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l’usage, la matiere à couper, les formes à faire. Il y en a, & de la plus petite grandeur, & de la plus grande force. Voyez la suite de cet article.

Ciseau, instrument de Chirurgie, composé de deux branches égales en longueur, tranchantes en-dedans, & jointes ensemble par un clou. Il faut avoir des ciseaux qui ne servent qu’aux appareils, pour couper les linges qui servent à faire les bandes, compresses, & autres pieces.

Les Chirurgiens doivent avoir en outre des ciseaux à incision ; les uns sont droits, & les autres courbes ; il faut qu’ils soient construits avec toute l’attention possible. Les pointes doivent être mousses, pour qu’en opérant on ne soit point obligé de changer les anneaux des doigts, pour mettre la branche boutonnée dans la plaie, lorsqu’elle ne s’y présente pas naturellement. Voyez Chirurgie, Pl. I. fig. 1.

Les ciseaux courbes servent à faire des incisions dans des endroits un peu caves ; il faut que leur courbure soit petite & douce ; qu’elle prenne du milieu même de l’entablure, & qu’augmentant presque insensiblement, la pointe s’écarte à peine de cinq lignes de l’axe des ciseaux. Cette structure rend les ciseaux courbes, non seulement propres à toutes les opérations qui demandent la courbure des lames, mais ils sont si commodes & si dégagés, qu’ils peuvent exécuter celles qui semblent exiger l’usage des ciseaux droits. Voyez la fig. 1. Pl. III. M. de Garengeot a traité fort au long, dans son livre d’instrumens, de la construction des ciseaux.

M. Petit a imaginé des ciseaux particuliers pour l’opération du filet. Voyez Filet, & la fig. 4. Pl. XIX. (Y)

Ciseau d’embas, morceau de fer, acéré par le bout tranchant, à l’usage de ceux qui travaillent à l’ardoise. Voyez Ardoise.

Ciseau, à l’usage des Arquebusiers. Ils en ont de plusieurs fortes, parmi lesquelles on en distingue quatre particulierement : le ciseau à bride. le ciseau à chaud, le ciseau de côté, le ciseau à ébaucher.

Le ciseau à bride est un petit morceau d’acier long de six ou huit pouces, quarré, de l’épaisseur d’une ligne & demie en tout sens. Ce morceau d’acier est reployé aux deux tiers, quarrément, & se reploye encore en-devant, d’un petit bec de la grandeur d’une ligne. Ce bec est fort tranchant ; les Arquebusiers s’en servent pour vuider & nettoyer une entaille ou une mortoise dans un bois de fusil.

Le ciseau à chaud est un morceau de fer ou d’acier quarré, d’environ huit pouces, gros de deux, peu tranchant, & servant à l’Arquebusier pour partager un morceau de fer en deux, ou pour y faire des entailles.

Le ciseau de côté est fait à-peu-près comme le bec d’âne, voyez Bec d’âne ; il est plus plat ; son tranchant est en biseau ; il ne coupe proprement qu’en un sens. L’arquebusier s’en sert pour graver des ornemens. Il en a de très-petits & très-déliés.

Le ciseau à ébaucher ressemble au fermoir des Menuisiers, voyez Fermoir, & sert à l’Arquebusier pour ébaucher un bois de fusil, & commencer à lui faire prendre sa forme. Voyez les Planches du Menuisier.

Ciseau des Cartiers, ce sont de grands ciseaux composés de deux lames fort grandes & fort tranchantes, jointes par un clou-à-vis, qui se serre au moyen d’un écrou. Ces lames ont à leur extrémité opposée, l’une un anneau pour passer une partie de la main, & celle-ci est mobile ; & l’autre, un morceau de fer recourbé qui s’attache sur l’établi, au moyen d’un crochet qui passe à travers la table, & est rendu immobile par un écrou qui serre fortement

la vis de ce crochet. Les ciseaux servent à couper & rogner les cartes quand elles ont été lissées. C’est la derniere façon que l’on donne aux cartes pour les fabriquer. Voyez la fig. 4. Pl. du Cartier, qui représente le coupeur ; & les figures 10, 11, 12, qui représentent les ciseaux & tout ce qui leur appartient. Z est une planche de bois posée verticalement sur l’établi, où elle est retenue par les deux tenons 4, 4, qui passent au-travers dudit établi. 5, 5 sont deux clés qu’on fait passer dans les trous des tenons par-dessous de l’établi, pour y tenir assujettie cette planche Z. V est la machoire fixe des ciseaux, qui est retenue contre le bord antérieur de l’établi par la vis 1, qui passe par le trou 2 de cette branche. L’autre branche u est articulée avec celle-ci par le moyen d’une vis & d’un écrou qui traverse à la fois les deux branches u & V, & la fourchette X, dont l’extrémité inférieure est faite en vis, qui entre dans l’établi. Cette fourchette sert à soûtenir les ciseaux, dont la branche fixe & supérieure est encore arrêtée par la piece a, qui est une cheville de fer qui passe par le trou 2 de la planche Z, où elle est retenue par l’écrou à oreilles b. A l’autre extrémité de cette cheville sont deux disques, 1, 2, entre lesquels passe la branche fixe des ciseaux. Voyez l’article Cartes.

Ciseau, outil de Charron, morceau de fer de la longueur de deux piés ou environ, rond par en-haut, de la grosseur d’un pouce & demi, large, plat ; & acéré par en-bas, de la largeur de deux pouces & demi, & épais de deux à trois lignes, qui sert aux Charrons à former & élargir les mortaises.

Ciseau à un biseau des Charpentiers. Il ressemble au précédent, & sert à dresser les mortaises, les tenons, &c.

Ciseau des Cloutiers. C’est un instrument dont ils se servent pour couper les cloux à mesure qu’ils les fabriquent. Il est de fer, acéré, pointu par un bout par où on l’enfonce dans le bloc ; il a environ cinq pouces de hauteur, & trois de largeur ; il est applati & tranchant par le haut. Pour couper le clou, l’ouvrier applique sa baguette de fer sur le ciseau précisément à l’endroit où il doit être coupé, & en la frappant d’un coup de marteau, le clou se sépare du reste de la baguette. Voyez Pl. du Cloutier, fig. 24. & 22. qui représente le billot monté de toutes ses pieces.

Ciseau des Cordonniers. Ils sont en tout semblables à ceux des Tailleurs.

Ciseau de Doreur sur bois ; c’est un ciseau ordinaire de Sculpteur. Les Doreurs s’en servent à lever les ornemens de sculpture couverts par le blanc.

Ciseau de Ferblantier. Cet outil est en tout semblable à celui des Serruriers. Voyez la fig. 43. Pl. du Ferblantier.

Ciseau de Fourbisseur. Ce sont de forts ciseaux qui n’ont rien de particulier, & qui servent aux Fourbisseurs pour rogner le haut des fourreaux quand ils sont trop longs.

Ciseau de Guainier : ils sont faits exactement comme ceux des Couturieres, & servent au Guainier à couper le bois pour ses ouvrages. Il en a d’autres qui sont en forces. Ces ciseaux sont beaucoup plus grands ; ils ont les lames rondes ; ils ressemblent aux forces des Tailleurs. Ils servent aux Guainiers à couper & tailler les peaux & cuirs dont ils couvrent leurs ouvrages. Voyez les Pl. du Tailleur.

Ciseau de jardinage. Ils sont beaucoup plus forts & plus longs que les ciseaux ordinaires, Ils ont deux mains de bois, ce qui facilite la tonte des boüis & autres arbrisseaux.

Ciseau de Maçon ou de Tailleur de pierre ; c’est un outil de fer, acéré, long, de la forme d’un clou sans tête, applati & tranchant par le bout. Il sert à commencer le lit ou la taille de la pierre.