Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/470

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teur trouvera dans le P. Menestrier, homme consommé dans l’art Héraldique, tous les détails possibles sur ce sujet. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Cimier, (Boucherie.) c’est ainsi qu’on appelle une portion de la cuisse de bœuf. Cette portion se divise en plusieurs tranches ; & chaque tranche contient trois morceaux, dont le premier s’appelle la piece ronde, le second la semelle, & le troisieme le tendre. On donne le nom de culotte au cimier, à le prendre depuis les tranches jusqu’à la queue.

Cimier, (Vénerie.) c’est la croupe du cerf, du daim, & du chevreuil, qui dans la curée se donne au maître de l’équipage.

CIMMÉRIENS, s. m. plur. (Géog. anc. & mod.) peuples anciens qui habiterent les environs des palus Méotides & du Bosphore Cimmérien. Les Grecs en avoient une si fausse idée que le croyant couvert d’épaisses ténebres, ils le plaçoient sur les confins de l’enfer.

Il y eut en Italie dans la Campanie, un autre peuple du même nom ; un troisieme en Asie, vers la Georgie & la mer Caspienne ; un quatrieme en Asie, où est à présent Synope.

CIMOLÉE, (terre) Hist. nat. Minéralog. espece de terre dont parlent les anciens Naturalistes : ils en distinguoient de deux especes ; cimolia alba, la terre cimolée blanche ; & cimolia purpurascens, terre cimolée rougeâtre. Son nom lui venoit de l’île Cimolus que l’on appelle actuellement Argentaria, l’une des îles de l’Archipel. Tournefort, dans son voyage du Levant, dit que la terre cimolée des anciens n’est qu’une craie blanche assez pesante, insipide, friable, & mêlée de sablon ; qu’elle ne s’échauffe point lorsqu’on l’arrose avec de l’eau, seulement qu’elle s’y dissout & devient assez gluante ; sa solution n’altere point la teinture de tournesol, & ne se remue point avec l’huile de tartre : mais il y a effervescence lorsqu’on y verse de l’esprit de sel ; d’où il conclut qu’il n’y a aucune différence entre la terre cimolée & la craie ordinaire, sinon qu’elle est plus grasse & plus savonneuse. Aussi les habitans du pays s’en servent-ils pour blanchir le linge & les étoffes ; ce qu’ils pratiquoient même du tems de Pline. On s’en servoit encore dans la Medecine, & on lui attribuoit la vertu de résoudre les tumeurs, &c. Voyez Pline, hist. nat. liv. XXXV. cap. xvij. Cet auteur l’a aussi regardée comme une espece de craie ; cependant tous les Naturalistes ne sont point du même sentiment : il y en a plusieurs qui pensent que la terre cimolienne étoit une argille. M. Hill dit que c’est une terre marneuse ; il pense que c’est mal-à-propos que quelques-uns l’ont confondue avec la terre à foulons, & prétend que de tous les fossiles que nous connoissons, il n’y en a point avec qui la terre cimolienne ait plus de rapport que la stéatite. Le même auteur ajoûte qu’en Angleterre on entend par cimolia alba, la terre dont on fait des pipes ; & par cimolia purpurascens, la terre dont on se sert communément pour fouler les étoffes. Wallerius, dans sa minéralogie, fait de la cimolée blanche une espece de marne, à qui il donne le nom de marne à foulons. Dans un autre endroit, il insinue que ce pourroit être une marne crétacée. (—)

* CIMOSSE, s. f. en Italien cimossa, (Manufact. en soie.) lisiere pratiquée par les Génois à certains damas pour meuble, les plus parfaits en ce genre. Cette lisiere est faite en gros de tours, non en taffetas, & son travail est très-ingénieux. Nous en parlerons à l’article Damas. Voyez Damas.

CINALOA, (Géog.) province de l’Amérique septentrionale sur la côte de la mer de Californie, habitée par des nations sauvages & idolâtres.

CINABRE, voyez Cinnabre.

CINAN, (Géog.) ville considérable de la Chine dans la province de Channton. Long. 134. 50. lat. 37.

CINCENELLE, s. f. terme de riviere, corde dont on se sert sur les rivieres pour monter les bateaux.

CINCHEU, (Géog.) ville de la Chine dans la province de Quangsi : il y a une autre ville de ce nom en Chine dans la province de Xantung.

CINDIADE, adj. f. surnom de Diane. Polybe raconte de sa statue un prodige bien singulier ; c’est que quoiqu’elle fût à l’air, il ne pleuvoit ni ne neigeoit point dessus. Credat Judæus Apella.

* CINERAIRE, s. m. (Hist. anc.) domestique occupé chez les Romains à friser les cheveux des femmes, & à préparer les cendres qui entroient dans la poudre dont elles se servoient. Il étoit appellé cinerarius, de ces cendres, ou de celles dans lesquelles il faisoit chauffer son fer à friser.

CINERATION, s. f. (Chimie.) réduction du bois ou de toute autre matiere combustible en cendres, par le moyen du feu. Voyez Cendre, Calcination &c. Quelques auteurs se servent du terme cinéfaction. (M)

CINETMIQUE, s. f. la science du mouvement en général, dont la Méchanique n’est qu’une branche.

CINGLAGE ou SINGLAGE, s. m. (Mar.) on entend par ce mot le chemin que fait le vaisseau.

Cingler ou singler, se dit d’un vaisseau qui fait route, & marche sous voiles. (Z)

CINGOLI, (Géog.) ville d’Italie de l’état de l’Eglise dans la Marche d’Ancone, sur le Musone.

CINNABRE, ou CINABRE, s. m. (Hist. nat. Minéralogie & Chimie.) On en distingue de deux especes ; l’un est naturel, & se nomme cinnabaris nativa ; l’autre est artificiel, cinnabaris factitia.

Le cinnabre naturel est un minéral rouge, très-pesant, plus ou moins compact ; il n’affecte point de figure déterminée à l’extérieur ; cependant on le trouve quelquefois sous une forme sphérique ; intérieurement il est ou solide, ou grainelé, ou strié. Sa couleur est plus ou moins vive, à proportion de la quantité des parties terrestres ou hétérogenes avec lesquelles le cinnabre est mêlé ; c’est ce qui fait qu’il y en a d’un rouge très-vif, de pâle, d’un rouge mat comme la brique, & d’un brun pourpre ou rougeâtre comme la pierre hématite.

Le cinnabre naturel est une combinaison faite par la nature, du mercure avec une portion de soufre ; ou c’est une sublimation de ces deux substances opérée par la chaleur du feu soûterrein, qui produit une union si étroite, qu’il faut avoir recours à l’action du feu pour les séparer ; c’est ce qu’on fait en mettant le cinnabre dans une cornue, pour séparer le mercure d’avec son soufre : mais comme ces deux matieres sont volatiles, on est obligé d’y joindre un intermede, sans quoi le soufre se sublimeroit avec le mercure & formeroit un nouveau cinnabre. L’intermede dont on se sert est, ou de la limaille de fer, ou du cuivre, du régule d’antimoine, de la chaux, ou enfin du sel alkali fixe ; l’on a la précaution de bien mêler & de triturer l’une de ces matieres avec le cinnabre avant que de les mettre en distillation. Le cinnabre, quand il est bien pur, contient à de mercure, contre ou de soufre. Il n’est point besoin de récipient dans cette distillation ; il suffit pour recueillir le mercure, que le bec de la cornue trempe dans un vaisseau plein d’eau. Cette opération s’appelle revivification.

M. Henckel dit que les matrices dans lesquelles le cinnabre se forme, sont aussi variées que celles des autres métaux. On en trouve dans le quartz, le spath, le mica, la pierre calcaire, le grès, la mine de fer, la mine de plomb en cubes ou galene, la blende, la