Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont un bonnet particulier, une chaussure légere, & un gros bâton serré par le bout : l’usage nous en est venu d’Italie.

Coureur de vin, officier qui porte à la suite du Roi, à la chasse & ailleurs, du vin, de l’eau, & de quoi se raffraichir.

Coureur, (Manege.) On appelle ainsi un cheval qui a la queue & une partie des crins coupés, & qui est propre pour la course, & particulierement pour la chasse & la bague.

Coureur de bague, cheval propre à courir la bague. Voyez Bague. (V)

Coureurs de bois, (Comm.) habitans de Canada qui vont trafiquer de pelleterie avec les Sauvages les plus éloignés, en suivant les lacs dans des canots.

COURGE, s. f. (Jardin.) cucurbita. Il y a trois especes de courges ; la premiere est appellée cucurbita longa ; la seconde, cucurbita latior ; la troisieme, cucurbita minor. Cette plante pousse plusieurs sarmens aussi rampans que ceux de la citrouille, qui s’attachent par les mains à des perches ; ses feuilles sont grandes & crenelées en quelques endroits ; ses fleurs sont des cloches blanches, velues & découpées en cinq parties. Après cette fleur vient un fruit cylindrique qui a trois ou quatre piés de long, & gros à proportion ; il renferme des semences couvertes d’une écorce dure, où l’on trouve une amande blanche & agréable au goût, c’est une des quatre semences froides.

Ces trois especes ne different que par le fruit, qui est souvent semblable à une bouteille qui a le cou étroit. (A)

Courge ou Calebasse, (Matiere med. & diet.) La chair ou pulpe de la courge est très-aqueuse, mais cependant un peu nourrissante ; elle éteint la soif ; elle est propre par conséquent dans les ardeurs d’entrailles, & dans les constipations qui dépendent de cette cause ; elle relâche les premieres voies, & est bientôt évacuée par les selles. On ne la mange point crûe, à cause de son goût fade & insipide ; mais elle est fort en usage dans plusieurs pays, comme dans les provinces méridionales du royaume, apprêtée de différentes façons : on l’employe sur-tout dans les potages, comme tant d’autres légumes. Voyez Légumes.

Les Medecins ordonnent aussi communément dans ces contrées, par exemple, à Montpellier, l’eau de courge, qui n’est autre chose qu’une légere décoction & expression de leur chair, dans la vûe de raffraichir & de tempérer, & presque dans les mêmes cas où l’on employe à Paris l’eau de poulet, l’eau de veau, le petit-lait, &c. cependant beaucoup moins fréquemment, parce que cette indication de raffraichir ou de tempérer se présente bien plus rarement dans la pratique des premiers.

La semence de courge, qui est émulsive, est une des quatre grandes semences froides. (b)

Courge, en bâtiment, est une espece de corbeau de pierre ou de fer, qui porte le faux manteau d’une cheminée.

Courge de bâtiment, est un bâton d’environ trois piés de long, un peu courbé, avec deux hoches aux deux bouts, pour tenir les anses de deux seaux & les porter en équilibre sur l’épaule. (P)

COURIER, s. m. (Hist. anc. & mod.) postillon dont la fonction & profession est de courir la poste, & de porter des dépêches en diligence. Voyez Postes.

L’antiquité a eu aussi ses couriers ; elle en a eu de deux sortes : des couriers à pié, que les Grecs appelloient hemerodromi, c’est-à-dire couriers d’un jour. Pline, Cornélius Népos & César parlent de quelques-uns de ces couriers, qui avoient fait vingt, trente

& trente-six lieues & demie en un jour, & jusqu’à la valeur même de quarante dans le cirque pour remporter le prix ; des couriers à cheval, qui changeoient de chevaux comme on fait aujourd’hui.

Xénophon attribue l’usage des premiers couriers à Cyrus ; Hérodote dit qu’il étoit ordinaire chez les Perses, & qu’il n’y a rien dans le monde de plus vîte que ces sortes de messagers.

Cyrus, dit Xénophon, examina ce qu’un cheval pouvoit faire de chemin par jour, & à chaque journée de cheval il fit bâtir des écuries, y mit des chevaux, & des gens pour en avoir soin. Il y avoit aussi dans chacune de ces postes un homme qui, quand il arrivoit un courier, prenoit le paquet qu’il apportoit, montoit sur un cheval frais ; & tandis que le premier se reposoit avec son cheval, il alloit porter les dépêches à une journée de-là, où il trouvoit un nouveau cavalier qu’il en chargeoit, & ainsi de même jusqu’à la cour.

Il n’est pas sûr que les Grecs ni les Romains ayent eu de ces sortes de postes reglées avant Auguste, qui fut le premier qui les établit ; mais on couroit en char. On courut ensuite à cheval, comme il paroît par Socrate.

Sous l’empire d’Occident on appelloit les couriers viatores ; & sous les empereurs de Constantinople, cursores, d’où est venu leur nom. Chambers. (G)

On voit encore que sous Dioclétien il y avoit des relais établis de distance en distance. Losque Constantin eut appris la mort de son pere Constance qui gouvernoit les Gaules & les îles Britanniques, il prit secretement & nuitamment la poste pour lui venir succéder dans les Gaules ; & dans chaque relais où il arrivoit, il faisoit couper le jarret des chevaux qu’il y laissoit, afin qu’on fût hors d’état de le suivre & de l’arrêter, comme on en eut le dessein le lendemain matin, mais il n’étoit plus tems. Après la décadence de l’Empire, les postes furent négligées en occident, & le rétablissement en est dû à l’université de Paris, laquelle, pour le besoin des écoliers, établit des couriers ou messageries en France ; & l’an 1462 le roi Louis XI. établit les couriers & les postes dans toute la France. Cependant l’université de Paris conservoit toûjours son droit sur les couriers & messageries. Après bien des contestations, on en est venu en 1719 à un accommodement, qui est que l’université auroit pour sa part & portion dans la ferme des postes, le vingt-huitieme de l’adjudication annuelle. Sur quoi voyez ce qui sera dit ci-après au mot Messageries.

Cet établissement des couriers a passé ensuite dans les autres états, où il est regardé, ainsi qu’en France, comme un droit du souverain. L’empereur d’Allemagne établit en titre d’office un grand-maître des postes & couriers de l’empire ; cependant plusieurs princes de l’empire croient pouvoir user pareillement de ce droit. (a).

On appelle couriers du cabinet ceux qui portent les dépêches du Roi ou de son conseil.

Courier, (Jurisprud.) correarius ou conrearius, étoit le procureur ou intendant d’un évêque, abbé, prieur, ou communauté ecclésiastique. On appelle encore courier, chez les Chartreux, celui qui fait la fonction de procureur dans la maison. Le courier des évêques ou autres ecclésiastiques faisoit quelquefois les fonctions de juge, ou celles de procureur fiscal. On voit dans une sentence arbitrale, rendue en 1294 par Raymond des Baux prince d’Orange, entre l’évêque de Die & les habitans de la même ville, que le courier y avoit une jurisdiction réglée ; que le chapitre de Die avoit aussi un courier, dont la jurisdiction ne s’étendoit que sur ceux du même corps & sur leurs domestiques, au lieu que celui de l’évêque rendoit