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Coupler les chiens, c’est les attacher deux à deux avec un couple.

Couple, s. m. en terme de Blason, est un bâton d’un demi-pié auquel pendent deux attaches dont on se sert pour coupler les chiens. (V)

COUPLÉ, adj. terme de Blason, se dit des chiens de chasse liés ensemble, aussi bien que de quelques fruits.

Philippe de Billy, à Paris, d’argent au chevron de gueules accompagné de trois glands & de trois olives de synople, un gland & une olive couplés & liés de gueules. (V)

COUPLER UN TRAIN, terme de Riviere ; c’est en rassembler les parties : on se sert pour cet ouvrage de grosses roüettes dites roüettes à coupler.

COUPLET, s. m. (Belles-lett. & Musiq.) est le nom que l’on donne dans les vaudevilles à cette partie du poëme qu’on appelle strophe dans les odes. Comme tous les couplets d’une chanson sont composés sur la même mesure de vers, on les chante aussi sur le même air. Voyez Strophe.

Couplet, en Musique, se dit aussi des doubles & variations qu’on fait sur un même air, en le reprenant plusieurs fois avec de nouveaux changemens ; mais toûjours sans défigurer le fond de l’air, comme dans les folies d’Espagne & dans les anciennes chaconnes. Voyez Variation. Chaque fois qu’on reprend ainsi l’air varié différemment, c’est un couplet. (S)

Couplet, (Arquebus.) Les Arquebusiers appellent ainsi un fusil dont le canon est brisé, c’est-à-dire fait de deux pieces qui se rassemblent par le moyen d’une vis. Voyez Fusil.

Couplets, (Serrur.) c’est une fermeture en charniere composée de deux ailes en queue d’aronde ou droites, assemblée par une charniere que traverse une broche.

On en met aux portes, cassettes, tables, par-tout où il s’agit d’ouvrir & de fermer.

Couplets de Presse d’Imprimerie, sont les deux grosses charnieres de fer qui attachent le grand chassis ou tympan au coffre de la presse : ils doivent être extrèmement justes, pour éviter divers inconvéniens qui arrivent dans le cours du travail de l’impression. Il y a deux autres petits couplets ou charnieres à l’extrémité supérieure de ce même chassis ou tympan, qui servent à y attacher la frisquette au moyen de deux brochettes. Voyez Frisquette, Tympan, Coffre.

COUPLIERES, s. m. pl. terme de Riviere, est un assemblage de huit roüettes bouclées par un bout, où elles forment une espece de nœud coulant. On s’en sert dans la construction des trains, pour retenir la branche d’un train sur l’attelier. Voyez Train.

COUPOIR, s. m. (Ecrivain & Libr.) c’est un couteau d’ivoire ou de buis : il est fait à deux tranchans paralleles ; les deux bouts en sont arrondis. On s’en sert pour couper les feuillets d’un livre, ou mettre des feuilles de papier en quarrés.

Coupoir, (Fonderie en caracteres.) Instrument servant aux Fondeurs de caracteres d’Imprimerie, pour couper aux corps des caracteres, certaines parties qui nuiroient à l’impression, & pour les rendre plus propres. De ces instrumens il y en a de deux façons, de bois & de fer. Ceux de bois sont les plus anciens, & ils subsistent depuis l’origine de la Fonderie. C’est un billot de bois d’un seul morceau, assujetti à hauteur d’appui sur une espece de banc fermé à l’entour, pour recevoir les rognures des lettres. Ce billot est entaillé dans toute sa longueur de trois à quatre pouces de profondeur. Dans cette entaille, aux parois du côté gauche, on met le justifieur, aussi de bois, qui contient deux ou trois cents lettres plus ou moins, suivant leur grosseur, arrangées

à côté les unes des autres ; puis entre ce justifieur & le parois à droite du billot, on place un coin de bois qui en remplit le vuide, & qui frappé à plusieurs coups de maillet, serre les lettres dans le justifieur, pour pouvoir souffrir l’effort d’un rabot avec lequel on les coupe. Voyez Justifieur.

Le coupoir de fer est d’une invention moderne, beaucoup plus composé, plus propre & plus commode, & avec lequel on fait l’ouvrage plus diligemment & plus sûrement. Celui-ci est d’autant mieux inventé, que l’autre est bruyant, & sujet à se déranger par les intempéries de l’air qui tourmentent le bois. Voyez la Planche III. du Fondeur de caracteres, fig. 1 & 2.

Il fut inventé à Sedan par Jean Janon graveur, fondeur & imprimeur de cette ville, qui rendit public en 1621 un cahier d’épreuves des caracteres qu’il avoit gravés. Voici quelle fut l’occasion de cette découverte. Janon avoit depuis long-tems sa femme malade, & comme entreprise de tous ses membres : le bruit réitéré des coups de maillet pour serrer le coin qui tient les lettres fermes dans ce coupoir de bois, venant à retentir à ses oreilles, lui causoit une grande douleur, suivie d’un accès de mal de tête. Cet homme chercha les moyens de soulager sa femme, & fit part de son dessein à un habile armurier de la même ville ; & tous les deux ensemble, après plusieurs recherches, inventerent cette machine pour la fin qu’ils s’étoient proposée, d’eviter le bruit, & ajoûterent à cela tout ce que l’art put leur fournir pour en faire une belle composition, commode & aisée ; en quoi ils réussirent. L’auteur ne joüit pas long-tems du fruit de son invention ; il mourut peu de tems après. Sa fonderie passa après lui entre les mains de plusieurs fondeurs, qui ne connurent point l’usage de ce nouveau coupoir : cela fit qu’il resta inconnu jusqu’au tems que cette fonderie ayant passé des mains du sieur Langlois imprimeur & libraire, & depuis syndic de la Librairie de Paris, dans celles du sieur Cot fondeur dans la même ville, celui-ci en rassembla les pieces ; & reconnoissant l’utilité de cette nouvelle machine, en fit faire un par un nommé Labrune armurier à Paris, qui l’exécuta suivant ce modele, & avec quelques légers changemens.

M. de la Chapelle sur-intendant des bâtimens du Roi, ayant été instruit de l’utilité de ce nouveau coupoir, en a fait faire un sur le modele du sieur Cot pour la fonderie du Roi au Louvre. En 1739 le sieur Fournier le jeune en a fait faire un pour son usage, où il a changé & transposé plusieurs pieces, pour le rendre plus parfait & plus commode. C’est d’après le sien qu’on a dessiné celui de nos Planches. Voyez ces Planches. Voyez aussi l’art. Caracteres.

* Coupoir, à la Monnoie, est un instrument de fer qui sert à emporter des lames de métal, les flancs destinés à faire des monnoies. Pl. I. fig. 1. En voici la description.

L’arbre de fer à vis A, B, C, est attaché au montant GHI ; au-dessous de la tête A, est emboîtée la manivelle DE à main en F, & armée d’une boule de plomb K : au montant GH sont adaptées deux jumelles de fer MN, qui servent d’écrou & de directrices à l’arbre ABC, à l’extrémité duquel est assemblé à clavettes l’appui OP à mortoise en Q, où est reçue la queue du plein R, qui va frapper le coupant S enclavé à vis dans la boîte V. Le coupant est creux, & la table XX est percée ; ainsi lorsque le plein R vient frapper une lame de métal placée entre lui & le coupant S, le plein R force le métal à s’enfoncer en creux sur le coupant ; & ce coupant S, qui est vif & d’acier acéré, emporte de la lame la partie qu’on lui oppose ; & cette partie, qui est le flanc, passant dans le coupant & à-travers la table X, tombe dans le pannier Z. Il faut avoir autant de