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est souvent parlé dans les minéralogistes Allemands. Cette pierre de corne est composée d’un assemblage de petites couches dont voici la suite. La premiere est du spath blanc fort pesant, la seconde est une crystallisation ; ces deux couches ensemble peuvent avoir deux doigts d’épaisseur. La troisieme couche est de l’améthyste, la quatrieme du quartz ou crystal, la cinquieme du jaspe, la sixieme du crystal, la septieme du jaspe, la huitieme du crystal, la neuvieme du jaspe, la dixieme du crystal. Chacune de ces huit dernieres couches n’a souvent que l’épaisseur d’un fil, & toutes ensemble ont à peine trois lignes d’épaisseur ; elles sont cependant très-distinctes. La onzieme couche est du jaspe d’un rouge-clair, la douzieme est du jaspe d’un rouge-foncé, la treizieme est de calcedoine, la quatorzieme du jaspe, la quinzieme de calcedoine ; enfin la seizieme est d’un quartz compacte & solide.

II°. Quelques auteurs par pierre de corne entendent le silex ou la pierre à fusil ordinaire, qui se trouve souvent dans la craie, ou par morceaux répandus dans la campagne. Il paroît qu’ils donnent ce nom à cette pierre, à cause que sa couleur ressemble à celle de la corne des animaux.

III°. On désigne encore par pierre de corne, ou plûtôt roche de corne, une pierre refractaire, c’est-à-dire qui n’est ni calcaire, ni gypseuse, ni vitrifiable, mais qui résiste à l’action du feu qui ne fait que la rendre quelquefois un peu plus friable. M. Wallerius en distingue quatre especes ; la premiere que les Allemands nomment salband, en latin corneus mollior superficialis contortus, ou bien lapis tunicatus, pierre à écorce ; elle est peu compacte, & est recouverte d’une enveloppe ou écorce qui ressemble à du cuir brun un peu courbé. La seconde espece est la roche de corne dure & solide, corneus solidus. Cette pierre est noire, & difficile à distinguer du marbre noir dans l’endroit de la fracture. Il y en a de luisante, & d’autre qui ne l’est point, d’autre enfin paroît grainue. La troisieme espece est la roche de corne feuilletée ; elle est ou noirâtre ou d’un brun-foncé, & ressemble assez à de l’ardoise par sa couleur & son tissu ; mais elle en differe en ce que la pierre de corne feuilletée résiste fortement au feu, & se trouve toujours dans la terre perpendiculaire à l’horison ; au lieu que les ardoises se vitrifient facilement, & sont toûjours placées horisontalement dans le sein de la terre. La quatrieme espece de roche de corne est celle qui est crystallisée, corneus crystallisatus : les Allemands la nomment schorl. Elle affecte toûjours la figure d’un prisme, dont les côtés sont inégaux ; elle est ou grise, ou brune, ou noire. Cette derniere est le balsates, ou le lapis Lydius des anciens : c’est la vraie pierre de touche. M. Pott soupçonne que la terre qui lui sert de base, est une argile semblable à celle qui forme l’ardoise entremêlée d’une terre ferrugineuse. Voyez la continuation de la Lithogéognosie, page 219 & suiv. Peut-être entre-t-il aussi du mica ou du talc dans sa composition. Voyez Stolpe (pierre de).

Au reste il paroît que les ouvriers des mines donnent indifféremment le nom de roche de corne au roc vif & dur qui enveloppe souvent les filons des mines. Voyez la Minéralogie de Wallerius, tome I. page 256 & suiv. (—)

Cornes, en Anatomie, nom de différentes parties : il y a les grandes & les petites cornes du cartilage thyroïde, voyez Thyroïde les grandes & les petites cornes de l’os hyoïde, voyez Hyoïde.

Les cornes d’Ammon ou les cornes de bélier, sont des éminences médullaires, placées dans les enfoncemens des ventricules tracés dans les hémispheres du cerveau ; mais comme quelques anatomistes donnent aussi le nom de cornes à ces ventricules, M. Mo-

rand préfere avec raison le nom d’hippocampus, que Arantius leur a donné. Voyez Mém. de l’acad. roy. des Sciences, an. 1744. Voyez aussi Cerveau.

Cornes de la Matrice, voyez Matrice.

Cornes de la valvule d’Eustachi, du trou oval, voyez Cœur. (L)

* Corne, (Hist. anc.) instrument militaire ; il étoit assez semblable à la corne du bœuf ; sa courbure étoit seulement un peu plus considérable. Celui qui joüoit de cet instrument s’appelloit le cornicen.

* Cornes de Bacchus, (Myth.) Il y a des statues de Bacchus, avec des cornes. Il n’est mention que de ses cornes dans les poëtes : ce qui n’est pas fort obscur, quand on sait que les cornes sont les signes de la puissance & de la force, & qu’on compare ce symbole avec les effets du vin.

Corne d’abondance, (Myth.) c’est parmi les anciens poëtes, une corne d’où sortoient toutes choses en abondance, par un privilége que Jupiter donna à sa nourrice, qu’on a feint avoir été la chevre Amalthée.

Le vrai sens de cette sable est qu’il y a un terroir en Lybie fait en forme de corne de bœuf, fort fertile en vins & fruits exquis, qui fut donné par le roi Ammon à sa fille Amalthée, que les poëtes ont feint avoir été nourrice de Jupiter. Dict. de Trév.

Dans l’Architecture & la Sculpture, corne d’abondance est la figure d’une grande corne, d’où sortent des fleurs, des fruits, des richesses. Le P. Jobert observe que l’on donne sur les médailles le symbole des cornes d’abondance à toutes les divinités, aux génies, & aux héros, pour marquer les richesses, la félicité, & l’abondance de tous les biens, procurée par la bonté des uns, ou par les soins & la valeur des autres. On en met quelquefois deux pour marquer une abondance extraordinaire. Chambers. (G)

Cornes d’abaque, en Architecture, ce sont les encognures à pans coupés du tailloir d’un chapiteau de sculpture, qui se trouvent pointues au corinthien du temple de Vesta à Rome.

Corne de bélier, ornement qui sert de volute dans un chapiteau ionique composé ; comme on en voit au portail de l’église des Invalides, du côté de la cour.

Corne d’abondance, ornement de sculpture qui représente la corne de la chevre Amalthée, d’où sortent des fruits, des fleurs, & des richesses, comme on en voit à quelques frontons de la grande galerie du Louvre. Latin, cornu copia.

Corne de bœuf ou de vache, trait de maçonnerie qui est un demi-biais passé. (P)

Corne, (ouvrage à) dans la Fortification. Voyez Ouvrage à corne.

Cornes de la Lune, voyez Croissant.

Corne de vache, (Coupe des pierres.) espece de voûte en cone tronqué, dont la direction des lites ne passe pas au sommet du cone. (D)

Corne de vergue, (Marine.) c’est une concavité en forme de croissant, qui est au bout de la vergue d’une chaloupe, & qui embrasse le mât lorsqu’on hisse la voile. Il y a plusieurs sortes de bâtimens qui ont des vergues à cornes. (Z)

Corne à lisser, (Bourrelier.) instrument dont les Bourreliers se servent pour polir & lisser les différens ouvrages de leur métier. Cet instrument n’est autre chose qu’un morceau de corne de cerf fort uni, qu’ils passent sur l’ouvrage en l’appuyant, pour en applanir les inégalités, & leur donner un œil plus luisant.

Corne de ranche, terme de Charron, ce sont quatre morceaux de bois de la hauteur de quatre piés ou environ, qui s’enchâssent dans les mortaises des ranchers en-dehors, & qui servent à appuyer