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l’on serre bien fort par le moyen d’une vis que l’on fait descendre perpendiculairement sur le milieu du plateau à force de bras & de leviers. Lorsque l’étoffe est restée un tems suffisant sous la presse, & qu’on en a ôté les cartons ou vélins, l’on y fait quelques points d’aiguille avec de la menue ficelle ou du gros fil pour arrêter le manteau, c’est-à-dire, le côté du chef qui sert comme d’enveloppe ou de couverture à toute la piece pour empêcher qu’elle ne se déplie.

Il faut remarquer que quelques-uns ne se servent point de presse à vis pour catir à froid, se contentant seulement de mettre l’étoffe sur une table solide après l’avoir pliée & cartonnée ; ensuite ils mettent dessus le tout un plateau qu’ils chargent d’un poids plus ou moins fort.

Pour catir à chaud ; quand l’étoffe a reçu toutes ses façons, on la mouille, ce qui s’appelle donner une eau en Languedoc & dans quelques autres provinces ; on l’arrose avec de l’eau un peu gommée que l’on souffle dessus avec la bouche du côté de l’endroit ; ensuite on la plie & on la cartonne comme pour catir à froid ; & de six en six plis, & au-dessus du tout, on met une plaque de fer ou d’airain que l’on a bien fait chauffer dans un fourneau fait exprès : après cette opération, on met l’étoffe sous une presse, & l’on fait descendre dessus avec violence par le moyen d’une longue barre de bois une vis semblable à celle d’un pressoir à vin. On met sous cette presse jusqu’à cinq ou six pieces d’étoffe à la fois toutes cartonnées, & garnies de plaques de fer ou d’airain chaudes. Lorsque ces plaques sont refroidies, on retire les pieces de dessous la presse pour en ôter le carton, les plaques, & les pointer, ce qui se fait de la même maniere qu’en catissant à froid.

Cette derniere maniere de catir les étoffes est tout-à-fait mauvaise & pernicieuse, n’ayant été inventée par les Manufacturiers & ouvriers que pour couvrir les défauts de leurs étoffes, & s’exempter de leur donner tous les lainages & les teintures qui leur seroient nécessaires pour les rendre parfaites & d’une bonne qualité : aussi a-t-elle toujours été défendue par les ordonnances de nos rois.

Celle de Louis XII. donnée à Rouen le 20 Octobre 1508, art. 6. porte que les draps ne seront pressés ni à fer, ni airain.

Celle de Charles IX. donnée aux états d’Orléans en 1560, art. 147, défend de presser à fer d’airain.

Celle de Henry IV. donnée à Fontainebleau le 8 Juin 1601, fait défense de se servir de presse à fer.

Enfin l’arrêt du Conseil d’état du 3 Décembre 1697, sur ce que le reglement général des manufactures du mois d’Août 1669, ne rappelloit pas l’éxécution de ces anciens reglemens, a ordonné qu’ils seroient éxécutés, & fait défense aux manufacturiers, tondeurs, &c. d’avoir chez eux aucunes presses à fer, airain, & à feu, & de s’en servir pour presser aucune étoffe de laine ; & aux marchands de commander & d’exposer en vente aucunes étoffes pressées à chaud, sous les peines portées par ledit arrêt. Voyez l’article Draperie.

L’opération de catir est d’usage chez les Bonnetiers & chez d’autres ouvriers en laine.

Catir, en terme de Doreur, c’est appliquer l’or dans les filets comme ailleurs, au moyen du catissoir qu’on appuie sur du coton ou du linge très-fin. Voyez Catir, & la fig. 12 Pl. du Doreur.

CATISSOIRE, s. f. se dit d’une petite poêle à mettre du feu, qui est à l’usage des Bonnetiers & autres ouvriers en laine, & qui n’a rien de particulier que son nom. Voy. Bonneterie & Draperie.

* CATIUS, ou CAUTUS, (Myth.) dieu qui rendoit les hommes fins & prudens : on l’invoquoit chez les Romains pour en obtenir ces qualités.

CATON-BELLE, (Géog.) riviere d’Afrique dans la basse Ethiopie, au royaume de Benguele, qui prend sa source près du royaume d’Angola.

CATOPTRIQUE, s. f. (Ordre encyclop. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de la Nature. Mathématiques. Mathématiques mixtes. Optique. Catoptrique.) la science de la vision refléchie, ou la partie de l’Optique, qui enseigne les lois que suit la lumiere refléchie par les miroirs. Voy. Miroir & Reflexion ; voyez aussi Vision, Lumiere & Optique : vous trouverez à ces articles les principes & les lois de la Catoptrique. Ce mot vient du Grec κάτοπτρον, speculum ; formé de κατὰ & ὄπτομαι, video, je vois.

La Catoptrique traite non seulement de la réflexion des rayons de lumiere, & des lois que suit cette réflexion ; elle traite aussi des phénomenes qui en résultent par rapport à la vision, & cette partie est extrèmement curieuse. Cependant les principes n’en sont pas encore bien développés, surtout par rapport à ce qui concerne le lieu de l’image, & sa grandeur apparente. Sur quoi voyez l’article Apparent.

Les principaux auteurs qui ont traité de la Catoptrique, sont parmi les anciens, Euclide avant J. C. Alhazen & Vitellion dans le xi. & xii. siecles ; & parmi les modernes, le P. Tacquet, le P. Fabri, dans son livre intitulé Synopsis Optica ; Jacques Gregory, dans son Optica promota, & surtout le célebre Isaac Barrow dans ses Leçons optiques : ce dernier ouvrage est sans contredit le meilleur ; l’auteur semble y avoir démontré les lois de la Catoptrique par des principes plus exacts & plus lumineux que les auteurs qui l’ont précédé ; cependant il ne traite que des propriétés des miroirs sphériques, soit concaves, soit convexes ; & il ne dit rien des miroirs plans. Les propriétés de ces derniers miroirs sont démontrées fort au long dans le I. livre de la Catoptrique du P. Tacquet, imprimé dans le recueil de ses œuvres, in-folio. M. Smith dans son Optique, a aussi traité avec beaucoup d’étendue des lois de la Catoptrique.

Catoptrique se prend aussi adjectivement pour ce qui a rapport à la Catoptrique, ou ce qui s’exécute par des rayons refléchis : ainsi,

Cadran catoptrique, c’est un cadran qui représente les heures par des rayons refléchis. Voyez Cadran.

Télescope catoptrique, c’est un télescope qui représente les objets par reflexion. Voyez l’article Telescope.

Boîte ou caisse catoptrique, est une machine qui représente les petits corps comme très-gros, & ceux qui sont proches comme très-grands, & répandus dans un grand espace. On y voit aussi beaucoup de phénomenes amusans, par le moyen de divers miroirs qui sont disposés suivant les regles de la Catoptrique, dans une espece de caisse.

Il y en a de différentes especes, suivant les différentes intentions de celui qui les construit ; les unes multiplient les objets ; d’autres les rendent difformes ; d’autres les grossissent, &c. Nous allons donner la construction de deux, ce qui suffira pour faire voir comme il faudroit s’y prendre pour en faire une infinité d’autres.

Maniere de faire une caisse catoptrique qui représente les objets en différente situation. Ayez une boîte ou caisse polygone de la figure du prisme multilatere A B C D E F, (Pl. Opt. fig. 19. n°. 1. & 2.) & divisez sa cavité par les plans diagonaux E B, F G, D A, qui se coupent les uns les autres dans l’axe, & forment par-là autant de petites loges triangulaires que le polygone a de côtés. Doublez les plans diagonaux avec