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deux feuilles de bois : ceux qui étoient désignés consuls avoient plusieurs de ces diptyques, sur lesquels ils étoient représentés en relief, avec leurs noms, leurs qualités, & ils les distribuoient aux principaux officiers. Ils avoient également soin d’y faire graver les animaux, les gladiateurs, & tout ce qui devoit faire partie des jeux qu’ils donnoient au public en prenant possession du consulat. Sur une moitié de diptyque trouvé à Dijon, & que M. Moreau de Mautour croit être du fameux Stilicon, on voit la figure du consul tenant d’une main le scipio (c’est le bâton de commandement ou sceptre d’ivoire) surmonté d’un aigle, & terminé par un buste qui représente l’empereur alors regnant, & de l’autre un rouleau qu’on nommoit mappa circensis, espece de signal avec lequel on annonçoit le commencement des jeux du cirque. Le consul y paroît revêtu de la tunique sans manches, appellée fascia consularis, ou colobium, ou subarmalis, au-dessous de laquelle paroît la robe brodée, toga picta, & il est assis sur le throne d’ivoire ou chaire curule, sella curulis, qui désignoit les grandes magistratures, & sur-tout sa dignité consulaire. Mém. de l’acad. des Belles-Lettres, tom. V.

Diptyque, diptycha, (Hist. anc.) c’étoit le registre public, sur lequel s’inscrivoient les noms des consuls & des magistrats chez les payens ; des évêques & des morts chez les Chrétiens.

Il y avoit des diptyques sacrés & des diptyques profanes.

Les diptyques sacrés étoient un double catalogue, dans l’un desquels on écrivoit les noms des vivans, & dans l’autre les noms des morts qu’on devoit réciter durant l’office.

Les diptyques profanes s’envoyoient souvent en présent, & on les donnoit même aux princes, & alors on les faisoit dorer. Voyez le dict. de Trév. & Chambers.

DIRCHAW, (Géog. mod.) ville du palatinat de Culm, en Prusse : elle est située sur la Wistule. Long. 37. lat. 54. 3.

DIRE, s. m. (Jurisprud.) est une procédure autre que les demandes, défenses, & repliques proprement dites, par laquelle le demandeur ou le défendeur dit & articule quelque chose. On appelle cette procédure un dire, parce qu’après les qualités des parties il y a toûjours ce terme consacré dit par-devant vous, &c. En quelques provinces le dire commence par ce mot même, dit un tel.

On appelle aussi dires, les observations & requisitions que les parties ou leurs procureurs font dans un procès-verbal d’un juge, commissaire, ou expert.

A dire d’experts, signifie suivant l’estimation par experts.

Dire le prud’hommes, est la même chose qu’estimation par experts. Ce terme est employé dans plusieurs coûtumes : par exemple, celle de Paris, artic. 47. porte que le droit de relief est le revenu d’un an, ou le dire de prud’hommes, ou une somme pour une fois offerte par le vassal. Voyez Prud’homme. (A)

DIRECT, adj. On dit, en Arithmétique & en Géométrie, une raison directe, ou une proportion directe. Pour bien concevoir ce que c’est, supposons deux grandeurs A, B d’une part, & deux autres grandeurs C, D d’une autre part ; & considérant les deux premieres A, B comme des causes dont les deux autres C, D sont les effets, ensorte que la premiere cause A soit au premier effet C, comme la seconde cause B est au second effet D, on dit en ce cas que les causes sont en raison directe des effets. Mais si la premiere cause A est au premier effet C, comme le second effet D est à la seconde cause B, alors les causes sont en raison inverse ou réciproque des effets. On voit par ces exemples, pourquoi ces raisons ou proportions ont été ainsi dénommées.

Quand deux triangles sont semblables, leurs cô-

tés homologues sont en raison directe. Voyez Raison, Regle de trois ou de Proportion. Les corps sont attirés en raison directe de leurs masses, & en raison renversée du quarré de leurs distances. Voyez Renversé, Réciproque, Inverse. (E)

Direct, adj. en Optique, vision directe d’un objet, est celle qui est formée par des rayons directs, c’est-à-dire par des rayons qui viennent directement & immédiatement de l’objet à nos yeux. Elle est opposée à la vision qui se fait par des rayons ou réflechis ou rompus, c’est-à-dire par des rayons qui partent de l’objet, & qui avant d’arriver à nos yeux, tombent sur la surface d’un miroir qui nous les renvoye, ou sur la surface d’un corps transparent qui les brise, & à-travers lequel ils passent. Voyez Lumiere, Rayon.

Direct, (Astronom.) On considere les planetes dans trois états ; savoir, directes, stationnaires, & retrogrades. Voyez Planete.

On dit qu’elles sont directes, quand elles paroissent se mouvoir en-avant suivant l’ordre des signes du zodiaque ; stationnaires, quand elles paroissent rester en repos ; & retrogrades, quand elles paroissent se mouvoir dans un sens contraire. Voyez Retrogradation & Station. (E)

Direct ; dans l’Histoire, on dit qu’un discours est direct, qu’une harangue est directe, lorsqu’on fait parler ou haranguer les personnages eux-mêmes. Au contraire on appelle discours indirects, ceux dont l’historien ne rapporte que la substance ou les principaux points, & qu’il ne fait pas prononcer expressément par ceux qui sont censés les avoir tenus. Les anciens sont pleins de ces harangues directes, pour la plûpart imaginaires. Il est étonnant, sur-tout, quelle éloquence Tite-Live prête à ces premiers Romains, qui jusqu’au tems de Marius s’occupoient plus à bien faire qu’à bien dire, comme le remarque Salluste. Les modernes sont plus reservés sur ces morceaux oratoires.

Cependant comme il ne faut pas être prodigue de ces ornemens, il ne faut pas non plus en être avare. Il est des circonstances où cette espece de fiction, sans altérer le fond de la vérité, répand dans la narration beaucoup de force & de chaleur. C’est lorsque le personnage qui prend la parole, ne dit que ce qu’il a dû naturellement penser & dire. Salluste pouvoit ne donner qu’un précis des discours de Catilina à ses conjurés. Il a mieux aimé le faire parler lui-même, & cet artifice ne sert qu’à développer par une peinture plus animée le caractere & les desseins de cet homme dangereux. L’histoire n’est pas moins le tableau de l’intérieur que de l’extérieur des hommes. C’est dans leur ame qu’un écrivain philosophe cherche la source de leurs actions ; & tout lecteur intelligent sent bien qu’on ne lui donne pas les discours du personnage qu’on lui présente, pour des vérités de fait aussi exactes que la marche d’une armée, ou que les articles d’un traité. Ces discours sont communément le résultat des combinaisons que l’historien a faites sur la situation, les sentimens, les intérêts de celui qu’il fait parler ; & ce seroit vouloir réduire l’histoire à la sécheresse stérile des gazettes, que de vouloir la dépouiller absolument de ces traits, qui l’embellissent sans la déguiser.

Il n’est aucun genre de narration où le discours direct ne soit en usage, & il y répand une grace & une force qui n’appartiennent qu’à lui. Mais dans le dialogue pressé, il a un inconvénient auquel il seroit aussi avantageux que facile de remédier. C’est la répétition fatigante de ces façons de parler, lui dis-je, reprit-il, me répondit-elle, interruptions qui rallentissent la vivacité du dialogue, & rendent le style languissant où il devroit être le plus animé. Quelques anciens, comme Horace, se sont contentés dans la