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s’accorde avec le mémoire que M. Homberg donna à l’académie des Sciences, an. 1712 ; & avec Baglivi qui avant ce célebre chimiste, avoit observé très peu de différence dans la bile de l’homme & du mouton. Or toute cette analogie n’a rien qui doive surprendre les Physiciens, puisque les sucs des animaux ne different des végétaux que d’un seul degré, & que les nôtres ne sont pas différens de ceux des animaux. N’est-ce pas encore de la même maniere que les plantes ont toutes un suc qui leur est propre, & tout-à-fait différent des sucs qui les ont nourries & qui les ont fait croître ? En effet les sucs de la terre qui forment l’aloès, la mélisse, & le cerfeuil, sont tous les mêmes ; cependant telle est la vertu séminale de chacune, que les uns deviennent amers, les autres doux & aromatiques. Dans cent mille végétaux, le même suc se change donc en autant de diverses liqueurs ; comme notre corps de cent mille sucs différens, fait un chyle doux qui lui est propre. Il y a donc dans le corps humain un principe, qui au moyen de deux choses d’une nature étrangere, le pain & l’eau, forme les parties solides & liquides de ce corps ; & si ce principe vient à manquer, jamais toutes les forces de l’univers réunies ensemble, ne pourroient faire les mêmes productions par les mêmes moyens. Boerhaave.

Comme il n’est rien de plus important pour les maladies que de bien connoître la situation des parties, & qu’on se sert très-souvent dans la description de ces parties des mots interne & externe, antérieur & postérieur, supérieur & inférieur, on doit pour éviter la confusion, concevoir le corps divisé par un plan que l’on suppose partager le corps en deux parties égales & symmétriques, de la tête aux piés ; un autre plan sur la tête, & perpendiculaire sur le premier ; un autre qui aille de la face vers les piés, & qui soit de même perpendiculaire au premier. Toutes les parties tournées vers le premier plan (le plan de division) sont dites internes, & on appelle externes toutes celles qui sont dans un sens opposé : de même on nomme supérieures toutes les parties qui regardent le plan sur la tête (horisontal) dans quelque attitude que le corps puisse être ; inférieures, celles qui sont opposées à ces premieres : enfin on appelle antérieures, les parties tournées vers le troisieme plan (vertical) ; & postérieures, &c. On doit outre cela supposer les bras pendans sur les côtes, le dedans de la main tourné vers le plan de division.

L’anatomie étant une espece de géographie dans laquelle la précision est nécessaire, on a divisé le corps comme la terre, en plusieurs régions ; mais comme je craindrois de fatiguer mon lecteur par un trop long détail, je le renvoye aux Pl. anatomiques, où il trouvera l’explication de ces différentes régions à côté de la figure.

On se sert aussi en Anatomie du mot corps, pour désigner quelques parties ; telles que les corps bordés, les corps olivaires, les corps cannelés, les corps caverneux, le corps pyramidal, le corps réticulaire le corps pampiniforme, &c. Voyez Pyramidal, Réticulaire, &c.

Le corps humain étant considéré par rapport aux différentes motions volontaires qu’il est capable de représenter, est un assemblage d’un nombre infini de leviers tirés par des cordes ; si on le considere par rapport aux mouvemens des fluides qu’il contient, c’est un autre assemblage d’une infinité de tubes & de machines hydrauliques ; enfin si on le considere par rapport à la génération de ces mêmes fluides, c’est un autre assemblage d’instrumens & de vaisseaux chimiques, comme philtres, alembics, récipients, serpentines, &c. & le tout est un composé que l’on peut seulement admirer, & dont la plus grande partie échappe même à notre admiration. Le principal

laboratoire chimique du corps est celui du cerveau. Voyez Œconomie animale. (L)

Corps, (Hist. nat. des Ins.) Il y a tant de diversités dans la figure extérieure du corps des insectes (car il ne s’agit pas ici de l’intérieure ni des détails), qu’il seroit impossible d’épuiser cette variété. Contentons-nous donc de remarquer que le corps des uns, comme celui des araignées, est de figure à peu-près sphérique ; & celui des autres, comme des scarabées de Sainte-Marie, ressemble à un globe coupé par le milieu : il y en a qui sont plats & ronds, comme le pou des chauve-souris ; d’autres ont la figure ovale ; un troisieme, comme le ver qu’on trouve dans les excrémens des chevaux, à celle d’un œuf comprimé ; & un quatrieme, comme le mille-piés rond, ressemble au tuyau d’une plume : beaucoup ont le corps quarré, plat ; plusieurs sont courbés comme une faucille, & pourvûs d’une longue queue comme celle de la fausse guêpe. L’on ne remarque pas moins de diversité dans la couleur dont ils sont parés.

Quelques-uns de ceux qui n’ont point de piés, ont en divers endroits de petites pointes qui leur en tiennent lieu : ils s’en servent pour s’accrocher & se tenir fermes aux corps solides.

Le corps des insectes qui vivent dans l’eau, est naturellement couvert d’une espece d’huile qui empêche l’eau de s’y arrêter, & de retarder leur mouvement ; d’autres, comme l’araignée blanche de jardin, ont le corps entouré d’un rebord rouge qui en fait le cercle ; quelquefois ils ont de petits tubercules, qui non-seulement leur servent pour empêcher qu’en entrant & en sortant de leur trou le frottement ne les blesse, mais qui encore leur sont un ornement comme dans la chenille blanche à tache jaune, qui vit sur le saule. Ces tubercules ne sont pas tout-à-fait de la grandeur d’un grain de millet ; cependant on y apperçoit un mêlange des plus belles couleurs, & ils ressemblent à ces petites boules remplies d’eau & diversement colorées. Enfin l’on en voit qui, comme les chameaux, ont une bosse sur le dos : telles sont les araignées.

De la partie postérieure du corps des insectes. Les uns l’ont unie, & les autres revêtue de poils. Les araignées y ont des mammelons, dont elles tirent leurs fils ; quelques-uns ont le derriere couvert d’une espece d’écusson ; d’autres ont dans le même endroit une membrane roide qui leur sert de gouvernail, pour se tourner en volant du côté qu’il leur plaît : elle est à ces insectes ce que la queue est aux oiseaux. L’on en trouve qui ont des soies au derriere ; d’autres ont des especes de queues, qui sont ou droites, ou courbes, ou circonflexes. Il y en a encore qui ont des barbillons ou pointes, qui leur servent à différens usages, tantôt pour appercevoir ce qui les approche par derriere, tantôt pour s’accrocher, tantôt pour pousser leur corps en avant. La partie postérieure est encore le lieu de l’aiguillon de quelques insectes, ou de leur pincette faite en faucille. Enfin l’on trouve des insectes qui ont au derriere une fourche à deux dents.

Des parties de la génération des insectes. Les parties de la génération sont ordinairement placées au derriere dans les mâles ; l’on en voit cependant qui les portent pardevant sous le ventre, même d’autres à la tête. Ces parties sont ordinairement couvertes d’un poil extrèmement fin, à cause de leur délicatesse infinie. La queue des femelles leur sert de conduit, pour pondre leurs œufs dans les corps où elles veulent les introduire : cette queue ou ce conduit est creux en-dedans, & se termine en pointe. Comme les œufs ne descendent point par la pression de l’air, la nature y a formé plusieurs demi-anneaux vis-à-vis l’un de l’autre, qui facilitent cette descente. Les