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blics, afin qu’en les rapportant à la fin du jour, ils reçussent leur salaire : 4°. qu’on en avoit usé ainsi dans les monnoies obsidionales, soit pour multiplier les especes, soit pour leur donner une valeur proportionnée aux circonstances. Il remarque aussi que dans les monnoies ou médailles d’argent, les contremarques sont des têtes de héros ou de divinités, des fleurs, des fruits, &c. faits avec beaucoup d’art & de soin, ce qui peut marquer une augmentation de valeur ; au lieu que celles des Romains ne consistent qu’en caracteres séparés ou liés ensemble, & très faciles à contrefaire : inconvénient auquel les princes & les monnétaires ne se fussent jamais livrés, si par la contre-marque ils avoient eu en vûe de surhausser les monnoies. (G)

Contre-marque, (Comm.) est une seconde ou troisieme marque apposée sur une chose déjà marquée. Voyez Marque.

Ce terme se dit dans le Commerce, des différentes marques qu’on met sur des balots de marchandises auxquelles plusieurs personnes sont intéressées, afin qu’ils ne puissent être ouverts qu’en présence de tous les intéressés, ou de personnes par eux commises. (G)

Contre-marque, en terme de Manége, est une fausse marque, imitant le germe de la feve, qu’un maquignon fait adroitement dans une cavité qu’il a creusée lui-même à la dent, lorsque le cheval ne marque plus, pour déguiser son âge, & faire croire qu’il n’a que six ans. Voyez Marque. (V)

Contre-marque, en terme d’Orfévrerie, est la marque ou le poinçon de la communauté, ajoûté à la marque de l’orfevre, pour marquer que le métal est de bon alloi.

CONTRE-MINE, sub. f. terme de Fortification, est une voûte soûterraine qui regne tout du long sous une muraille, large de trois piés & haute de six, avec plusieurs ouvertures ou trous de place en place, pour empêcher l’effet des mines, si les ennemis en pratiquoient sous la muraille pour la renverser. Voy. Mine.

Cette sorte de mine n’est plus guere en usage. La contre-mine d’à présent est un puits & une galerie ou rameau qu’on fait exprès pour aller rencontrer la mine des ennemis, quand on sait à-peu-près où ils travaillent. Chambers.

On appelle contre-mine au figuré une ruse par laquelle on prévient l’effet d’une autre ruse. (Q)

CONTRE-MUR, s. m. (Architect.) est une petite muraille contiguë à une autre pour la fortifier & la garantir du dommage qu’on pourroit recevoir des édifices qui sont auprès. Voyez Mur.

Suivant la coûtume de Paris, lorsqu’on bâtit une écurie contre un mur mitoyen, il doit y avoir un contre-mur de huit pouces d’épaisseur. M. Bullet remarque que le contre-mur ne doit jamais faire corps avec le mur propre. (P)

Contre-mur, en Fortification, se dit d’un mur extérieur bâti autour d’un mur principal d’une ville. Voyez Mur, Rempart &c. (Q)

CONTR’ENQUETE, sub. f. (Jurisprud.) se dit d’une enquête par opposition à une autre enquête qu’elle a pour objet de contredire. V. Enquête. (A)

CONTR’ONGLE, A CONTR’ONGLE, terme de Chasse. Prendre le pié de la bête à contr’ongle, c’est voir le talon où est la pince.

CONTR’ORDRE ou CONTRE-MANDEMENT, (Jurisprud.) c’est la révocation d’un ordre antérieur par un ordre postérieur.

CONTR’OUVERTURE, s. f. terme de Chirurgie, incision qu’on fait à une partie dans un endroit plus ou moins éloigné d’une plaie ou d’un ulcere. Les contr’ouvertures sont souvent nécessaires pour faire l’extraction des corps étrangers qui n’ont pû être tirés par la plaie, ou dont l’extraction eût été difficile

ou dangereuse par cette voie. On fait aussi des contr’ouvertures pour donner issue au pus ou au sang épanchés. On ne doit faire les contr’ouvertures que lorsqu’il n’est pas possible de déterminer la sortie des matieres purulentes, & de recoller les parois du sinus ou du sac qui les fournit, par le moyen des compresses expulsives soutenues d’un bandage convenable. Ce moyen n’a pas ordinairement lieu dans les épanchemens de sang, parce que la coagulation de ce fluide ne le rend point soûmis à l’action d’un bandage expulsif. Voyez Compression.

L’usage des injections peut souvent dispenser de faire des contr’ouvertures. Voyez Injection.

Il est quelquefois nécessaire de dilater les plaies pour faire facilement les contr’ouvertures. Voyez Dilatation.

On tire beaucoup de fruit de l’usage des contr’ouvertures dans les grands abcès. Voyez Abcès. Au moyen des incisions placées convenablement à différens points de la tumeur, on ménage la peau, on découvre moins de parties ; les suppurations sont moins abondantes, & les cures sont de moindre durée & plus faciles à obtenir, chaque lêvre de division fournissant des points d’appui à la formation d’une petite cicatrice. Tous ces avantages sont démontrés, & l’expérience journaliere fait voir la difficulté & le tems qu’il faut pour réparer une grande déperdition de substance. M. Petit a imaginé un trocar pour les contr’ouvertures. Voyez Trocar.

Il y a des cas où les matieres épanchées sous le crane viennent de trop loin chercher une issue faite par le trépan ou par une fracture ; ensorte qu’elles ne peuvent s’évacuer qu’en partie, quelque industrie qu’on employe pour en faciliter l’écoulement. Il faut alors multiplier les trépans ; mais il n’est pas toûjours nécessaire d’en appliquer tout le long du trajet que parcourent les matieres épanchées. On peut, comme dans les parties molles, faire une contr’ouverture à l’endroit où les matieres s’accumulent. M. Chauvin l’a pratiqué avec succès ; on peut en lire l’observation dans un mémoire sur la multiplicité des trépans dans le I. tome des mémoires de l’académie royale de Chirurgie. On verra en même tems qu’il est des cas où les injections peuvent suppléer à la contr’ouverture. Voyez Injection. (Y)

CONTRE-PALÉ, adj. terme de Blason, se dit de l’écu où les pals sont opposés l’un à l’autre & alternés ; ensorte que la couleur des pals opposés répond au métal, & le métal à la couleur. Chambers.

Meirans en Provence, contre-palé d’argent & d’azur à la fasce d’or.

CONTRE-PAN, s. m. (Jurisprud.) signifie en général contre-gage. Ce mot est formé du latin contrà, & de pannum qui signifie gage.

Contre-pan signifie quelquefois hypotheque ; c’est en ce sens que la coûtume de Hainaut, chap. lxxxxv. parle d’héritages mis en contre-pan, & que dans le style des cours séculieres de Liége, chap. jv. article 17. il est dit gage ou contrepan, & au chap. xviij. œuvres de contre-pans.

Contre-pan signifie aussi en certains pays ce que l’on donne pour être admis au rachat d’un héritage. Par exemple, dans le même style de Liége, chapitre xviij. l’ordinaire & coûtumier contre-pan est le huitieme de la valeur de l’héritage donné à cens ou à rente que l’on paye pour être admis au rachat conventionnel. (A)

CONTRE-PANNER, c’est compenser, suivant Bouthillier en sa somme rurale.

Rentes contre-pannées sur héritages, sont des rentes foncieres hypothéquées sur d’autres héritages que ceux qui sont donnés a la charge de la rente ; il en est parlé dans la coûtume de Hainaut, ch. lxxxxv. & dans celle de Mons, chap. xxxjv. c’est la même