Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup d’or, de même que le pié de l’orientale. Les montagnes des environs de Quito paroissent contenir peu de parties métalliques, quoiqu’on y trouve quelquefois de l’or en paillettes. Voyez un plus long détail dans l’ouvrage cité de M. Bouguer ; voyez aussi la relation de M. de la Condamine sur le même sujet dans son journal historique. (O)

CORDILIERE, voyez Cordeliere.

* CORDELINE, s. f. (Manufact. en soie.), fils de soie ou de fleuret servant de lisiere à l’étoffe.

* Cordeline, (Verrer.) On donne ce nom dans les verreries à bouteilles, à une petite tringle de fer d’environ quatre piés huit pouces de long, que l’ouvrier prend d’une main, & qu’il trempe chaude dans le pot, pour en tirer de quoi faire la cordeline qui entoure l’embouchure de la bouteille ; ce qui se fait en attachant l’espece de mammelon qui pend, & tournant en même tems l’instrument de la main gauche.

CORDELLE, s. f. (Marine.) terme de marine dont on se sert pour signifier une corde de moyenne grosseur dont on se sert pour haler un vaisseau d’un lieu à un autre ; par exemple, dans la Charente on hale les vaisseaux à la cordelle.

On donne encore ce nom à la corde qui sert à conduire la chaloupe d’un navire qui est dans le port, de terre à ce navire. (Z)

CORDER, v. act. (Comm.) C’est affermir l’enveloppe d’un ballot, les dessus d’une caisse, en les entourant d’une corde serrée au bâton.

Corder, terme de Marchand de bois ; c’est le mesurer à la corde ou à la membrure. Voyez Corde & Membrure.

Corder, en terme de Vergetier ; c’est noüer & entrelacer les cordes à boyau d’une raquette les unes dans les autres, pour en faire une espece de treillis.

CORDERIE, subst. fémin. (Marine.) C’est le nom que l’on donne à un grand bâtiment couvert, fort long & peu large, destiné dans un arsenal de marine pour filer les cables & cordages nécessaires pour les vaisseaux du Roi. Voyez Pl. VII. part. 3. n. 6. le plan d’une corderie de 200 toises de long sur 8 toises de large. (Z).

* Corderie, (Ord. encyclop. Entend. Mémoire. Hist. Hist. de la nat. Hist. de la nat. employée. Arts mechan. Cord.) C’est l’art de faire des cordes. Une corde est un composé long, cylindrique, plus ou moins flexible, ou de lin, ou de laine, ou de coton, ou de roseau, ou d’écorce de tilleul, ou de soie, ou de chanvre, ou de cheveux, ou d’autres matieres semblables, tortillées ou simplement ou en plusieurs doubles sur elles-mêmes. Si la portion de matiere tortillée simplement sur elle-même est menue, elle prend le nom de fil, voyez Fil. Il y a encore des cordes de boyau, de léton, de cuivre, de fer, &c. mais il semble qu’on ne leur ait donné ce nom que par la ressemblance qu’elles ont pour la flexibilité, la forme, & même l’usage, avec celles de chanvre. Les cordes de chanvre sont les seules qui se fabriquent dans les corderies. Voyez à l’art. Boyaudier la maniere de faire les cordes à boyau ; à l’article Trifilerie ou grosses Forges, la fabrication des fils de fer ; à l’article Cuivre ou Léton, celle des cordes de léton. Nous avons laissé à l’article Chanvre cette matiere toute prête à passer entre les mains du cordier. Nous allons la reprendre ici, la transporter dans l’attelier des fileurs, & de cet attelier dans celui des commetteurs, jusqu’à ce que nous en ayons formé des cordes de toute espece.

Des Fileurs. Les filamens de chanvre qui forment le premier brin, n’ont que deux ou trois piés de longueur ; ainsi pour faire une corde fort longue, il faut placer un grand nombre de ces filamens les uns au bout des autres, & les assembler de maniere qu’ils

rompent plûtôt que de se desunir, c’est la propriété principale de la corde ; & qu’ils résistent le plus qu’il est possible à la rupture, c’est la propriété distinctive d’une corde bien faite. Pour assembler les filamens, on les tord les uns sur les autres, de maniere que l’extrémité d’une portion non assemblée excede toûjours un peu l’extrémité de la portion déjà tortillée. Si l’on se proposoit de faire ainsi une grosse corde, on voit qu’il seroit difficile de la filer également, (car cette maniere d’assembler les filamens s’appelle filer), & que rien n’empêcheroit la matiere filée de cette façon, de se détortiller en grande partie ; c’est pourquoi on fait les grosses cordes de petits cordons de chanvre tortillés les uns avec les autres ; & l’on prépare ces cordons, qu’on appelle fil de carret, en assemblant les filamens de chanvre, comme nous venons de l’insinuer plus haut, & comme nous allons ci-après l’expliquer plus en détail.

L’endroit où se fait le fil de carret, s’appelle la filerie. Il y a des fileries de deux especes, de couvertes & de découvertes. Celles-ci sont en plein air, sur des remparts de ville, dans des fossés, dans les champs, &c. Celles-là sont des galeries qui ont jusqu’à 1200 piés de long sur 28 de large, & 8 à 9 de haut.

Il est évident qu’on ne laisse pas les instrumens dans les fileries découvertes ; les marchands qui y travaillent sont donc obligés de les avoir portatifs. Leur roüet, tel qu’on le voit à la Pl. II. est composé d’une roüe, de montans qui la soûtiennent, d’une grosse piece de bois qui sert d’empatement à toute la machine, & de montans qui soûtiennent des traverses à coulisses, dans lesquelles la planchette est reçûe ; de façon qu’on peut tendre ou détendre la corde à boyau qui passe sur la roüe, en rapprochant ou éloignant la planchette qui porte les molettes qu’on voit à terre détachées en abc, abc. a est un morceau de bois qui sert à attacher la molette à la planchette par de petits coins. b est la broche de fer de la molette ; elle est recourbée par un bout, l’autre traverse le morceau de bois a ; & rivé en a sur une plaque de fer, il peut tourner sur lui même. c est une petite poulie fixée sur la broche ; la corde de boyau passe sur cette poulie, & la fait tourner avec la broche. Les molettes sont toûjours disposées sur la planche, de maniere qu’une seule corde de boyau peut les faire tourner toutes à la fois. Ce seroit une chose à examiner, si cette disposition n’est pas telle en plusieurs cas, qu’une des molettes tournant plus vîte qu’une des autres, les fils qui en partent ne sont pas également tords.

Les roüets des corderies de roi sont différens ; ils sont plus solides, & ils servent en même tems à onze ouvriers. Le poteau a est fortement assujetti au plancher de la filerie ; il soûtient la roüe l. A la partie supérieure du poteau, au-dessus de l’essieu de la roüe, est une rainure où entre la piece de bois b, que les liens c, c retiennent, & à laquelle est attachée la piece e, qu’on appelle la croisille. La croisille porte les molettes ou cubes m, m, au nombre de sept ou onze. La même corde les fait tourner toutes disposées circulairement. La piece b est assemblée à coulisse avec le poteau a, pour qu’on puisse tendre ou détendre à discrétion la corde de boyau qui passe de dessus la roüe sur la croisille qui est verticalement au-dessus. Les crochets des molettes les plus élevées, sont quelquefois au-dessus de la portée de la main ; c’est pour y atteindre qu’on voit une espece de marche-pié ou pont en B. Le fileur accroche son chanvre ; on tourne, & le fil se fait. Mais à peine cet ouvrier est-il éloigné du roüet de cinq à six brasses, que le fil ourdi toucheroit à terre, si on ne le tenoit élevé dans les corderies de roi, sur des crochets fixés aux tirans de la charpente,