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& M. Euler, dans les mém. de l’acad. de Petersb. tome VII. Mais leurs méthodes, quoique très-ingénieuses & très-simples, ont cet inconvénient, qu’elles supposent que la correction soit fort petite ; ce qui n’a plus lieu dans les pays où la hauteur du pole est fort grande, c’est-à-dire qui sont fort près du pole : car dans ces pays-là le soleil est presque toûjours à la même hauteur sur l’horison ; d’où l’on voit qu’une petite différence dans la hauteur doit en produire une fort grande dans l’heure. Il est donc nécessaire de trouver une méthode générale pour avoir la correction du midi à une hauteur quelconque ; & j’ai résolu ce problème dans les mém. de l’academ. de Berlin, 1747. Au reste, nous devons remarquer ici que notre méthode, quoique simple & facile à pratiquer, est plus recommandable par sa généralité géométrique, que par le besoin qu’on en a. Car on ne fait guere d’observation dans la zone glacée ; & les pays qui seroient très-près du pole nous sont entierement inconnus. Mais en Géométrie & en Astronomie, il est toûjours utile d’avoir des méthodes générales, qui puissent ne pas manquer au besoin. (O)

Correction, (Jurisprud.) Les peres ont droit de correction sur leurs enfans ; ils avoient même droit de vie & de mort sur eux par l’ancien droit Romain ; mais cela a été réduit à une correction modérée. Ils peuvent néanmoins les faire enfermer jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans dans quelque maison de correction, telle que celle de S. Lazare à Paris, à moins que les peres ne soient remariés ; auquel cas ils ne le peuvent faire, non plus que les meres tutrices & autres tuteurs, sans une ordonnance du juge, lequel prend ordinairement l’avis des parens paternels & maternels à ce sujet. On peut voir au journal des aud. les arrêts des 9 & 13 Mars 1673, 14 Mars 1678, & 27 Octobre 1690, & celui du 30 Juillet 1699.

Les maris ont aussi droit de correction sur leurs femmes par l’ancien droit Romain : si le mari battoit sa femme à coups de foüet, ce qui étoit une injure pour une femme ingénue, c’étoit une cause de divorce : mais par le dernier droit il est seulement dit que le mari qui le feroit sans cause, seroit obligé de donner dès-lors à sa femme une somme égale au tiers de la donation à cause des noces. leg. viij. cod. de repud. Cette loi n’est point suivie parmi nous ; on en a sans doute senti l’inconvénient : bien des femmes se feroient battre pour augmenter leur doüaire ou augment de dot. Le mari doit traiter sa femme avec douceur & avec amitié : cependant si elle s’oublie, il doit la corriger modérément ; il peut même, s’il ne trouve point d’autre remede, la faire enfermer dans un couvent ; & si elle a eu une mauvaise conduite, la faire mettre dans une maison de correction. Mais s’il la maltraite à tort, soit de coups, soit de paroles, ce qui est plus ou moins grave selon la qualité des personnes, ces mauvais traitemens sont une cause de séparation. Voyez Séparation.

Les maîtres ont aussi droit de correction sur leurs esclaves & domestiques, mais modérément. Le droit de vie & de mort que les Romains avoient anciennement sur leurs esclaves, fut abrogé par le droit du code, liv. IX. tit. xjv. l. 1. L’autentique ad hoc dit que le maître peut châtier ses esclaves plagis mediocribus. Parmi nous l’humanité met encore des bornes plus étroites à ce droit de correction.

Enfin les supérieurs des monasteres ont droit de correction sur leurs religieux ou religieuses : ils n’ont cependant aucune jurisdiction ; c’est pourquoi ils ne peuvent infliger que des peines legeres, telles que le jeûne, le foüet, le renfermement dans leur prison privée : il ne leur est pas permis de traiter leurs religieux avec inhumanité ; s’ils le font, leurs religieux peuvent s’en plaindre à leurs supérieurs, & même à la justice séculiere, & demander d’être trans-

férés dans une autre monastere. La justice séculiere

peut même d’office en prendre connoissance, lorsqu’il se passe quelque chose de grave, &y mettre ordre. (A)

Correction des Comptes, voyez au mot Comptes, à l’article des Correcteurs des Comptes. (A)

Correction, figure de Rhétorique qui consiste à corriger ou à expliquer une expression, une pensée qu’on a déjà avancée : elle est très-propre à fixer ou à réveiller l’attention des auditeurs, comme dans cet endroit de Cicéron : Atque hæc cives, cives inquam, si hoc nomine eos appellari fas est, qui hæc de patriâ suâ cogitant. Pro Muren.

Il y a une autre sorte de correction par laquelle, loin de rétracter une pensée, on la rappelle de nouveau pour la confirmer davantage, la présenter avec plus de force & de véhémence, comme si on n’en avoit pas d’abord assez dit. Telles sont ces paroles de J. C. touchant son précurseur, Matth. ch. xj. ver. 9. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophete ? Oui certe, je vous le dis, & plus que prophete. On l’appelle autrement épanorthose. Voyez Epanorthose. (G)

Correction, (Pharmacie.) voyez Correctif.

Correction, (Peint.) V. Correct (Peinture).

Correction, terme d’Imprimerie qui s’entend de deux façons : on entend par ce mot les fautes corrigées sur une épreuve ; & l’on dit, s’il y en a beaucoup, voilà une feuille bien chargée de corrections. On entend encore par ce mot les lettres nécessaires pour corriger une épreuve ; & l’on dit lever sa correction dans une casse avant de corriger ; distribuer sa correction après avoir corrigé.

CORREGIDOR, s. m. (Hist. mod.) nom d’un officier de justice en Espagne, & dans les contrées qui sont soûmises à l’Espagnol. C’est le premier juge d’une ville, d’une province, d’une jurisdiction ; les conseillers & les avocats lui sont inférieurs.

CORREGIO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, capitale d’un petit pays de même nom, au duché de Modene. Long. 28. 20. lat. 44. 145.

* CORRELATIF, (Gramm. & Logiq.) Ce terme désigne de deux choses qui ont rapport entr’elles & qu’on considere par ce rapport, celle qui n’est pas à l’instant présente à l’esprit, ou dont on ne fait pas premierement & spécialement mention, soit dans le discours, soit dans un écrit. Exemple. Si je pense, je parle ou j’écris de l’homme comme pere, l’homme considéré comme fils, sera son correlatif ; si je pense, je parle ou j’écris de l’homme comme fils, l’homme considéré comme pere, sera son correlatif. Cette définition me paroît si juste, que dans la pensée, la conversation & l’écrit, on voit en un instant deux êtres qui ont rapport entr’eux, prendre & perdre alternativement la dénomination de correlatif, selon que l’un est rappellé à l’occasion de l’autre. C’est toûjours celui qui est rappellé, & qui entre, qui prend le nom de correlatif. Mais si ce correlatif devient l’objet principal de la pensée, ou de l’entretien, ou de l’écrit, il cede sur le champ cette dénomination de correlatif, à celui dont on a cessé & dont on recommence de s’occuper. Correlatif se prend aussi en un autre sens ; comme quand on dit, vieux & jeune sont des correlatifs, alors correlatif est appliqué aux deux objets de la correlation, & l’on assûre qu’ils ont entr’eux cette espece de rapport, sans avoir l’un plus présent à l’esprit que l’autre : il semble que ce soit seulement dans ce seul sens qu’il faut entendre le terme correlation, voyez le mot Correlation. Au reste ces définitions ne sont pas particulieres à correlatif ; elles conviennent aussi à tous les autres termes de la même nature, tels que corrival & corrivaux. Qu’est-ce qu’un corrival ? c’est de deux hommes qui se disputent la même maîtresse, le même honneur, &c. celui qui n’a été que le second