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lesquelles ils font la pêche des chiens de mer, plies, claires, posteaux, & autres gros poissons. Ils n’employent les petites qu’à la pêche des moindres especes : mais les vases empêchant les pêcheurs du Poitou d’étendre leurs hameçons de plat en cordées ou trajets, comme font les pêcheurs Bretons, ils soûtiennent les pieces de leurs aplets de 30 brasses de long ; & les ains en sont frappés de brasse en brasse avec des perches par les bouts, pour que la boîte ou l’appié flotte à la marée, & que les poissons qui s’y prennent ne traînent pas de basse-mer sur vases où ils seroient attaqués aussi-tôt par les araignées & les chancres. Cette précaution est surtout nécessaire pour la pêche des poissons qui se prennent aux plus petits ains.

Les gros tems qui empêchent les pêcheurs de sortir du port, rendant impossible l’usage des cordes en mer, ceux de l’amirauté du Bougd’ault se sont avisés, pour ne pas perdre leurs apas, de tendre en cordes ou lignes de pié, à la côte & sur les greves qui bordent le rivage.

Dans le ressort de l’amirauté de Saint-Brieux, on appelle arroüelles les cordes, lignes, ou trajets de piés.

Corde de bois, (Marchand de bois.) certaine quantité de bois à brûler, ainsi appellée parce qu’autrefois on la mesuroit avec une corde. Voyez Mesure.

Ce bois doit avoir quatre piés de long : on le mesure présentement entre deux membrures de quatre piés de haut, éloignées l’une l’autre de huit.

CORDÉ, adj. (Jardin.) on dit qu’une rave ou une poire est cordée, quand elle est devenue creuse, molle, & que ses fibres sont durs comme du bois ; le goût alors en est insipide. (K)

Cordé. adj. terme de Blason. Quelques auteurs prétendent qu’on entend par croix cordée, une croix entortillée de cordes, quoique d’autres, avec plus de vraissemblance, veulent que ce soit une croix faite de deux morceaux de cordes. Voyez Croix.

Ce mot se dit aussi des luths, harpes, violons, & autres instrumens semblables, aussi-bien que des arcs à tirer, lorsque leurs cordes sont de différent émail. Arpajou en Rouergue, d’azur à une harpe cordée d’or. Voyez Chambers & Trevoux. (V)

CORDEAU, s. m. (Charpent.) est une petite corde faite avec du fil fin, & qu’on nomme communément foüet, dont se servent les Charpentiers pour alligner leurs pieces de bois, & pour marquer dessus des lignes blanches pour les tracer.

Les Jardiniers ont aussi leurs cordeaux : c’est une espece de compas dont deux piquets de bois ou plantoirs, l’un placé à l’un des bouts & l’autre fixé à l’autre bout, font la fonction de pointes. Fichés tous les deux en terre, ils dirigent le Jardinier quand il veut planter en ligne droite. Si l’on fiche l’un, on peut décrire un arc de cercle ou un cercle entier sur la terre avec l’autre, & un grand nombre d’autres figures.

Les Architectes, les Arpenteurs, se servent du même instrument.

Cordeaux, (Manufact. en laine.) especes de lisieres faites à certaines étoffes de la laine la plus basse. On les nomme cordeaux de leur façon, qui leur donne de la ressemblance avec une corde.

CORDÉE, adj. en Medecine, se dit d’une inflammation & contraction du frænum & de la partie du penis qui est en-dessous, laquelle rend l’érection douloureuse.

Elle arrive dans les gonorrhées, & est plus ou moins violente, à proportion que la gonorrhée est plus ou moins virulente. Elle fait quelquefois beaucoup souffrir. Voyez Gonorrhée & Chaudepisse.

Elle procede de l’acrimonie de la matiere qui des-

cend de l’uretre, laquelle irrite le dessous de la verge ;

ce qui fait que le penis, & singulierement le frænum, est fortement tiré en embas dans l’érection. Quand l’acrimonie est considérable, elle cause quelquefois des érections non-naturelles, ou le symptome appellé priapisme. Voyez Priapisme.

Si le symptome est violent, & que dans une gonorrhée il soit plus opiniâtre que les autres, on donnera avec succès un émétique de turbith minéral, lequel opérera une révulsion.

Les saignées, les délayans & adoucissans, tels que le petit-lait, les émulsions anodynes, &c. les cataplasmes émolliens, & les fomentations de même vertu, operent efficacement le calme si desiré dans cette maladie. (Y)

* CORDELAT, s. m. (Drap.) étoffe qui se fabrique en plusieurs endroits, à Ausch en Auvergne, à Langogne, en Languedoc, à Romorentin, en Rouergue, dans les vallées d’Aure, à Montauban, Nebousan, pays de Foix, &c. Elle varie dans sa longueur, largeur, & fabrication, selon les endroits. En Languedoc elle doit avoir, quand elle est étroite, vingt-huit portées de trente-deux fils chacune passées dans des lames & rots de quatre pans mesure de Montpellier, ou cinq sixiemes d’aulne mesure de Paris, pour revenir du foulon à la largeur de demi-aulne prise entre les lisieres. Quand elle est large, elle a trente-quatre portées de trente-deux fils chacune, passées dans des lames & rots de cinq pans de largeur mesure de Montpellier, ou une aulne un vingt-quatrieme mesure de Paris, pour revenir du foulon à demi-aulne demi-quart, de la derniere mesure entre les deux lisieres. Les cordelats appellés redins ont trente-quatre portées de trente-deux fils chacune, & sont passées dans des lames & rots de cinq pans de largeur mesure de Montpellier, pour revenir au retour du foulon, à demi-aulne demi-quart, les lisieres comprises. Les cordelats qui se fabriquent dans les autres manufactures, sont assujettis aux mêmes regles. Il est permis de les teindre au petit teint. Les cordelats de Montauban, tant blancs que mêlés, doivent avoir, selon les reglemens, quarante-quatre portées de quarante-fils chacune, passées dans des peignes appellés dix-huit, de quatre pans trois quarts ou cinq sixiemes & demi-aulne de large, pour avoir au sortir du métier quatre pans un quart ou cinq sixiemes d’aulne ; & au retour du foulon, trois pans ou demi aulne & un douzieme de large. Et lorsque les chaînes seront filées plus grosses, on les pourra fabriquer à quarante-une portées & demie de quarante fils chacune, dans des peignes appellés dix-sept, leur conservant toutefois les largeurs ordonnées, tant au sortir du métier qu’au retour du foulon. Les cordelats de Romorentin ont cinquante-six portées de trente-deux fils chacune, & trente-deux aulnes d’attache de long, dans des lames & rots d’une aulne & demi-quart y compris les lisieres, pour être au sortir du foulon d’une aulne de large, & de vingt-une à vingt-deux aulnes de long. Il est permis au Nebouzan, pays de Foix, &c. de leur donner telle longueur qu’ils voudront, pourvû qu’ils ayent de large deux pans un tiers mesure du pays. Voyez les reglem. des manufact.

CORDELER, v. n. (Drap.) voyez l’art. Drap ou Draperie.

* CORDELI, adj. (Verrerie.) épithete que l’on donne au verre, lorsque le four étant un peu froid, il y aura dans le pot une partie de verre qui deviendra plus dure que l’autre, & qu’ayant pris avec la canne de l’une & de l’autre en cueillant, on en aura soufflé une piece dans laquelle on appercevra comme de la ficelle, tantôt grosse, tantôt menue. Comme ces traces sont d’une qualité différente du reste de l’ouvrage, elles le feront casser : elles sont à-peu-