)

Cousu, en termes de Blason, signifie la même chose que rempli, & se dit d’une piece de métal ou de couleur placée sur le champ de l’écu. On l’appelle ainsi, parce que par la regle générale du Blason de ne pas mettre métal sur métal, ni couleur sur couleur, elle ne doit pas avoir place dans l’écu ; & l’on sauve cette espece d’irrégularité, en disant qu’elle y est cousue. Voyez le P. Menet. & le dictionn. de Trév.

Bonne de Lesdiguieres en Dauphiné, de gueules au lion d’or, au chef cousu d’azur, chargé de trois vases d’argent. (V)

COÛT, s. m. (Jurispr.) d’un acte en général, est ce que l’on paye à l’officier public pour son salaire de l’acte.

Coût d’un arrêt, sentence, ou autre jugement, sont les frais que l’on est obligé de payer pour obtenir un arrêt & pour le lever : tels que les vacations, épices & autres droits.

Coûts (loyaux), voyez au mot Loyaux coûts. (A)

COÛTANCES, (Géog. mod.) ville considérable de France en basse Normandie, capitale du Cotentin près de la mer. Long. 16d. 12′. 25″. latit. 49d. 2′. 50″.

* COUTEAU, s. m. (Gram.) instrument tranchant d’acier, que les Couteliers fabriquent particulierement ; ce qui les a fait nommer Couteliers. Il y en a un si grand nombre de différentes sortes, & ils sont à l’usage de tant d’artistes, qu’il est impossible d’en faire une énumération exacte. Nous allons faire mention des principaux : on trouvera la description & l’usage des autres aux articles des ouvrages auxquels on les employe ; & la maniere de faire le couteau ordinaire de poche ou de table, à l’article Coutelier. Voyez l’article Coutelier.

Couteau, (Hist. anc.) dans les sacrifices des anciens, instrument pointu, ou tranchant sans pointe, dont les victimaires se servoient pour égorger ou dépouiller les victimes. Ils en avoient de plusieurs especes. Le plus connu est le secespita, glaive aigu & tranchant, qu’ils plongeoient dans la gorge des animaux, & dont la figure, suivant la description de Festus, approchoit de celle d’un poignard. La seconde espece étoit le couteau à écorcher les victimes, culter excoriatorius, qui étoit tranchant, mais arrondi par le haut en quart de cercle : on faisoit ceux-ci

d’airain, comme l’étoient presque tous les autres instrumens des sacrifices ; les côtés du manche en étoient plats, & à son extrémité étoit un trou qui servoit à y passer un cordon, afin que le victimaire pût le porter plus aisément à sa ceinture. La dissection ou partage des membres de la victime se faisoit avec une troisieme espece de couteaux plus forts que les premiers, & emmanchés comme nos couperets : c’est ce qu’ils appelloient dolabra & scena. On en voit sur les medailles des empereurs, où cet instrument est un symbole de leur dignité de grand pontife : les cabinets des antiquaires en conservent encore quelques-uns. Chambers. (G)

Couteau courbe, instrument dont les Chirurgiens se servent pour couper les chairs dans les amputations des membres. La figure de ce couteau représente un demi-croissant ou un segment de cercle.

Cet instrument est composé de deux parties, de la lame & du manche. La lame ne doit point excéder sept pouces sept lignes de long, sans y comprendre le contour, cette mesure se prenant dans l’intervalle de deux lignes paralleles qu’on tireroit horisontalement à ses extrémités ; ou bien si l’on veut prendre la longueur dans le milieu de la lame, en suivant la courbure, elle doit être de huit pouces cinq lignes.

Cette étendue est assez grande, même pour les plus grands couteaux. La largeur de la lame, dans l’endroit qui a le plus de diametre, est de quinze lignes, allant doucement en diminuant pour se terminer par une pointe fort aiguë.

Cette lame doit avoir du corps & de la force ; ainsi l’épaisseur de son dos près le manche doit être de deux lignes, allant doucement en diminuant à mesure qu’il approche du tranchant & de la pointe.

La courbure doit être legere, & commencer depuis le mentonnet, ensorte que le tranchant représente le segment d’un grand cercle. Pour qu’on ait une idée plus parfaite de la courbure que nous demandons, en supposant une corde tirée de la pointe du couteau au mentonnet, on doit voir l’arc presque d’une égale rondeur ; & le rayon qui part du milieu de l’arc pour se jetter en ligne droite sur le milieu de la corde, ne doit pas avoir plus d’un bon pouce de longueur.

L’avantage qu’on tire d’une legere courbure telle qu’on vient de la décrire, est que le tranchant coupe de long & dans presque toute son étendue ; ce qui adoucit beaucoup son action, & par conséquent la douleur : au contraire, les couteaux dont la pointe seule est très-courbée, n’embrassent pas le membre dans une si grande circonférence, & le grand arc devient fort embarrassant. Enfin la lame du couteau courbe doit être formée par deux biseaux, un de chaque côté, qui viennent de loin, qui soient très-adoucis & presque imperceptibles, afin de former un tranchant qui ne soit ni trop fin ni trop gros pour porter plus de résistance à la section des chairs.

Il faut aussi faire attention à la base de la lame du couteau courbe ; c’est une plaque horisontale dont la circonférence est octogone, pour quadrer aux huit pans du manche Cette plaque du milieu de laquelle sort la lame du couteau, est renforcée dans cet endroit par deux éminences de chaque côté, que les ouvriers appellent double coquille : cela donne de l’ornement & de la solidité à l’instrument.

La plaque horisontale doit avoir dix lignes de diametre, & la lame doit former dans cet endroit une avance arrondie qui est limée, & qui ne coupe point du tout ; les Couteliers nomment cette avance mentonnet : il sert d’appui au pouce de l’opérateur. La surface inférieure de la plaque octogone est limée sans être polie, afin de s’appliquer