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en revenant de tems en tems au même point d’où il est parti. (O)

Circuler, (Chimie.) verbe actif. Il se dit en Chimie, du mouvement des vapeurs d’une matiere tenue sur un feu doux, & enfermée dans des vaisseaux fermés, de sorte que les vapeurs qui s’élevent soient obligées d’y revenir, ne trouvant point d’issue, & le feu continuant d’agir, de s’élever de nouveau, & de revenir encore, & ainsi de suite. Voyez Circulation & Circulatoire (Chimie.)

CIRCUMAMBIANT, adj. (Physique.) est la même chose qu’environnant : c’est une épithete (peu en usage) qui se dit d’une chose qui en entoure une autre. Voyez Ambiant.

Nous disons l’air ambiant ou circumambiant. Voyez Air, Atmosphere &c.

Ce mot est formé des mots Latins, ambio, j’entoure, & circum, autour. (O)

CIRCUM-INCESSION, s. f. terme de Théologie, par lequel les scholastiques expriment l’existence intime & mutuelle des personnes divines, l’une en l’autre, dans le mystere de la Trinité. Voyez Personne.

Les Théologiens de l’église Latine ne sont pas les premiers inventeurs de cette expression, S. Jean Damascene qui vivoit dans le viij. siecle s’étant servi du mot περικούρεσις, qui signifie précisément la même chose, pour expliquer ces paroles, ego in patre, & pater in me est. Joann. c. xiv.

Cette circum-incession des personnes divines vient de l’unité de leur nature, qui a fait dire à Jesus-Christ : Ego & pater unum sumus. Quelques Théologiens distinguent deux sortes de circum-incessions, l’une parfaite, & l’autre imparfaite. La premiere est celle par laquelle deux choses existent inséparablement, de telle maniere que l’une n’est nulle part hors de l’autre. La seconde est celle où de ces deux choses coexistentes, l’une a cependant une existence plus étendue que l’autre. Telle est la circum-incession que quelques Peres & Théologiens admerttent entre la nature divine & la nature humaine dans Jesus-Christ. Wuitass. de Trinit. part. II. quæst. viij. art. jv. (G)

CIRE, s. f. (Hist. nat.) matiere tirée des végétaux, & élaborée dans le corps d’un animal. Les abeilles transforment en cire les poussieres des étamines des plantes ; car les pelotes qu’elles forment avec cette poussiere, & qu’elles rapportent dans la ruche, comme il a été dit à l’article de l’Abeille, & que l’on appelle de la cire brute, n’est pas de la vraie cire ; elle ne se ramollit ni ne se fond lorsqu’elle est échauffée ; elle tombe au fonds de l’eau, au lieu de surnager, &c. Il faut, pour que cette matiere devienne de la vraie cire, que les abeilles la mâchent, l’avalent, & la digerent. On a vû à l’article Abeille, que ces insectes ont une bouche, des dents, une langue, & un estomac, c’est-à-dire des organes propres à toutes ces opérations. Lorsqu’une abeille arrive à la ruche avec des pelotes de cire brute, elle la mange quelquefois avant que d’entrer, mais pour l’ordinaire elle va sur les gâteaux en battant des aîles. Alors trois ou quatre autres abeilles viennent auprès de celle qui arrive, & mangent les pelottes dont elle est chargée. On prétend les avoir vûes distinctement mâcher & avaler ; mais ce qui est encore plus certain, c’est qu’on a trouvé dans leur estomac & leurs intestins, de la cire brute bien reconnoissable par les grains de la poussiere des étamines dont elle est composée. Lorsque les abeilles apportent plus de cire brute qu’elles n’en peuvent manger, alors elles la déposent dans des alvéoles, où il n’y a ni ver ni miel ; & dès qu’un de ces insectes y a fait tomber les deux pelotes dont il étoit chargé, il en vient un autre qui les étend dans l’alvéole, &

quelquefois c’est le même qui les a apportées. Non seulement ils les rangent, mais encore ils les pétrissent, & les imbibent d’une liqueur qui paroît être du miel, parce qu’après cette opération la cire brute en a le goût ; c’est peut-être ce qui la conserve sans altération. On trouve dans les ruches des parties de gâteaux assez grandes, dont les cellules sont toutes remplies de cire brute. Il y en a aussi qui sont dispersées ou placées entre d’autres cellules, qui contiennent du miel ou des vers. Enfin les abeilles mangent la cire brute lorsqu’elles l’ont apportée dans la ruche, ou elles la déposent dans des alvéoles pour la manger dans un autre tems ; mais on croit qu’il faut qu’elles la digerent pour la convertir en vraie cire, qu’une partie sert à la nourriture de l’insecte, qu’une autre sort par l’anus en forme d’excrémens, & que le reste revient par la bouche, & est employé à la construction des alvéoles, voyez Alvéole. On a vû une liqueur mousseuse, ou une espece de boüillie, sortir de la bouche dans le tems que l’abeille travaille à faire une cellule ; cette pâte se seche dans un instant, c’est de la vraie cire. On prétend que les abeilles ne peuvent plus employer la cire dès qu’elle est entierement seche. Aussi lorsqu’on leur en présente auprès de leur ruche, elles ne s’en chargent pas, mais elles recherchent tout le miel qui peut y être mêlé ; elles hachent quelquefois la cire par morceaux, & ne l’abandonnent que lorsqu’elles en ont enlevé tout le miel ; & s’il n’y en avoit point, elles ne toucheroient pas à la cire. Lorsqu’on fait passer des abeilles dans une nouvelle ruche entierement vuide, & qu’on les y renferme au commencement du jour, avant qu’elles ayent pû ramasser de la cire brute, on trouve le soir des gâteaux de cire dans la nouvelle ruche. Il y a tout lieu de croire que la cire dont ces gâteaux sont formés, est venue de la bouche de ces insectes, en supposant qu’ils n’ont point apporté de cire brute attachée à leurs jambes. Cette matiere éprouve des changemens dans l’estomac, puisque la cire des alvéoles est blanche, quoique les pelotes de cire brute que les abeilles apportent dans la ruche soient de différentes couleurs, blanches, jaunes, orangées, rougeâtres, vertes. Les alvéoles nouvellement faits sont blancs, & ils jaunissent avec le tems & par différentes causes. Mais lorsqu’ils sont nouveaux, la teinte est à-peu-près la même dans toutes les ruches ; s’il s’en trouve de jaunâtre, on peut croire que cette couleur vient d’une mauvaise digestion de la cire brute, que l’on a attribuée à un vice héréditaire que toutes les abeilles d’une ruche tiennent de leur mere commune. Ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les cires ne sont pas également propres à recevoir un beau blanc dans nos blanchisseries. Mém. pour servir à l’histoire des insectes, tom. V. (I)

Cire, (Hist. anc. & mod.) Les hommes détruisent les cellules pour avoir la cire qui les forme, & l’on ne sauroit dire à combien d’usages ils l’ont employée de tout tems. Autrefois on s’en servoit comme d’un moule pour écrire, invention qu’on attribue aux Grecs. Pour cet effet, on faisoit de petites planches de bois à-peu-près comme les feuillets de nos tablettes, dont les extrémités tout-à-l’entour étoient revêtues d’un bord plus élevé que le reste, afin que la cire ne pût pas s’écouler. On répandoit ensuite sur ces tablettes de la cire fondue, on l’applanissoit, on l’égalisoit, & l’on écrivoit sur cette cire avec un poinçon. C’est pourquoi Plaute dit, dum scribo explevi totas ceras quatuor. Les testamens même s’écrivoient sur de la cire ainsi préparée. De là vient qu’on leur donnoit aussi le simple nom de cera, cire, V. Suetone, dans la vie de César chap. lxxxiij. & dans la vie de Néron, chap. xvij. On se servoit encore de la cire pour cacheter des lettres, & empêcher qu’el-