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mus à matines, le kyrie eleïson à la messe, & le premier pseaume des vêpres ; ceux qui sont malades, ou ceux qui sont dispensés de résider à cause de quelqu’autre emploi considérable, ne gagnent que les gros fruits, & non pas les distributions manuelles & quotidiennes.

Mais ceux qui sont absens pour les affaires du chapitre, étant réputés présens à tous égards, ne perdent point les distributions manuelles.

Il y a aussi quelques églises dans lesquelles on donne une portion de ces distributions aux jeunes chanoines pendant le tems de leurs études ; telle est l’église collegiale de S. Georges de Vendôme : ce qui n’a lieu qu’en vertu de statuts & priviléges particuliers omologués au parlement.

Les distributions manuelles ne sont point saisissables, & ne sont pas comprises dans la restitution des fruits du bénéfice ; mais on les compte dans le revenu du bénéfice, lorsqu’il s’agit d’opposer la repletion à un gradué. Voyez la pragmat. sanct. tit. ij. decreta eccles. gall. liv. VI. tit. ij. Bibliot. can. tome I. p. 516. & tome II. p. 368. & les définit. can. p. 217. Selva, part. iij. tract. quæst. xij. n. 8. Rebusse sur le concord. titre de collat. au mot distribut. Chopin, de sacr. polit. lib. III. tit. iij. n. 21. journ. des aud. tome II. arrêt du 20 Décembre 1660. (A)

Distribution des Instances et Procès, est le partage que le président fait dans chaque chambre entre les conseillers, des instances & procès appointés : il y a un registre sur lequel on inscrit cette distribution. (A)

Distribution du prix des biens saisis, est la répartition que l’on en fait entre les créanciers saisissans & opposans.

Dans les pays de droit écrit on entend quelquefois par le terme de distribution des biens, la saisie réelle même : ailleurs ce terme signifie l’ordre du prix ; c’est pourquoi on conjoint quelquefois ces termes, ordre & distribution du prix.

La distribution du prix des immeubles se fait par ordre d’hypotheque. V. Hypotheque & Ordre.

Celle du prix des meubles se fait d’abord par préférence à certaines personnes privilégiées, savoir pour les frais funéraires, ensuite les propriétaires pour tous les loyers échûs & à échoir ; & en cas qu’il n’y ait point de bail, pour trois termes & le courant ; les medecins, chirurgiens & apoticaires qui ont servi pendant la derniere maladie ; les gages des domestiques pour une année échûe au jour du décès, si tant est dû ; les frais de scellé & d’inventaire : le tout par préférence aux autres créanciers, & par contribution au sou la livre, au cas que le prix ne soit pas suffisant pour les payer ; & après ces créanciers privilégiés, tous les autres créanciers chirographaires ou hypothéquaires sont payés par contribution, sans aucun privilége. Acte de notoriété du 4 Août 1692 ; recueil des actes de notoriété, page 86. (A)

Distributions quotidiennes, voyez ci-dev. Distributions manuelles. (A)

Distribution, en Anatomie, se dit des vaisseaux & des nerfs : la distribution de l’aorte, la distribution de la cinquieme paire, &c. (L)

Distribution, dans le Commerce, répartition d’une chose entre plusieurs, suivant les raisons, droits & actions que chacun peut y avoir.

La distribution des profits d’une compagnie de commerce dont les fonds consistent en actions, se fait aux actionnaires à proportion de la quantité d’actions qu’ils y ont ; autrement elle se fait suivant la part que chaque intéressé y a, comme pour une moitié, un quart, un dixieme, & c. Dictionn. de Comm. & de Trév. (G)

Distribution, (Architecture.) sous ce nom on

entend la répartition de tout le terrein sur lequel on érige un édifice, de quelqu’usage qu’il puisse être ; car il ne suffit pas que le principal corps de bâtiment soit distribué avantageusement & commodément, il faut aussi que ceux qui en dépendent soient non seulement exposés relativement à leurs usages, mais qu’ils soient aussi situés convenablement suivant leur destination, & le rapport que chacun d’eux a avec le bâtiment & les différentes personnes qui l’habitent, tels que sont les bâtimens des cuisines, des offices, des écuries, des remises, aussi-bien que leurs basses-cours ; & dans une maison de campagne, celles des bestiaux, des grains, &c.

Que dans les palais des rois la distribution soit faite de maniere que les avenues, les avant-cours, les cours, les colonnades & portiques réunis avec les ailes de bâtimens destinées pour les princes, les ministres, concourent à former avec le palais un tout qui étonne, & qui annonce en même tems le génie de l’architecte, & la magnificence du monarque qui l’a fait élever.

Que les édifices sacrés soient grands & spacieux, selon le nombre de paroissiens qu’ils doivent contenir, accompagnés de bas côtés, & distribués de chapelles publiques & particulieres, de sacristies, de charniers, &c. au contraire que ceux destinés pour des abbayes ou communautés d’hommes ou de femmes, soient moins considérables pour ce qui regarde le sanctuaire, mais pourvûs de bâtimens adjacens, relatifs au nombre de personnes qui doivent y habiter.

Que les bâtimens publics, tels que les hôtels-de-ville, les jurisdictions, les bourses & autres, soient distribués de sorte que les citoyens puissent y être à couvert, conférer & attendre commodément les heures où ils doivent recevoir leurs audiences, leur argent, &c.

Que les bâtimens pour les commerçans ayent leurs magasins proche de leur comptoir, & soient exposés suivant la nature des marchandises qu’ils doivent contenir ; de même les bâtimens particuliers destinés aux artisans, doivent être distribués d’une maniere convenable à leur état : on doit préférer à la magnificence, la situation de leurs boutiques, leurs atteliers, chantiers, &c.

Après ces considérations générales, il en est autant de particulieres que la diversité des terreins, qui est infinie ; & quoi que l’on puisse dire, en faisant l’éloge des Architectes françois, que la distribution en France est poussée au plus haut degré de perfection, il n’en est pas moins vrai qu’il est difficile de donner des préceptes précis sur cette partie de l’architecture : aussi presque tous nos auteurs modernes qui ont traité de cet art, & qui en ont voulu parler, nous ont plûtôt donné la description de leurs bâtimens, que des regles qui puissent nous instruire. Ajoûtons à cela que malgré le nombre de beaux bâtimens qui embellissent Paris & ses environs, il est moins aisé d’acquérir l’art de distribuer les bâtimens, que de les décorer, l’intérieur de ces édifices étant presque toûjours impénétrable, ce qui n’arrive pas dans les dehors. D’ailleurs cette partie de l’art de bâtir est sujette, aussi-bien que la décoration, à la vicissitude & au déréglement de l’imagination ; de-là vient que nos jeunes architectes, accoûtumés à imiter indistinctement le beau ainsi que le médiocre dans leur art, ne composent qu’un tout assez mal entendu, & croyent qu’à la faveur de quelques formes ingénieuses, les commodités, les dégagemens, les enfilades & la symmétrie peuvent être sacrifiés : d’autres se croyant pourvûs d’imagination, se roidissent contre les regles de convenance, l’esprit, disent-ils, n’agissant jamais mieux ni plus heureusement, que lorsqu’il est affranchi de toute servitu-