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couleurs, & par conséquent être différemment colorés (Voyez Couleur) : 2°. ils pourront avoir différens degrés de mollesse, de dureté, ou d’élasticité. Voyez ces mots. Cependant cette hypothese pour expliquer la différence des corps, élude la question plûtôt qu’elle ne la résout : il reste toûjours deux difficultés considérables. En premier lieu, on peut demander quels sont en général les élémens ou particules composantes des corps : si on dit que ce sont des corps, on n’avance point ; car ces corps auront eux-mêmes des particules ou élémens, & ne seront point par conséquent les particules ou élémens primitifs des corps qui tombent sous nos sens : si on dit que ce ne sont point des corps, on dit une absurdité ; car comment concevoir qu’avec ce qui n’est point corps, on fasse un corps ? Des deux côtés les difficultés sont à-peu-près égales. Voyez Corps.

En second lieu, supposons que les particules des corps soient des corps ; ces particules ont-elles une dureté primitive, ou leur dureté vient-elle de la pression d’un fluide ? deux questions également difficiles à résoudre. Voyez l’article Dureté.

Il résulte de ces réflexions, que nous ne voyons & ne connoissons, pour ainsi dire, que la surface des corps, encore très-imparfaitement, & que le tissu intérieur nous en échappe : c’est sans doute parce qu’ils nous ont été donnés uniquement pour nos besoins, & qu’il n’est pas nécessaire pour nos besoins que nous en sachions davantage.

Au reste, quand Descartes disoit, donnez-moi de la matiere, &c. ce grand philosophe ne prétendoit pas nier, comme l’ont dit quelques imposteurs, que la matiere fût créée, ni qu’elle eût besoin d’un souverain moteur ; il vouloit dire seulement que ce souverain moteur n’employoit que la figure & le mouvement pour composer les différens corps ; mais cette opération est toûjours l’ouvrage d’une intelligence infinie.

Configuration ou Aspect des Planetes, en Astrologie, sont certaines distances que les planetes ont entre elles dans le Zodiaque, par lesquelles, selon les Astrologues, elles s’aident ou se nuisent les unes les autres. Ces distances se mesurent par le nombre des degrés du Zodiaque qui séparent ces deux planetes. Tant que l’Astrologie a été en honneur, on a eu beaucoup d’égard à la configuration des planetes ; elle est fort négligée aujourd’hui avec raison. Voyez Aspect & Astrologie.

CONFINER un héritage ou un territoire (Jurisp.), c’est en marquer les confins & limites. Voyez ci-apr. Confins.

Anciennement confiner signifioit quelquefois reléguer quelqu’un hors des confins d’un certain territoire. Voyez Bannir. (A)

CONFINS, s. m. pl. (Jurisprud.) sont les limites d’un héritage, d’une paroisse, ou du territoire d’une dixmerie, d’une seigneurie, justice, &c. fines agrorum seu territorii. Il ne faut pas confondre les bornes avec les confins. On entend par confins les limites d’un héritage ; au lieu que les bornes sont des signes extérieurs qui servent à marquer les limites.

La loi des douze tables avoit ordonné de laisser un espace de cinq piés de large entre les héritages appartenans à différentes personnes ; ce qui formoit un sentier de communication par lequel chacun pouvoit aller à son héritage, & même tourner tout-autour, sans passer sur celui du voisin. Ces sentiers étoient appellés via agraria, & cet espace de cinq piés ne pouvoit être prescrit. Il paroît que l’objet des décemvirs, en obligeant chacun de laisser cet espace autour de son héritage, étoit que l’on pût facilement labourer à la charrue sans anticiper sur le voisin, & aussi pour que la distinction des héritages

fût mieux marquée. Il y a apparence que les deux propriétaires qui avoient chacun un héritage contigu à l’autre, devoient laisser chacun la moitié de cet espace de cinq piés.

Mamilius tribun du peuple fit dans la suite une loi appellée de son nom Mamilia, & par corruption, qui conformément à la loi des douze tables ordonna qu’il y auroit un espace de cinq à six piés entre des fonds voisins l’un de l’autre, & qui regloit les différends qui s’élevoient à ce sujet entre des particuliers.

Il est aussi parlé de cet espace de cinq piés dans la loi derniere au code Théodosien, finium regundorum, qui en ce point paroît avoir suivi la loi des douze tables.

La loi quinque pedum, au code finium regundorum, énonce aussi que l’espace de cinq piés qui sépare les héritages ne peut pas se prescrire ; ce qui suppose que cet usage de laisser un espace de cinq piés entre les héritages étoit encore observé.

Il étoit cependant d’usage de mettre des bornes chez les Romains ; ce qui sembleroit superflu au moyen de cet espace de cinq piés : mais les bornes pouvoient toûjours servir à empêcher que l’on ne déplaçât le sentier de séparation.

Quoi qu’il en soit, il est certain que depuis longtems il n’est plus d’usage que les différens propriétaires d’héritages voisins laissent un espace entre leurs héritages, à moins que l’un ne fasse une muraille ou un fossé, ou ne plante une haie ; hors ces cas chacun laboure jusqu’à l’extrémité de son héritage ; ce qui ne se peut faire à la vérité sans que la moitié de la charrue pose sur l’héritage du voisin ; ce qui est regardé comme une servitude nécessaire & réciproque entre voisins.

Les autres dispositions du titre finium regundorum, sont que dans une vente l’on ne considere point les anciens confins, mais ceux qui sont désignés par le contrat, parce que le propriétaire qui vend une partie de son fonds peut changer les limites ou confins, & les déterminer comme il le juge à propos ; qu’ils peuvent pareillement changer par le fait & le consentement des différens propriétaires qui se succedent ; que quand il s’agit de regler les confins ou limites, on a égard à la propriété & possession, & que pour la mesure des terres le juge commet un mesureur (ce que nous appellons aujourd’hui arpenteur), sur le rapport duquel il ordonne ensuite que les bornes seront posées ; que si pendant le procès l’un des contendans anticipe quelque chose sur l’autre, il sera condamné non seulement à rendre ce qu’il a pris, mais encore à en donner autant du sien ; qu’on peut se pourvoir pour faire regler les confins lorsqu’il s’agit d’un modique espace de terrein, de même que s’il étoit plus considérable ; enfin que l’on ne prescrit les confins ou limites que par l’espace de trente ans.

La position des confins peut être établie de trois manieres ; ou par les bornes, ou par les titres, ou par témoins ; par bornes, lorsque l’on en reconnoît qui ont été mises d’ancienneté (Voyez Bornes) ; par titres, lorsque l’étendue de l’héritage ou du territoire y est marquée ; & par témoins, lorsque les témoins disent que de tems immémorial, ou depuis un tel tems, ils ont toûjours vû un tel joüir, labourer, ou dixmer jusqu’à tel endroit.

On entend aussi souvent par le terme de confins, les tenans & aboutissans, c’est-à dire les endroits auxquels un héritage tient de chaque côté. Il y a des confins immuables, tels qu’un chemin, une riviere ; d’autres sont sujets à changer, tels que les héritages des particuliers ; non-seulement il arrive changement de propriétaire & changement de nom, mais souvent même les héritages qui confinent changent de na-