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CORMIERE, CORNIERE, ou ALLONGE DE POUPE, (Marine.) c’est une piece de bois de l’arriere, qui étant assemblée avec le bout supérieur de l’étambord, forme le bout de la poupe. Elle est posée sur la courbe de l’étambord. Voyez, Marine, Pl. IV. fig. 1. n° 12. la situation de cette piece. Voyez Allonge de Poupe. (Z)

CORMORANT, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) corvus aquaticus : oiseau aquatique qui est de la grosseur d’un oie, & dont toute la face supérieure est de couleur brune mêlée d’un peu de verd obscur & luisant. Le ventre & la poitrine sont blancs, & il y a dans chaque aile environ trente grandes plumes dont la pointe est cendrée, de même que dans les plumes du second rang qui recouvrent les grandes. La queue s’étend au-de-là des piés ; elle est composée de quatorze fortes plumes ; quand on les étend elle s’arrondit dans sa circonférence, & se voûte par-dessous. Le bec est crochu à l’extrémité, & a trois pouces & demi de longueur ; la piece supérieure est noire, & ses bords sont tranchans ; ceux de l’inférieure sont larges & applatis, & la base de cette piece est revêtue d’une membrane jaunâtre. La langue est fort petite. Les yeux sont situés plus près des angles de la bouche dans le cormorant, que dans la plûpart des autres oiseaux. L’iris est de couleur cendrée. Les cuisses sont fortes, courtes, épaisses, larges, & applaties, au moins quand cet oiseau est jeune. Les ongles sont noirs ; les pattes sont de la même couleur, & couvertes d’écailles disposées en forme de mailles : il y a quatre doigts, & tous sont dirigés en avant ; ils sont réunis ensemble par une membrane noire ; le doigt extérieur est le plus long, & l’intérieur est le plus court ; le bord intérieur de l’ongle du doigt du milieu est dentelé. Ces oiseaux nichent non-seulement sur les rochers du bord de la mer, mais aussi sur des arbres ; ce qui est particulier au grand & au petit cormorant, entre tous les oiseaux qui ont une membrane aux piés.

On a mis sous le nom de petit cormorant un oiseau désigné par les noms de gracculus palmipes Arist. & de corvus aquaticus minor. Il differe du grand cormorant par les caracteres suivans. Le petit cormorant est plus petit ; le ventre est brun-roussâtre ; il n’y a que douze plumes dans la queue ; la peau qui est à la base du bec n’est pas de la même couleur jaune que dans le grand cormorant ; enfin le bec est plus long & plus mince, &c. Willughby ; Ornit. Voyez Oiseau.

Le pere Le Comte dit qu’on éleve à la Chine les cormorans à la pêche ; que le pêcheur en a sur les bords d’un bateau jusqu’à cent ; qu’au signal qu’on leur donne ils partent tous, & se dispersent sur un étang ; qu’ils apportent tout le poisson qu’ils peuvent attraper, & qu’on leur serre l’œsophage avec une corde pour les empêcher de le manger. Voyez dans nos Planches d’oiseaux (Hist. nat.) la figure du cormorant. (I)

CORNAC, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi que les Indiens appellent un conducteur d’éléphant. Il est placé sur le cou de l’animal : il a deux crochets ; le petit lui sert communément ; il en frappe legerement l’éléphant au front, où ces coups lui entretiennent une plaie toûjours ouverte ; il n’employe le grand crochet que quand il est rétif ou en chaleur. Voyez les voy. de Dish, & le dictionn. de Trév.

CORNACHINE, s. f. (Pharmac.) poudre de cornachine ; c’est un purgatif composé d’antimoine diaphorétique, de diagrede, & de creme de tartre, mêlés en parties égales.

CORNADOS, s. m. (Comm.) petite monnoie de cours en Espagne ; c’est la quatrieme partie du maravedis. Voyez Maravedis.

CORNAGE, s. m. (Jurisprud.) ou droit de cornage, est une redevance annuelle qui est dûe à quelques

seigneurs, principalement dans le Berri, pour chaque bœuf qui laboure dans leur seigneurie, par ceux qui sement du blé d’hyver : le seigneur châtelain de Berri, ressort de Bourges, perçoit ce droit en blé ; il prétend aussi un droit pour les petits blés ou blés de Mars, qui se sement au printems. Dans la coûtume de troy locale de Berri, ce droit de cornage est de quatre parisis par couple de bœufs. Voyez aussi la coûtume de Châteaudun, tit. ij. art. 2. Galland dit qu’au cartulaire de S. Denis de Nogent-le-Rotrou, il y a une lettre de Hugues vicomte de Châteaudun, de l’an 1168, qui fait mention d’un droit de cornesage, cornesagium, qui appartient au vicomte, sur ce que chaque habitant du bourg du Saint-Sepulcre vend hors de ce bourg ; mais il ne paroît pas que ce droit se paye pour chaque bœuf, ni par conséquent que ce soit, comme il le dit, la même chose qu’en quelques contrées de Champagne on appelle droit de cornage, lequel se paye par les roturiers à proportion des bêtes à corne trahiantes ; c’est pourquoi il est appellé dans les anciens titres boagium, bovagium. Au cartulaire de Champagne est un accord de l’an 1216, entre les religieux de S. Denis & leurs hommes de B… où ce droit est appellé en latin garbagium, & en françois cornage à B… & à C… Dans la même province de Champagne, le seigneur de Rets a un droit de cornage qui est tel, que les habitans lui doivent par an pour chaque animal de trois ans, excepté les taureaux, au jour de S. Jean, trois deniers, & pour chaque bœuf trayant, seu trahens, douze deniers. On donne encore ailleurs différens noms à ce même droit ; en Lorraine & dans le Barrois, on l’appelle droit d’assise ; & dans le vicomté de Lautrec, droit de bladade ; au duché de Thoars, droit de fromentage.

Tenir du Roi par cornage, c’est-à-dire à la charge de corner ou donner du cor pour avertir. Il en est parlé au liv. II. des tenures, chap. viij. à savoir ès marches de Scotlant en la frontiere d’Angleterre, pour avertir à cor & à cri public que les Ecossois ou autres ennemis viennent ou veulent entrer en Angleterre, qui est un service de sergenterie ; mais c’est un service de chevalier, quand aucun tient d’autre seigneur que du Roi par tel service de cornage. Voyez le glossaire de M. de Lauriere, au mot cornage. (A)

CORNALINE, s. f. (Hist. nat. Minéralog.) carneolus, corneolus ; pierre fine demi-transparente de même nature que l’agate, mais de couleur plus vive & de pâte plus fine. Le caractere distinctif de la cornaline est le rouge vif, de sorte qu’on peut aisément la distinguer des autres pierres rouges, telles que certaines agates & certains jaspes. La cornaline en differe autant par sa couleur, que le carmin differe du minium. D’ailleurs, on ne pourroit pas confondre la cornaline avec le jaspe, quelque rouge qu’il fût, puisque la premiere est demi-transparente, & que l’autre est opaque. Il y auroit plus de difficulté à distinguer la cornaline de certains morceaux d’agates qui sont rouges ou rougeâtres, parce que ces deux pierres ont à-peu-près le même degré de transparence ; mais le rouge de l’agate n’est jamais qu’un rouge lavé & éteint, en comparaison de celui de la cornaline, qui est toûjours net & vif. La cornaline est susceptible de toutes les teintes de rouge pur ; & elle est d’autant plus belle & plus estimée, que l’intensité de sa couleur est plus grande. Les cornalines les plus parfaites approchent, pour ainsi dire, du grenat pour la couleur, & même en quelque sorte pour la transparence, après les avoir placées entre l’œil & la lumiere : mais ces belles cornalines sont bien rares. On dit que ce sont des cornalines de la vieille roche, & on prétend qu’elles se trouvoient en Perse, & qu’on n’en connoît plus à présent les carrieres : ce qu’il y a de certain, c’est que la plûpart des cornali-